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Chômage en Algérie : quand le discours officiel verse dans le « mentir vrai »

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En déclarant qu’ »il n’existe presque pas de chômage en Algérie », le ministre du Travail, Abdelhak Saihi, a relancé le débat sur la crédibilité des indicateurs publics. Cette saillie renseigne sur les acrobaties verbales et les enfumages dont use le régime pour mentir à la population.

Soyons concis. Si certains chiffres montrent une amélioration réelle, la lecture qu’en fait le gouvernement reste partielle et contraste avec les données consolidées de l’ONS.

Un optimisme ministériel fondé sur une vérité incomplète

Lors d’une conférence consacrée à la prime de chômage, Abdelhak Saihi a mis en avant l’effort budgétaire important consacré au dispositif : plus de 400 milliards de dinars par an, pour 1,9 million de bénéficiaires, majoritairement des femmes et des personnes non qualifiées.

Il a également souligné la création de 1,8 million d’emplois depuis 2020, ainsi que la montée en puissance du secteur privé, qui assure près de 48 % des opportunités d’embauche.

Pris isolément, ces éléments traduisent un volontarisme réel. Mais ils ne suffisent pas à soutenir l’idée que le chômage serait devenu résiduel.

Les chiffres révisés de l’ONS offrent une image plus nuancée

L’Office national des statistiques a récemment révisé les résultats de son enquête d’octobre 2024. Le taux de chômage national est désormais fixé à 9,7 %, contre une estimation initiale de 12,7 %.

L’ONS explique cette rectification par des ajustements méthodologiques et par l’intégration de créations d’emplois non prises en compte lors du premier sondage.

Malgré cette révision à la baisse, le chômage reste bien réel : près de 1,76 million de personnes étaient en recherche d’emploi selon l’estimation initiale, 450 000 emplois ont été créés en 2024, le taux d’activité demeure faible (41,7 % de la population de 15 ans et plus), avec de forts écarts entre hommes (63,9 %) et femmes (19,2 %).

Les diplômés toujours en première ligne

Le chômage touche particulièrement les titulaires de diplômes : 19 % de chômage pour les diplômés universitaires, ils représentent 31,4 % de la population au chômage, avec les diplômés de la formation professionnelle, ils constituent près de 57 % de l’ensemble des chômeurs.

Ces données, plus structurelles, contredisent l’idée d’un chômage marginal ou maîtrisé.

Un “mentir-vrai” qui alimente la controverse publique

La réaction immédiate sur les réseaux sociaux traduit une incompréhension face à l’écart entre la déclaration du ministre et les indicateurs disponibles.

Le “mentir-vrai” se joue ici dans la manière de s’appuyer sur des éléments factuels — effort financier, créations d’emplois — pour produire un récit globalement plus positif que la réalité mesurée.

L’écart entre communication institutionnelle et vécu social devient ainsi visible.

# Une question de crédibilité pour les politiques de l’emploi

La polémique met en lumière une difficulté persistante du gouvernement : proposer un discours cohérent sur l’état de l’emploi sans minimiser les fragilités structurelles du marché du travail.

Dans un pays où le taux d’activité reste faible et où les diplômés peinent à intégrer le marché du travail, la maîtrise du récit ne peut se substituer à une vision complète des défis.

La bataille pour l’emploi reste pleinement ouverte — et elle exige davantage de transparence que d’affirmations symboliques.

Samia Naït Iqbal

#Lien pour suivre le discours du ministre du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale, Abdelhak Saihi

https://www.facebook.com/share/v/1FzCUR8nqT

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