Samedi 6 juillet 2019
Conte de chez nous : « Amacahu », de Lounis Aït-Menguellet
Lieu façonné en geôle aux barres d’acier
Portes sur nous bien verrouillées
À nos plaintes égosillées
Ils menacent à haute voix
« Fermez-là tant que nous sommes là »
Conte de chez nous…
Épée sur gorge posée
Gosier ne crachera-t-il que Vérité
Conte de chez nous…
De celui qui a sacrifié sa Vie
Sans que pourquoi nul ne s’enquît
Ils se sont vendus,
Ceux en qui hier avions cru
De tout temps on avisait
D’une vie vécue sous quelque pied
Pour que se venge le dernier rescapé
Que n’ont-ils pas éructé
Même le sentier qu’ils ont tracé
Allez en deviner issues et allées
Rassemblés in fine se sont concertés
Sur nos destins ils se sont entendu
De leurs secrets n’avons rien su
Conte de chez nous…
De turbans ils couvrent nos yeux
Devisant que c’est voir au mieux
Conte de chez nous …
Nous ne discernons que ce qu’ils disent
N’allons que là où ils nous conduisent
Un jour qui sait
Seule l’union s’enquerra (*)
De tout temps on avisait
D’une vie vécue sous quelque pied
Pour que se venge le dernier rescapé
Maintenant nous avons atteint le fond
De moult illusions nous nous gavons
Nous émerveillant d’un simple renom
À quoi ressemblait-il avant
On le surnommait fils de lion
Nul n’osait en braver le talon
Conte de chez nous…
Quand d’écho s’épandit le Djurdjura
À ses fils parvint vaillance et Aura
Conte de chez nous…
De leurs poitrines la mort ils affrontèrent
De leur dessein l’ennemi ils déroutèrent
Quant à l’issue fatale
Quel en sera le sacrifice final
De tout temps on avisait
D’une vie vécue sous quelque pied
Pour que se venge le dernier rescapé
Traduction de Kacem Madani
(*) Le « khawa-khawa » 2019, version Aït Menguellet 1983.
À écouter, l’œil rivé sur la translation, l’émotion calée sur le verbe enchantant.