En arrivant à la justice de Dar El-Beida grandissait ce sentiment patriotique, la cause est, tellement, profonde qu’elle submerge toutes autres émotions, on se sent soldat qui a le devoir d’accepter toutes les conditions du terrain.
Je revois mes camarades, en compagnie des familles des détenus, des épouses, des enfants, des frères et sœurs, parents tantes et oncles, on se sentait en grande famille, avec les embrassades pleines d’affection, du soutien et du réconfort, des sourires et des larmes … Et des militants qui assument jusqu’a l’os, aujourd’hui a grandi en moi la force de la détermination.
Ma foi, quel est cet immense sentiment, si noble et profond qu’on partage pour défendre une cause, .. plus fort que tout, c’est en nous et c’est plus fort que nous ! … Même dans l’obscurité totale, nous on y croit et on voit la lumière qui nous guide !
L’arrivée des détenus !
Menottés, entourés par des policiers et des gendarmes les faisant asseoir un par un, des membres de la famille qui les appellent et eux cherchent à reconnaître des visages dans la salle, ils nous sourient, font des coucous avec les mains menottés… Des larmes coulaient de partout, même des hommes très durs qui ne pleurent devant rien, essayaient de retenir les larmes intenables….. Le poids des menottes sur des mains innocentes est énorme !
L’audience commence par l’identification de tous les accusés, finalement, il y’a des absents à la barre. La magistrature décide de reporter le procès. Des avocats demandent à la magistrature une liberté provisoire aux détenus, la plupart ayant dépassé une année de prison et Lounes Hamzi qui a 2 ans …On attendait tous avec impatience cette décision qui puisse apporter de l’espoir à l’aboutissement du procès et un peu de repos aux détenus … La réponse était négative…
Et des youyous éclatèrent se faisant entendre jusqu’à l’âme, on revoit l’image durant la guerre, on revoit les villages Kabyles incendiés, des hommes fusillés, emprisonnés… Et des femmes qui poussent des youyous pour honorer les martyrs.
Je regarde vers les camarades et les familles des détenus… Des yeux larmoyants … Des avocats qui essuient des larmes !
Mira Mokhnache