Sortie inédite du patron des renseignements extérieurs algérien, Rochdi Fethi Moussaoui. Objectif : comment répliquer aux cyberattaques et aux fake-news.
À l’ouverture de l’atelier régional du bureau Afrique du Nord du CISSA (Comité des services de renseignement et de sécurité africains), organisé dimanche au Centre international de conférences Abdelatif Rahal à Alger, le Directeur général de la Documentation et de la Sécurité Extérieure (DGDSE), le général-major Rochdi Fethi Moussaoui, a lancé un avertissement solennel : la désinformation et les fausses nouvelles constituent désormais une menace stratégique de premier ordre pour la stabilité du continent africain.
Une lutte existentielle contre la désinformation
Dans son allocution d’ouverture, le général-major Moussaoui a affirmé que la guerre contre la désinformation ne relève plus uniquement du domaine médiatique. Elle s’inscrit désormais comme un combat fondamental pour la préservation de la souveraineté nationale et la cohésion des États. Il a souligné que l’Algérie, fidèle à ses engagements africains, se positionne en première ligne dans cette lutte multiforme qui cible l’unité, la stabilité et les institutions des pays du continent.
Le haut responsable du renseignement extérieur a salué cette initiative collective, qu’il considère comme un jalon important dans la construction d’une réponse africaine coordonnée aux défis sécuritaires transfrontaliers.
L’information numérique : une arme non conventionnelle
Le général-major Moussaoui a mis en exergue la mutation profonde du paysage médiatique mondial, où l’information numérique devient un instrument de guerre à part entière. Il y a une réalité mondiale qui n’est donc pas propre à l’Algérie. L’essor des technologies de l’information a permis à des acteurs malveillants d’exploiter les réseaux sociaux et les plateformes numériques pour diffuser des contenus trompeurs, manipuler l’opinion publique, affaiblir la confiance des citoyens envers leurs institutions et porter atteinte à la sécurité des États.
Selon le patron du renseignement extérieur, cette nouvelle forme de guerre hybride rivalise avec les conflits traditionnels par son impact, notamment dans des sociétés où des millions d’internautes, peu familiarisés avec les règles professionnelles de l’information, deviennent des cibles vulnérables aux campagnes de manipulation.
Dans cette optique, il a insisté sur l’urgence de développer une conscience médiatique et juridique chez les citoyens, à travers des campagnes d’éducation et de sensibilisation, tout en appelant à une coopération étroite avec les médias et les plateformes numériques pour mettre en place des mécanismes efficaces de vérification, d’alerte et de contre-propagande.
Fort de son passé de résistance à la guerre psychologique et à la propagande coloniale, le responsable du renseignement a affirmé que l’Algérie dispose d’une solide immunité nationale face aux offensives informationnelles. Il a salué le rôle central joué par l’Armée nationale populaire (ANP), digne héritière de l’Armée de libération nationale (ALN), dans la protection du front intérieur contre les nouvelles formes de menaces, notamment la cyberguerre et les campagnes médiatiques hostiles.
Il a également mis en garde contre la vulnérabilité de l’Afrique du Nord et du continent africain face à ces attaques organisées, qui visent à déstabiliser les pays en semant la confusion et le chaos. Il a appelé à un front médiatique africain uni, capable de défendre les intérêts stratégiques du continent et de soutenir les causes justes, à l’image des luttes du peuple palestinien et sahraoui.
Vers une riposte continentale coordonnée
En conclusion, le général-major Rochdi Fethi Moussaoui a exprimé l’espoir que les recommandations issues de cet atelier se traduiront par des mécanismes concrets visant à renforcer les capacités nationales et régionales en matière de lutte contre la désinformation. Il a plaidé pour l’adoption, par l’Union africaine, d’une stratégie continentale intégrée, en tant que levier crucial pour garantir la sécurité, l’unité et la souveraineté de l’Afrique face aux menaces informationnelles croissantes.
La rédaction