Samedi 18 avril 2020
Covid-19 : le chef traditionnel Ousmane Amirou Dicko appelle à une « trêve » au Sahel
Important chef traditionnel sahélien, Ousmane Amirou Dicko, émir du royaume de Liptako, à cheval entre le Burkina, le Mali et le Niger, a appelé samedi à une trêve humanitaire pour éviter la propagation du coronavirus dans une région en proie aux violences jihadistes et intercommunautaires.
La violence mine la région du Sahel depuis de nombreuses années. L’arrivée de la pandémie du coronavirus ne vas pas aranger les choses. D’où cet appel d’un chef traditionnel respecté. « J’exhorte toutes les bonnes volontés à répondre à +l’Appel du Liptako+ pour que cessent les hostilités dans la zone des trois frontières (Burkina, Mali, Niger) et qu’un front uni soit opposé au fléau qui nous assaille de toute part », a écrit l’émir dans un texte, « l’Appel du Liptako » transmis à l’AFP samedi. « Liptako désigne une région +qui ne se laissera pas terrasser+. Nous devons honorer cette réputation pour vaincre le virus et faire taire les armes. Plus que jamais le Liptako-Gourma a besoin de paix et de concorde sociale », a ajouté l’émir, qui affirme soutenir « l’appel du secrétaire général des Nations unies à une trêve humanitaire ». « Alors que la pandémie progresse, toutes les énergies disponibles doivent s’unir pour combattre ce fléau », a-t-il insisté.
Le Burkina, le Mali et le Niger sont encore relativement peu touchés par le virus. Le Burkina compte 557 cas et 35 décès ; le Niger 627 cas et 32 décès ; le Mali 171 cas et 13 décès. L’ensemble du Sahel est touché par les violences jihadistes, souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires. Ces violences ont fait 4.000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso en 2019, selon l’ONU. Ces trois pays comptent aussi de nombreux camps de déplacés et réfugiés fuyant les violences, qui rassemblent plus d’un million de personnes vivant souvent dans la promiscuité.