Il y a des livres qui sont difficiles à lire tant ils portent la plume là où ça fait mal, heurtent notre naïveté et sa fibre sensible. Époustouflant.
Je viens de lire « Crime d’État » écrit par Farid Alilat… il me laisse sans voix…pas tant sur toutes sortes de révélations concernant la maffia des frontières mais sur le fait que Krim Belkacem en personne a bel et bien participé à l’élimination de Abane Ramdane ! ?
Décidément, c’était mal parti bien avant 1962, et nous continuons à en payer les pots cassés.
Je comprends mieux l’adage du terroir : « khelli bir b’eghtah », « touche pas au couvercle de la marmite », car le fond de la marmite recèle des secrets qu’il est très difficile d’ingurgiter sans se risquer à une fausse route alimentaire …
J’avoue que mon incurie en histoire m’a fait relire le passage suivant x fois pour me convaincre du fait que je lisais bien un récit historique et non une fable sortie d’un conte à ne pas lire aux enfants.
« Abane Ramdane, premier crime d’État
Dans l’avion qui vole vers le Maroc, Abane cogite. Il se tourne vers Krim et lui glisse : « Je sens un sale coup qui vient, mais tu le regretteras… »
L’appareil transportant les trois hommes atterrit sur le tarmac de l’aéroport de Tétouan. Il reste moins d’une heure à vivre à Abane. Sur place, Boussouf est accompagné de Abdelkader Maachou, responsable du Maroc oriental, ainsi que de deux malabars. Tandis que les trois passagers attendent leurs bagages, Boussouf entraîne Krim par le bras pour lui annoncer d’un ton ferme : « Il n’y a pas de prison assez sûre pour garder Abane. J’ai décidé sa liquidation. » Alors que les bagages ne sont pas encore livrés, Abane ne remarque pas le manège autour de lui. Krim, Chérif et Boussouf échangent des propos mezza voce. Boussouf fait mine de les fouiller pour confisquer leurs armes. Abane n’en porte pas.

Boussouf est agité, surexcité. Il sait qu’il reste moins d’une heure pour exécuter Abane Ramdane. Il a déjà désigné les tueurs, des hommes à lui qu’il a choisis dans le camp de Khémisset, dans la région de Rabat.
À l’extérieur de l’aéroport, deux Simca Versailles bleues attendent. Abane monte dans la première voiture, encadré par les deux malabars de Boussouf, tandis que Mahmoud Chérif monte à l’avant. Dans le second véhicule prennent place Krim, Boussouf et Maachou.
Le convoi prend la route en direction de la ferme de Tétouan. Après avoir roulé longuement, les deux véhicules pénètrent dans cette ferme isolée et s’arrêtent devant une bâtisse avec un étage. Toujours encadré de ses gardiens, Abane est dirigé vers l’intérieur de la bâtisse où se trouvent déjà quatre hommes armés.
À peine est-il arrivé devant eux que les quatre hommes lui sautent dessus, le ceinturent avant de le conduire dans une pièce. Krim et Mahmoud Chérif regardent sans broncher Abane disparaître dans cette chambre. À l’intérieur, Abane a les mains attachées derrière le dos avec une grosse ceinture.
On tente de lui mettre un bâillon dans la bouche. Boussouf le prend par la gorge et l’injurie. Abane s’agite, mais n’y peut rien devant la force de ces hommes. Boussouf ordonne à ses sicaires d’entraîner Abane dans une autre pièce et de l’attacher à une chaise tandis que lui monte au premier étage pour rejoindre Krim et Mahmoud Chérif. S’ensuit une discussion entre les trois hommes. Le conciliabule dure quelques minutes. « Abane y passera et bien d’autres y passeront », avertit Boussouf. Son sort est définitivement scellé. Ils redescendent au rez-de-chaussée.
Dans l’autre pièce, Abane Ramdane est sur une chaise. Deux hommes se saisissent d’une ceinture et l’étranglent, chacun tirant d’un côté. Boussouf se joint à eux pour participer à la mise à mort du supplicié. Abane émet des râles, gesticule des pieds, les yeux exorbités, le visage tournant au bleu. Et puis son corps lâche prise. Il est mort. Les yeux injectés de sang, le souffle rauque, la tête d’un monstre, Boussouf sort de la pièce pour rejoindre Krim et Mahmoud Chérif avant de les inviter à aller constater la mort de Abane Ramdane qui gît sur un lit.
La ceinture autour du cou. Qui sont les deux hommes qui ont accompli la sale besogne en compagnie de leur chef ? Le premier s’appelle Mohammed Abdelli, dit Hamid, déserteur de l’armée française qui a été récupéré par Boussouf pour en faire un de ses hommes de main. À l’indépendance de l’Algérie, Abdelli sera élevé au grade de colonel et dirigera l’aviation militaire. Le second étrangleur est Mohamed Rouaï, alias Toufik, dit Hadj Barigou, bras droit de Boussouf au Maroc et plus tard un des maillons forts du MALG (ministère de l’Armement et des Liaisons générales).
Alors que la dépouille de Abane est ensevelie dans un coin de la cour de cette ferme, Krim Belkacem, Mahmoud Chérif et Boussouf déjeunent ensemble avant de prendre la route vers Tanger pour y passer la nuit. »
Finalement, on a beau cogiter la chose dans tous les sens, le crime est l’étendard de toute révolution. Nos beaux discours humanistes n’y changeront rien !
Le clanisme au sommet ne date pas d’hier… les voyous ont gangrené la révolution dès le départ…
Cela dit, « Un crime d’État, règlements de comptes au cœur du pouvoir algérien » se lit comme un roman et se déguste sans modération !
Kacem Madani
« Un crime d’Etat, règlements de comptes au cœur du pouvoir algérien », de Farid Alilat, éditions Plon
C’était plutôt la guerre de 14 siècle dans la guerre de sept ans. Tariq ben Ziyat a eu, semble-t-il, la même fin.
Akken i tenɣiḍ ar d ad temmteḍ!
Awal ǧǧan-t-id yimezwura. Si zik n zik akka : tamgerṭ tessawal i temgerṭ.
Qaṛen daɣen : Aqvayli m’id-ivan, ad t-yekkes uqvayli.
Ala Sidi Aqvaylit i-gzemren ad yekkes Aqvayli.
Enfin! Le verre était dans le fruit dès le départ. Tout a été mis en place, pendant la guerre de 1954-1962, pour :
1 – Faire de la future Algérie une terre arabo-musulmane.
2 – Faire de la future Algérie une République Socialiste.
Ensuite le tandem Boussouf-Boumédienne a mis en œuvre sa machine d’élimination, en procédant méthodiquement : c’est-à-dire, en isolant les personnalités forte, qui leur faisaient peur, avant de les liquider.
Et en 2025, on en est toujours à ce point. on est toujours gouvernés par des assassins maffieux qui ont tout volé, tout falsifié, tout corrompu. Et on les voit joindre les paumes de leur mains et prier Allah pour qu’Il maintienne les yeux du pauvre peuple fermés.
Aaaaaaamiiiiin!
Rien de nouveau. Cela avait déjà été rapporté par Yves Courrière dans presque les mêmes termes.
Et depuis, rien n’a changé le pays est toujours entre les mains d’une vouyoucratie.
Des bandits qui ont pris un pays et un peuple en otage depuis 1962.