dimanche, 26 octobre 2025
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Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara, un 4e mandat sans rival et des voix qui s’élèvent à l’étranger

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À 83 ans, le président ivoirien Alassane Ouattara s’avance vers un quatrième mandat comme vers une formalité.

Le scrutin du 25 octobre se déroule dans un climat d’apparente ferveur populaire mais sans véritable compétition politique : les principales figures de l’opposition ont été écartées, neutralisées ou disqualifiées, laissant le champ libre à un chef d’État tout-puissant qui semble désormais seul en scène.

Dans un stade Félix-Houphouët-Boigny transformé en meeting géant, des milliers de jeunes en tee-shirts orange scandent « ADO ! ». Le président, chapeau sur la tête, salue la foule depuis sa voiture. La mise en scène est rodée : le pouvoir se confond avec sa personne. « Il a construit des hôpitaux, des universités, des routes, la Côte d’Ivoire est belle ! », lance une jeune admiratrice, avant qu’une autre ne s’exclame : « Il n’a qu’à mourir au pouvoir ! ». La ferveur se mêle à la résignation.

Un pouvoir verrouillé

Depuis son retour au pouvoir en 2011 après la chute de Laurent Gbagbo, Ouattara a consolidé son autorité en s’appuyant sur un appareil d’État étroitement contrôlé. Les alliances héritées du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) se sont muées en une structure présidentielle quasi unique. La justice électorale a invalidé les candidatures de plusieurs figures majeures, dont celles de l’ancien Premier ministre Guillaume Soro et de l’ex-président Henri Konan Bédié.

Résultat : le scrutin présidentiel ne présente plus de véritable enjeu politique. Les institutions, largement inféodées au pouvoir, valident la continuité au nom de la stabilité. Le pays, vitrine économique de l’Afrique de l’Ouest francophone, affiche un taux de croissance envié, mais une démocratie épuisée.

La mobilisation ivoirienne à Marseille

Ce matin, à 12h00, un groupe de femmes s’est rassemblé à la sortie du métro Désiré-Clary à Marseille. Brandissant des drapeaux ivoiriens et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « Non au quatrième mandat » et « Nous exigeons le départ d’Alassane Dramane Ouattara », elles ont manifesté leur opposition au scrutin en cours. Sur place, il était immédiatement clair que la présidentielle ivoirienne mobilise aussi les diasporas : ces militantes dénoncent un régime jugé autoritaire et rappellent que la voix de l’opposition ivoirienne continue de se faire entendre, même à des milliers de kilomètres de la capitale économique.

Une démocratie sous perfusion

Officiellement, tout va bien. Les grands bailleurs saluent la « bonne gouvernance » et la stabilité. Mais derrière les chiffres de la Banque mondiale se cache une démocratie de façade. Les libertés publiques se restreignent, les médias indépendants se raréfient et l’opposition, réduite à commenter depuis l’étranger, peine à exister. À Abidjan, certains observateurs évoquent un pays « fatigué du politique », où l’on préfère la paix à la parole. Les jeunes, nombreux à rêver d’Europe ou d’un avenir hors du pays, ne croient plus à l’alternance.

Le 25 octobre, Ouattara devrait donc l’emporter haut la main, confirmant la dérive d’une démocratie confisquée. Une victoire sans surprise, mais aussi sans éclat : celle d’un homme seul, au sommet d’un pouvoir qui n’admet plus de contrepoids, alors que la contestation commence à se faire entendre jusque dans la diaspora.

Mourad Benyahia 

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