Mercredi 14 juillet 2021
Crimes et châtiments en Algérie : argent facile et poche trouée !
L’Algérie n’échappe pas au cours de l’histoire. Avec son immense ciel bleu et ses espaces désertiques infinis, elle était méconnue jusqu’à ce surgissent de ce sable stérile le pétrole en 1956.
Il va être le pot de miel de l’Algérie indépendante. Il est intarissable, du moins pour la génération de novembre 54 en voie d’extinction. Les générations de l’indépendance n’ayant pas participé à la guerre de libération nationale n’auront pas droit. Elles sont exclues du partage du butin de guerre. Dans l’Algérie indépendante, il n’y pas de bâtisseurs, il n’y a que des guerriers.
« Détruire un pont, quoi de plus facile pour un maquisard, le reconstruire réclame du génie et du labeur. La ruse supplée à l’intelligence en temps de guerre mais s’avère un obstacle en temps de paix. Au lieu d’en faire un levier de développement économique, la rente sera un instrument de pouvoir redoutable et un facteur de régression économique et social manifeste.
Que de barrages envasés remplis à la faveur des dernières pluies, que de réserves devises engrangées sans changement d’économie politique, que de potentialités mises en jachère, en rebut ou poussées vers l’exil, pour une population majoritairement jeune maladroitement formée en quête d’un emploi productif dans un pays mal aimé qui marche sur sa tête et réfléchit avec ses pieds, un œil dirigé vers la Mecque et l’autre rivé sur Washington, se retrouvant en fin de parcours à Paris à la recherche d’un second souffle. Nostalgie d’un passé encore présent dans les esprits des deux côtés de la Méditerranée.
D’une colonisation jadis « au menu » jugée coûteuse à une occupation aujourd’hui « à la carte » car profitable, le passage est vite assuré à la faveur d’une mondialisation débridée sous la houlette des Etats Unis d’Amérique talonnés de près par l’Europe. Une société qui ne se pense pas est une société qui se meurt lentement mais sûrement. La vie d’une nation cesse, dit-on, quand les rêves se transforment en regrets. En 1962, L’Algérie avait des rêves mais n’avait pas de moyens, cinquante ans après, elle a les moyens mais n’a plus de rêves. Un espoir cependant, la jeunesse a des rêves. Elle ne rêve pas de châteaux en Espagne, ni de comptes offshore mais de liberté et de justice. Chapeau bas.
Age tendre et tête de bois
L’Algérie, une grande comédie dans un théâtre à ciel ouvert où les rôles sont distribués d’avance. Le spectacle est terminé, les rideaux sont levés, les masques tombent. Elle découvre que les diplômes de l’Etat ne débouchent pas sur des emplois productifs, que le travail de la terre a été enterré, que les usines sont transformées en bazars, que le pays n’est pas gouverné, que nous vivons exclusivement de l’argent du pétrole et du gaz Aujourd’hui, qu’il est rattrapé par la réalité, l’algérien veut d’une part être rétribué par l’Etat pour son allégeance au système et d’autre part être rémunéré par la société pour le service qui lui rend. Le problème est que l’Etat n’a plus les moyens d’acheter la paix sociale et la population ne peut s’en passer des revenus pétroliers.
Aujourd’hui, l’Etat et la société se retrouvent le dos au mur. Un Etat virtuel face à une société réelle.
Là où il y a le feu, il n’y a pas d’eau et là où il y a de l’eau, il n’y pas de feu. L’eau et le feu ne font pas bon ménage. On ne joue pas avec le feu, on risque de se brûler. Le feu prend de toute part et l’eau se raréfie ? L’argent du pétrole s’est substitué à la providence divine Il a obtenu la soumission de la population et le soutien des puissances étrangères. Il est devenu incontournable. Il a dilué l’islamisme dans un baril de 150 dollars. Il a calmé les jeunes contaminés par le printemps arabe. Il est à l’origine de toutes les fortunes acquises en dinars et en devises. Il interdit aux gens de travailler sérieusement, d’investir de façon rationnelle ou de produire des biens et services en dehors des sphères que contrôle l’Etat.
«Qui réunit l’eau et le feu, perd l’un des deux » L’argent ou le pouvoir ? De quelle légitimité peuvent se prévaloir les fortunes privées en dehors de l’argent du pétrole ? Que vaut la probité d’une élite qui a bâti son pouvoir sur la corruption généralisée de la société ? Un pouvoir que l’élite s’acquiert sur un peuple au moyen de sa dégradation morale. C’est bien la décadence des mœurs qui fait le lit des régimes autoritaires en terre d’islam sous les quolibets des « gardiens du temple ».
Au nom du développement économique, et de la paix sociale, les gouvernements successifs ont dilapidé en toute légalité et en toute impunité les ressources pétrolières et gazières dans le but de se perpétuer au pouvoir. Mais à quel prix ? Au prix de l’assèchement des puits. Tant pis pour les générations futures, elles n’ont pas participé à la guerre de libération nationale.
L’Etat ce n’est pas une météorite tombé du ciel pour faire le bonheur des hommes sur terre. C’est une invention des hommes, des hommes éclairés, faisant de l’Etat de droit un substitut à l’autorité de l’église. L’argent du pétrole s’est substitué à la providence divine Il a obtenu la soumission de la population et le soutien des puissances étrangères.
Il est devenu incontournable. Il a dilué l’islamisme dans un baril de 150 dollars. Il a calme les jeunes contaminés par le printemps arabe. Il est à l’origine de toutes les fortunes acquises en dinars et en devises. Il interdit aux gens de travailler sérieusement, d’investir de façon rationnelle ou de produire des biens et services en dehors des sphères que contrôle l’Etat. Bref, il fait de la politique, de l’économie et de la diplomatie Entre le pétrodollar et le narcodollar, le dénominateur commun est le dollar. Il corrompt tout le monde. Nous sommes tous drogués.
Elle est dans la farine, dans la poudre de lait dans la viande, dans les médicaments. Elle est dans tout ce que le gouvernement importe et que nous consommons sans sourciller. Déçu par tant de forfaitures et de lâcheté, un jeune poète inconnu, aurait lâché ce cri de désespoir au peuple algérien : « pleure comme une femme, un pays que tu n’as pas su bâtir comme un homme ».