4 décembre 2024
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Changer de système ? À condition de ne pas déranger les pilotes

Ah, la promesse du changement ! Ce mot magique que l’on agite comme un drapeau lors des élections, une incantation qui, soi-disant, brise les chaînes de l’oppression et transforme la société en une utopie radieuse.

Mais attendre un instant… est-ce que l’on parle vraiment de changer de système ou juste de déplacer quelques fauteuils dans l’avion déjà en vol ? Alerte spoiler : dans la plupart des cas, la réponse est simple : à condition de ne pas déranger les pilotes.

Imaginez-vous dans un avion en plein vol. L’air est vicié, les turbulences secouent tout le monde, mais il y a cette promesse de sécurité – du moins pour ceux qui ont payé un billet de première classe. Vous êtes assis là, les bras croisés, regardant les hôtesses distribuer des sourires factices pendant que, dans le cockpit, les pilotes, eux, naviguent à vue. Mais vous, petit passager, vous vous dites : « Et si on changeait la trajectoire ? »

Erreur fatale. Parce que dans ce vol, changer de système, ce n’est pas juste une question de déplacer les sièges ou de renégocier un meilleur service. Non, le véritable changement exige de secouer sérieusement l’appareil, et ça, mes amis, c’est un coup de trop pour ceux qui contrôlent tout.

Les pilotes – ou devrais-je dire les élites – ne sont pas là pour laisser des passagers comme vous et moi perturber leur précieux vol. Le système fonctionne à plein régime pour eux, pourquoi le changer ? Les sièges sont fermement attachés au sol, les fenêtres teintées pour masquer la vue sur la goulotte inévitable des moteurs, et les repas sont triés en fonction de votre statut dans cette hiérarchie invisible. Ceux qui ont les bons passeports, les bons amis et les bons contacts sont déjà installés dans les meilleurs endroits.

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Alors vous, là-bas au fond, vous vous dites : « Je vais demander un changement ! Je vais secouer le système ! » Laissez-moi vous prévenir. Si vous osez vous lever pour remettre en question l’ordre des choses, vous vous retrouverez rapidement à l’arrière de l’avion, dans les toilettes ou, pire encore, dans la soute. Ce n’est pas qu’on vous éjecte – on ne va pas jusqu’à là, mais on vous fera comprendre que l’avion n’est pas un lieu pour les révolutions spontanées.

Et si vous poussez un peu plus loin, vous pourriez même envisager de sauter, vous vous dites peut-être. Après tout, certains ont parlé de révolutions, de sauts dans l’inconnu, de nouvelles trajectoires. Oui, mais attention : les parachutes sont réservés aux bons passagers, ceux qui ne veulent pas perturber la machine en place. Si vous avez mal calculé votre envolée, vous finirez tout droit dans le néant, sans filet, juste un vol sans retour vers un horizon incertain. Au mieux, vous atterrirez à nouveau dans un autre avion, un peu plus fatigué, mais toujours contrôlé par les mêmes.

En attendant, ceux qui tirent les ficelles de ce vol ne prennent même pas la peine de masquer leur indifférence. Les réformes ? Elles sont là pour déranger, pour donner l’illusion que quelque chose se passe. Un changement de logo, une petite retouche à la cabine, quelques réajustements ici et là. Mais au fond, tout reste essentiellement. Le même système, les mêmes pilotes, le même vol.

Changer de système ? Bien sûr, mais à condition de ne pas déranger les pilotes. Et tant que ces derniers s’assurent que la turbulence reste sous contrôle, tout le monde reste à sa place. Ceux qui oseraient trop perturber les choses, eh bien, ces petits rêveurs, risquent de se retrouver dans les limbes du changement, un peu plus fatigués et résignés.

La vérité, c’est que le changement, dans ce vol-là, c’est une illusion. C’est un rêve vendu par les hôtesses, un mirage pour ceux qui sont assez naïfs pour croire qu’une vraie révolution pourrait sortir du fond de la soute. Mais en réalité, rien n’a changé. Et tout, surtout la trajectoire, reste entre les mains des pilotes.

Alors voilà, chers passagers : à moins d’être prêts à remettre en question l’avion tout entier, le système reste là, intact, flottant dans les airs, avec ses élites bien installées et ses turbulences pour les autres. Mais bon, si vous êtes chanceux, vous pourriez peut-être obtenir un petit coussin supplémentaire pour vos rêves de changement.

Au final, changer de système dans ce vol chaotique semble une mission impossible, un mirage brillant suspendu dans les airs mais hors de portée. Le système, comme l’avion, est conçu pour fonctionner à plein régime, où les sièges sont fermement attachés à l’ordre établi et où les turbulences sont toujours maîtrisées par ceux qui détiennent les commandes. Les promesses de changement ne sont que des ajustements cosmétiques, des réarrangements qui ne modifient en rien la trajectoire.

À moins d’être prêt à ébranler le fondement même de l’appareil, à remettre en question la machine toute entière, toute tentative de révolte semble vouée à l’échec. Le véritable pouvoir ne réside pas dans la capacité à changer de fauteuil, mais dans la gestion des attentes, dans l’art de faire croire que le contrôle peut être partagé. Alors, à moins que l’on ne veuille accepter de rester pris dans ce vol sans fin, il nous faudra un courage monumental pour briser l’illusion du changement et, peut-être, oser changer de trajectoire. Mais, comme toujours, les pilotes restent bien installés dans leur cockpit, et nous, nous restons là, confinés dans nos sièges, rêvant d’un avenir plus juste… mais sans véritable moyen de le rejoindre.

En fin de compte, ce qui semble être le plus impensable dans ce système n’est pas de vouloir le changer, mais d’oser remettre en question ce qui semble inaltérable. Nous avons tellement accepté l’idée que les choses doivent rester ainsi, que l’idée même d’un véritable changement devient une abstraction. Mais un changement réel, un bouleversement authentique, ne se limite pas à ajuster les sièges ou à réarranger les éléments superficiels. Il nécessite une remise en question fondamentale de la machine elle-même, un courage pour affronter l’impensable : l’idée que tout pourrait réellement être différente.

Car tant que nous continuons à accepter cette trajectoire imposée, cette illusion de mouvement, le système reste en place, solide et implacable. Et dans cet avion en plein vol, ceux qui détiennent les commandes sauront toujours comment maintenir leur pouvoir. Alors, tant que le changement reste perçu comme un simple ajustement, tout restera.

Le véritable défi réside dans le courage de briser l’impensable, de repenser ce qui semble intangible, et d’oser imaginer un monde où ce système ne serait plus qu’un mauvais souvenir.

Dr A. Boumezrag

2 Commentaires

  1. Des Âniers (avec tout le respect à l’âne), cher monsieur ! Avion, pilote… vocabulaire de l’ailleurs bien heureux ! Les gars sont encore à l’état primaire! Tout est instinctif chez eux. La main étrangère, le peuple, la démocratie populaire formule d’ubiquité. Démocratie à l’occidentale et populaire à la chinoise. Quand on a le derrière sur deux chaises, on finit par se déchirer les fesses ! De Ben Bella l’amoureux éconduit de la sœur de Nasser, à Boumediene le schizophrène, en passant par Chadli (qui a toujours parlé « en connaissance de cause », mais sans jamais avoir compris grand chose), et le Kafi qui se prenait pour un révolutionnaire à l’hôtel eldjazair, et tutti quanti, surtout les actuels ! Se sont des obscénités de l’histoire, une honte pour l’espèce humaine!

  2. L’article que j’ai bu pardon que j’ai lu m’a rassasié. Enfin nous retrouvons les articles qui nous font plaisir à lire.Merci pour le style…je m’y retrouve.Merci

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