Dimanche 21 juillet 2019
Des élus pour le maintien du charlatanisme homéopathique ?
Quarante-cinq députés français viennent de signer un texte commun pour que le gouvernement français revienne sur sa décision de dérembourser les médicaments homéopathiques. Une initiative qui relaie le désarroi de milliers de malades qui craignent d’être privés de médicaments qu’ils jugent, contrairement aux études, performants par leurs effets curatifs.
Que le lecteur ne se méprenne pas, l’auteur de cet article est un fervent supporter de la science et des avancées pharmaceutiques en tous genres. Mais il faut bien revenir sur cette affaire pour comprendre le propos virulent de charlatanisme qui est employé.
À l’origine, l’homéopathie ne souffre d’aucune accusation de charlatanisme, dans sa création comme dans sa divulgation. Elle fut une thérapie médicamenteuse reconnue par les autorités médicales et l’institution publique de contrôle des médicaments.
Les sciences médicales et pharmaceutiques, comme toutes les autres sciences, sont confrontées à des chemins pavés d’échecs et de retour en arrière, voire de remises en cause radicales de ce qui était pourtant admis par les plus hautes autorités académiques.
Le principe d’ingérer des quantités infinitésimales d’une molécule avait été validé comme probant et les résultats positifs avaient été ressentis par des millions de patients déclarant aller mieux avec les prises homéopathiques.
Puis, petit à petit, des études se sont multipliées pour attester d’une efficacité des médicaments aussi probante qu’un placebo. Alors le monde de l’homéopathie, soutenu par des médecins des plus sérieusement formés, a basculé de l’argumentation thérapeutique à l’effet psychologique qui soulageait le patient.
Certes, l’effet psychologique est important en médecine mais continuer à prescrire des médicaments qui n’ont pas plus d’effet qu’un verre d’eau, tout en garantissant au patient la guérison du mal censé être soigné, est une supercherie qui relève du charlatanisme. C’est dans la continuation de la promesse d’un efficacité, jamais prouvée, que le charlatanisme prend alors sa place.
Et puis, d’autres questionnements viennent se greffer à cette affaire comme le coût de la sécurité sociale. Est-elle suffisamment dotée pour qu’elle agisse dans un domaine qui ne relève pas directement du curatif ?
Son déficit l’avait emmené à dérembourser bon nombre de soins de confort comme les célèbres cures thermales qui n’avaient pas plus de conséquences sur la maladie qu’une bonne sieste sur la plage.
Mais plus grave encore, presque criminel, la prescription homéopathique pour des affections lourdes comme les cancers. Cela ne pouvait plus durer, il fallait arrêter cette aventure qui n’avait aucune conséquence thérapeutique prouvée et faisait même prendre des risques.
On le sait, les députés signataires s’indignent du fait que bon nombre d’électeurs réagissent farouchement au risque de suspendre des molécules dont ils sont résolument persuadés de l’efficacité. Mais on a oublié dans cette affaire que les médicaments n’étaient pas interdits, il perdaient le bénéfice de la couverture sociale seulement. Les patients pourront donc toujours s’en procurer et les ordonnances ne seront pas plus interdites.
La même réaction hostile se manifeste, on le comprend, de la part des industries pharmaceutiques qui voient disparaître une part importante de leur marché avec le déremboursement. C’est surtout le cas du laboratoire Boiron qui s’était engouffré dans le secteur de l’homéopathie avec une part quasi totale de son chiffre d’affaires.
Mais est-ce le rôle de la sécurité sociale de venir au-secours des industries pharmaceutiques qui n’ont pas su se diversifier à temps car la menace de la décision de déremboursement était ancienne ?
L’homéopathie n’était certainement pas du charlatanisme dans ses débuts, cela le serait devenu aujourd’hui si les autorités gouvernementales n’avaient pas pris en compte la dernière étude sérieuse (elle-même étant en grande partie une compilation de très nombreuses études) qui déclare définitivement l’inefficacité thérapeutique de la méthode.
Ou alors, revenons au chapelet religieux et aux gris-gris de toutes sortes, cela aurait autant d’efficacité et coûterait considérablement moins cher aux assurés sociaux et à l’État qui supporte, au final, le déficit.
Les religions sont libres mais leur financement relève de la participation privée des croyants, pas de la participation solidaire de la société.