La réunion du Conseil des ministres présidée, dimanche 14 décembre, par le chef de l’État a entériné plusieurs décisions à caractère social et économique.
Toutefois, au-delà des annonces, l’analyse des mesures adoptées montre une action gouvernementale principalement orientée vers des ajustements à court terme, plutôt que vers des réformes structurelles susceptibles de répondre durablement aux déséquilibres économiques et sociaux. Autrement dit, des mesures à courte vue, du colmatage de brèches. Sans vision macro-économique.
L’augmentation différenciée des pensions de retraite, avec un effort ciblé en direction des revenus les plus faibles, répond à une préoccupation sociale immédiate. Elle s’apparente toutefois davantage à une mesure de compensation face à la baisse du pouvoir d’achat qu’à une réforme structurelle du système de retraite.
L’objectif d’un rapprochement progressif des petites pensions avec le salaire national minimum garanti repose sur des revalorisations successives, sans indication précise quant à leur viabilité financière à moyen terme. En l’absence d’un débat public sur le financement du régime et sur les évolutions démographiques, cette politique demeure tributaire d’arbitrages ponctuels et des contraintes budgétaires.
La création de nouvelles wilayas déléguées s’inscrit dans un processus engagé depuis plusieurs années. Toutefois, l’expérience montre que l’élargissement du maillage administratif ne suffit pas, à lui seul, à améliorer la gouvernance locale.
Sans transfert effectif de compétences, de ressources financières et de capacités décisionnelles, le risque persiste de voir se maintenir les mêmes dysfonctionnements, à un niveau territorial différent. La décentralisation demeure ainsi principalement administrative, avec un impact limité sur les plans politique et économique.
La stratégie nationale de développement du commerce électronique traduit une reconnaissance croissante de l’importance de la numérisation des échanges. Du moins dans les discours et les papiers. Le discours officiel met en avant la sécurité, la transparence et la confiance, des principes largement partagés. Mais qu’en est-il réellement ?
Cependant, le faible niveau de bancarisation, la prédominance des transactions en espèces, les insuffisances logistiques et l’instabilité du cadre réglementaire continuent de freiner l’essor effectif du secteur. Le système bancaire algérien est l’un des plus archaïques de la région. En l’absence de réformes plus larges touchant aux systèmes de paiement, à la fiscalité et à la protection du consommateur, cette stratégie pourrait peiner à produire des résultats tangibles.
Les directives présidentielles relatives à l’interdiction des démolitions de logements illégaux durant la période hivernale traduisent une volonté de régulation face à certaines pratiques locales. Si cette orientation répond à des considérations juridiques et sociales, elle met également en lumière les limites des mécanismes institutionnels existants. Voire le cafouillage dans les décisions.
Le recours à des instructions directes au plus haut niveau souligne la persistance d’une centralisation de la décision publique, au détriment de dispositifs durables de contrôle et de régulation au niveau local. Cela montre aussi l’absence de toute stratégie économique. En clair, on est dans la gouvernance à la petite semaine.
Les orientations visant à protéger les agriculteurs contre les pertes et les pratiques spéculatives s’attaquent à des difficultés récurrentes, sans en traiter les causes profondes. Les insuffisances en matière de stockage, de transformation et d’organisation des marchés continuent de peser sur le secteur.
La rédaction

