Il fut un temps où la France n’avait qu’à claquer des doigts pour que le continent africain lui réponde en écho. À l’époque, Paris jouait au maître d’orchestre, composant ses propres partitions économiques et diplomatiques, tandis que ses partenaires africains se contentaient de jouer les figurants.
Mais les temps ont changé. Aujourd’hui, l’Afrique n’applaudit plus, et ce qui était autrefois un ballet harmonieux ressemble davantage à un stand-up où la France est la principale cible des moqueries.
Dans ce nouveau spectacle géopolitique, Paris est passé du rôle principal à celui d’un figurant maladroit. La France, autrefois omniprésente et omnipotente, se retrouve déclassée dans une Afrique qui redéfinit les règles. Pendant ce temps, Moscou s’invite au banquet et Pékin, déjà installé, sirote son thé tout en consolidant ses positions.
Une diplomatie déphasée, un continent émancipé
Les déboires français en Afrique ne sont pas qu’un simple accident de parcours ; ils sont le produit d’une longue accumulation d’erreurs stratégiques. Pendant des décennies, Paris s’est obstinée à jouer la carte du paternalisme déguisé en coopération, en fermant les yeux sur les abus de régimes dictatoriaux qu’elle soutenait discrètement. Mais cette stratégie, autrefois efficace, ne fonctionne plus face à une Afrique jeune, connectée et consciente de ses propres intérêts.
Loin d’être une chasse gardée, l’Afrique est désormais un terrain de jeu où les puissances rivalisent pour obtenir les faveurs de pays en quête de partenaires plus pragmatiques. Et dans ce jeu, la France semble toujours jouer avec un vieux manuel périmé, tandis que Moscou et Pékin apportent de nouvelles règles. Pas forcément meilleures que la France, elles assurent un autre argumentaire mêlant parfois influence économique et appui militaire (pour la Russie)
Moscou : l’invité bruyant
À mesure que l’influence française s’effondre dans les anciennes colonies, la Russie, opportuniste, s’engouffre dans la brèche. Avec des propositions simples et brutales – sécurité contre ressources –, Moscou séduit les régimes militaires fraîchement installés en Afrique de l’Ouest. Wagner, l’ombre armée du Kremlin, agit avec une efficacité inquiétante là où Barkhane s’est enlisé pendant des années.
L’ironie est palpable : là où la France prônait des valeurs démocratiques tout en soutenant discrètement des régimes autocratiques, la Russie ne fait même pas semblant. Elle offre ce que les nouvelles élites militaires demandent : une aide sans sermon. Pendant ce temps, Paris peine à comprendre comment elle est passée du statut de protection à celui d’indésirable.
Pékin : l’installé silencieux
Si Moscou s’impose avec fracas, Pékin agit dans le calme mais avec une efficacité redoutable. Contrairement à la Russie, la Chine ne vient pas pour les coups d’éclat. Elle a construit des routes, des ports, des infrastructures. Elle achète des terres, investit dans l’énergie et tisse patiemment une toile économique qui ne laisse que peu de place aux anciens partenaires africains de la France.
Là où Paris parle de « relations historiques », Pékin parle d’intérêts mutuels. Et ça marche. Car dans une Afrique tournée vers l’avenir, les souvenirs douloureux du passé colonial pèsent lourdement sur la crédibilité de la France. Pékin, en revanche, ne traîne pas ce fardeau. Pour autant, Pékin est impitoyable en affaires.
Et Paris dans tout ça ?
Paris, lui, semble toujours osciller entre nostalgie et arrogance. Les discours de rupture avec la Françafrique, souvent prononcés depuis les salons feutrés de l’Élysée, sonnent creux face à des actes qui peinent à convaincre. Quand Emmanuel Macron propose une « relation d’égal à égal », il oublie que ces mots, s’ils sont mal traduits sur le terrain, ressemblent à une condescendance déguisée.
Les expulsions des bases militaires françaises au Mali, au Burkina Faso, et plus récemment au Niger, sont autant de gifles diplomatiques que Paris semble encaisser sans véritable remise en question. Les drapeaux français brûlés sur les places publiques et les discours anti-français omniprésents dans ces pays montrent une fracture bien plus profonde qu’un simple désaccord politique : c’est la fin d’un cycle où la France était incontournable.
La fin de l’illusion française
Ce basculement n’est pas seulement une défaite pour Paris, c’est un révélateur d’un monde multipolaire où aucune puissance, pas même l’ancienne métropole, n’est indispensable. La France, enfermée dans ses illusions de grandeur, s’est trop longtemps reposée sur des schémas anciens. Mais l’Afrique, elle, avance. Elle choisit ses partenaires selon ses propres termes, qu’il s’agisse de Moscou, Pékin ou même d’acteurs régionaux comme la Turquie.
Ironiquement, la France avait autrefois le monopole des récits sur l’Afrique. Aujourd’hui, elle est simplement l’un des nombreux chapitres, souvent évoqués, rarement glorifiés.
La leçon non apprise
De la Françafrique à la farce Afrique, ce n’est pas seulement un jeu de mots : c’est l’histoire d’un empire qui n’a pas su évoluer. La France, déclassée, regarde Moscou s’inviter et Pékin s’installer, comme un propriétaire dépossédé de sa maison. Mais au lieu de voir cette situation comme une tragédie, elle pourrait y trouver une leçon essentielle : celle d’apprendre à être un partenaire, et non un maître.
Si Paris ne comprend pas cela rapidement, elle continue de chuter, non seulement en Afrique, mais dans toutes les régions du monde où elle persiste à jouer les nostalgiques. L’histoire ne pardonne pas l’arrogance, et encore moins l’inadaptation.
L’échec d’un modèle et la nécessité d’une réinvention
La Françafrique n’est plus qu’un vieux souvenir, une époque révolue où la France pouvait imposer sa volonté sur un continent qu’elle considérait comme une terre d’influence exclusive. Mais aujourd’hui, ce modèle est devenu obsolète, ridiculisé par un monde multipolaire où l’Afrique, loin d’être un terrain de jeu pour anciennes puissances, est devenu un acteur souverain, indépendant, capable de choisir ses alliés en toute autonomie.
Paris, en insistant sur ses relations historiques et ses privilèges, oublie qu’aucune nation n’est éternellement indispensable. L’Afrique a pris conscience de ses ressources et de son pouvoir stratégique. La France, elle, semble se réveiller trop tard, engluée dans des pratiques dépassées et une arrogance qui ne fait plus recette.
À l’heure où Moscou et Pékin s’imposent comme des partenaires, la France doit se réinventer. Elle doit admettre qu’elle n’est plus le centre du monde et que ses relations avec l’Afrique doivent reposer sur des bases de respect mutuel, d’égalité et de coopération réelle. Sans cette prise de conscience, Paris reste en marge, observateur, déclassé, pendant que d’autres s’imposent comme les acteurs du futur.
Dr A. Boumezrag
Une diplomatie déphasée, un continent émancipé
Tout cela c’est bien beau ,mais les Africains dont certains ont manifesté contre la présence Française continuent à tout faire parfois au risque de leur vie pour venir en France et en Europe ,il est vrai que la situation au Niger ,au Mali et au Burkina Faso ne prête guère à l’optimisme dans les populations malgré l’appui des « amis « Russes .
Drole de constat ! La France avec tous ses defaux n’a peut-etre pas construit des ponts surfacture’s, mais a bel et bien emancipe’ les Africains ! Ce qui a retenu les Africains est l’arcaisme de leurs cultures. Je ne sais quel apport serait venu de Russie ou Chine, dans ce champs INDISPENSABLE a tout developement. Cependant il est facile de detecter comme votre truc est plus une lettre de regrets que tabtoub et parains ont tres probablement commande’e. Perte de temps. Khorti. Si vous voulez faire un proces a la France, faites le vrai, celui de vous avoir donne’ une langue pour exprimer votre machin. L’ingratitude ce n’est pas bien. En Arabie, c’est haram meme, mais a l’evidence pas en AlKharia! C’est bien domage. L’emancipation que la jeunesse recherche aujourd’hui, c’est du grand-frerisme Arabo-Musulman, nocif et inoperant.