Les deux écoles Lamoricière du XIIe arrondissement de Paris vont changer de nom, rapporte le quotidien français Le Parisien dans son édition du 31 mars 2025.
Cette décision, prise à la suite d’une concertation avec les élèves, marque une sanction symbolique post-mortem contre le général de l’armée française Louis Juchault de Lamoricière (1806-1865), connu pour sa participation brutale à la colonisation de l’Algérie, précise Marion Sillion, auteur de l’article du quotidien Le Parisien.
En pleine crise diplomatique entre la France et l’Algérie, ce changement de dénomination intervient alors que les tensions autour de la mémoire coloniale sont vives. La mairie du XIIe arrondissement a justifié cette décision en pointant les actes de violence perpétrés par Lamoricière contre les populations civiles algériennes lors de la conquête française au XIXe siècle.
Un général accusé de crimes de guerre
Homme politique et militaire, Lamoricière a laissé une empreinte controversée dans l’histoire coloniale française. « Son rôle dans la conquête de l’Algérie a été marqué par des pratiques extrêmement brutales, y compris sur la population civile », explique la mairie d’arrondissement, qui remettait en question depuis plusieurs années la présence de son nom sur des bâtiments scolaires.
L’historien et journaliste Jean-Michel Aphatie, qui plaide depuis des années pour un travail de mémoire sur la colonisation française, a souligné le caractère tardif mais nécessaire de cette décision. Il a récemment relayé des études universitaires décrivant Lamoricière comme l’un des militaires les plus inhumains de la conquête coloniale.
Un contexte diplomatique tendu
La décision de rebaptiser ces écoles intervient dans un climat de tensions renouvelées entre la France et l’Algérie sur les questions mémorielles et historiques.
Alger continue de revendiquer une reconnaissance officielle des crimes commis par la France durant la colonisation, tandis que Paris oscille entre volonté d’apaisement et crispations politiques internes sur ce passé douloureux.
Récemment, la Chambre basse du Parlement algérien s’est activée à relancer le projet de loi criminalisant la colonisation française de l’Algérie, élaboré sous la présidence du défunt Abdelaziz Bouteflika. Cependant, cette loi ne sera jamais promulguée faute de l’aval de l’exécutif.
Ce changement de nom, loin d’être anodin, s’inscrit dans une dynamique plus large de remise en cause des figures militaires controversées de l’histoire coloniale française. Il résonne avec d’autres initiatives en France et ailleurs visant à débaptiser des lieux publics portant le nom de personnalités associées à des actes de violence et d’oppression.
D’ici la fin de l’année scolaire, un nouveau nom sera attribué aux deux écoles, un choix qui, selon la mairie, « fera écho à des valeurs de paix et de respect de l’Histoire ».
Samia Naït Iqbal