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mardi 29 juillet 2025
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 Des barreaux et des ombres : l’Algérie face à ses détenus d’opinion 

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Alors que le pays s’est engagé depuis cinq ans dans une fuite en avant autoritaire et que les promesses du Hirak et ses revendications bel et bien enterrées, la réalité est celle d’un verrouillage brutal de toutes formes de contestation, qu’elles soient politiques, sociales ou médiatiques.

Chutt … Une lourde chape de silence écrase le pays depuis avril 2020. La législation algérienne s’est durcie, multipliant les instruments juridiques pour criminaliser l’expression libre. Des articles du Code pénal tels que le tristement célèbre 87 bis, consacré à la lutte « antiterroriste », servent à poursuivre massivement activistes, défenseurs des droits humains, journalistes, syndicalistes et simples citoyens pour le moindre propos jugé déviant ou critique. Personne n’est épargné.

Ces lois liberticides, régulièrement dénoncées par les experts et ONG de défense des droits humains, réduisent à néant la garantie constitutionnelle de la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association. Avec Tebboune et Chanegriha l’Etat de droit a vécu.

Surveillance, arrestations arbitraires, campagnes de diffamation, usage de la détention préventive sans fin, interdiction de quitter le territoire national… L’objectif est limpide : installer un climat de peur et faire taire la moindre velléité d’opposition.

Les médias officiels relayent la parole du pouvoir, et les médias privés sont aussi largement mis à contribution. Quant aux réseaux sociaux, autrefois espace de contestation, ils sont sous une surveillance sourcilleuses.

La répression n’épargne aucun profil : écrivains, étudiants, poètes, syndicalistes, figures du Hirak ou simples internautes, tous peuvent être jetés en prison pour un post sur Facebook ou un propos dans la rue. Aucune voix ne doit transpirer la liberté. Silence. Pendant que Tebboune reçoit deux écrivains Yasmina Khadra et Rachid Boudjedra, deux illustres écrivains sont voués aux enfers. Boualem Sansal est condamné à 5 ans de prison et Kamel Daoud, installé en France, est traîné devant la justice avec un mandat d’arrêt international sur la tête.

Des dizaines de détenus d’opinion

Qui se souvient de Mira Mokhnache, Mohamed Tadjadit, Brahim Laalami, Cherif Mellal, … ? Combien d’Algériennes et d’Algériens embastillés sans que leur situation ne soit connue ? Le chiffre qui doit interroger le monde est celui des quelque 250 détenus d’opinion, laissés dans l’oubli et condamnés au silence. 48 jeunes sont condamnés à mort dans l’affaire de l’ignoble assassinat du jeune Bensmaïl au cour d’un procès bâclé et instrumentalisé. La liste des errements autoritaires ne saurait être cachée par quelques effusions ou sourire d’un chef d’Etat à la télévision que tout le monde sait illégitime.

Derrière cet état des lieux, il y a des femmes et des hommes, des vies brisées et des familles réduites à réclamer justice dans l’indifférence quasi totale, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Ce chiffre est révélateur de la stratégie du régime de la diarchie Tebboune Chanegriha : invisibiliser ces prisonniers, empêcher la société de se souvenir de leur existence, occulter toute contestation sociale et politique derrière l’écran d’un dialogue de façade.

Le silence imposé autour d’eux, y compris par la retenue de leurs noms dans les communiqués officiels ou lors des grâces collectives, matérialise la volonté d’effacer toute mémoire collective de la lutte pour les libertés.

Aujourd’hui plus que jamais, l’Algérie est confrontée au risque de s’enliser dans l’autoritarisme et l’arbitraire. Les alertes répétées des défenseurs des droits humains et des instances internationales appellent à la mobilisation contre l’indifférence. Car derrière le mot « détenu d’opinion », il y a avant tout des Algériens et Algériennes privés de présent, d’avenir et emprisonnés pour avoir cru simplement à leur droit de parler et de rêve.

Le silence imposé autour des détenus d’opinion en Algérie est l’un des marqueurs les plus révélateurs de la répression en cours. En choisissant d’étouffer toute information sur ces prisonniers politiques – par l’absence de listes officielles, le refus de reconnaître leur statut, l’interdiction pour les proches et avocats de s’exprimer publiquement –, le pouvoir algérien vise à effacer leur existence du débat public.

Ce silence est une arme

Le silence rompt la solidarité, décourage l’engagement civique et rend toute mobilisation pour leur libération difficile. Invisibiliser les détenus d’opinion permet au régime d’échapper à la pression nationale et internationale, tout en cultivant un climat de peur généralisé.

La répression ne se limite donc pas à l’incarcération physique ; elle s’étend à l’espace symbolique, là où se construisent la mémoire, la contestation et l’indignation collective. Tant que ces détenus restent hors du champ médiatique, le pouvoir garde la main sur le récit national et empêche toute identification de la société à leurs combats.

Ce silence organisé est l’expression même de l’autoritarisme : il vise à rendre la contestation illégitime, à nier la pluralité des voix et à condamner à l’oubli ceux qui osent penser autrement. En somme, la stratégie du silence autour des détenus d’opinion traduit un modèle de répression globale, qui conjugue violence physique et effacement symbolique.

Bien sûr dans cet abysse des libertés, Tebboune plastronne ici à l’étranger. Il est reçu par la post-fasciste Georgia Meloni, rigole avec elle. Et reçoit à Alger un conseiller de Trump. Les affaires passent avant les femmes et les hommes.

Rabah Aït Abache

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