La 50ᵉ cérémonie des César s’est tenue le vendredi 28 février à l’Olympia, la salle mythique de Paris, sous la présidence de l’icône du cinéma français, Catherine Deneuve. Cette édition anniversaire a été marquée par des hommages émouvants, des prises de position politiques et la consécration de talents émergents.
Dès l’ouverture, Catherine Deneuve a dédié la soirée à l’Ukraine, arborant un drapeau ukrainien sur sa veste en signe de solidarité. Le réalisateur franco-grec Konstantinos Gravas, connu sous le pseudonyme de Costa-Gavras, âgé de 92 ans, a reçu un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.
Dans son discours, il a exprimé sa gratitude envers la France, pays d’accueil et d’humanisme : « Je voudrais dire merci à cette France accueillante, cette France humaniste qui refuse toutes les dictatures et toutes les haines », avant de rajouter : « Un groupe cagoulé organisé s’est attaqué à un film qui parlait de la dictature et de ses injustices. C’était à l’image de leur pays. Ils sont tabassés, ces gens-là. La France peut-elle accepter de tels actes qui semblent se préparer ? » s’est-il demandé, allusion à l’agression par des militants d’extrême droite lors de la diffusion d’un film Z de Costa-Gavras dans un centre culturel de travailleurs immigrés turcs, dans le 10e arrondissement de Paris. Cet événement était organisé par l’association antifasciste Young Struggle.
Abou Sangaré : OQTF consacré
L’un des moments forts de la soirée a été la remise du César de la révélation masculine à Abou Sangaré pour son rôle dans L’Histoire de Souleymane de Boris Lojkine. L’acteur a retracé sa souffrance et son parcours de 2017 à 2023 avec des mots forts : « Je n’avais presque plus de vie. Je vivais parmi les gens, mais je ne me considérais pas comme un être humain. »
Né le 7 mai 2001 à Sinko, en Guinée, Sangaré a quitté son pays à 16 ans pour subvenir aux besoins médicaux de sa mère malade.
Après un périple passant par l’Algérie, la Libye et l’Italie, il arrive en France en 2017. Malgré des études réussies en mécanique automobile, il a longtemps vécu sous la menace d’une Obligation de Quitter le Territoire français (OQTF). Sa participation au film, inspiré de sa propre histoire, a mis en lumière sa situation et celle de nombreux sans-papiers en France. En janvier 2025, il a enfin obtenu un titre de séjour d’un an, symbolisant une reconnaissance de son parcours et de son talent.
« Emilia Pérez » triomphe avec sept récompenses.
Le film Emilia Pérez de Jacques Audiard a été le grand vainqueur de la soirée, remportant sept César, dont ceux du Meilleur film et de la Meilleure réalisation. Cette comédie musicale raconte l’histoire d’un chef de cartel mexicain qui change de sexe pour échapper à la justice. Malgré les controverses entourant l’actrice principale, Karla Sofía Gascón, qui a qualifié « l’Islam d’infection pour l’humanité » et a traité George Floyd, un Afro-Américain tué par des policiers, d’escro-toxicomane.
La soirée a également été marquée par la remise d’un César d’honneur à l’actrice américaine Julia Roberts, saluée pour l’ensemble de sa carrière, ainsi qu’un hommage aux personnalités disparues cette année.
Rabah Aït Abache