C’est une mascarade présidentielle pathétique qui s’offre à un peuple algérien complètement indifférent. 24 millions d’Algériens ont appelés, officiellement, à choisir leur président le 7 septembre. Nous sommes fondés pour leur donner le résultat sans qu’ils se déplacent. C’est Tebboune qui sera «élu » avec un taux à la soviétique.
Qui sont-ils ?
Abdelmajid Tebboune est né le 17 novembre 1945 à Mecheria, dans la wilaya de Naâma. Diplômé en 1969 de l’École nationale d’administration d’Alger, spécialité économie-finances.
Il devient administrateur, puis chargé de mission et en enfin secrétaire général dans plusieurs wilayas du pays jusqu’à la fin des années 1980. De 1991 à 2017, il occupe de nombreux postes de ministre, dont celui de l’habitat et de l’urbanisme, avant d’être nommé Premier ministre en mai de la même année. Lisse, dépourvu de vision et sans aucune épaisseur politique, Tebboune a servi tous les régimes, depuis Boumediene jusqu’à Bouteflika.
En pleine manifestations populaires, il eut la chance d’avoir été adoubé par le général-major Ahmed Gaïd Salah pour prendre la place de Bouteflika. Il a été imposé par le clan du défunt Gaïd Salah pour devenir président officiellement depuis 12 décembre 2019 à l’issue d’une élection où le taux de participation était officiellement de 40%.
Pour tromper l’opinion, Abdelmajid Tebboune se voulait un défenseur des libertés publiques, il lance la réforme constitutionnelle en 2020. Il a depuis fait le contraire. De 2019 à 2024, l’Etat de droit est quasiment absent en Algérie.
Plus aucune liberté n’est autorisée pour les opposants, les journaux, les ONG et les associations. Des centaines d’activistes et d’hommes politiques sont emprisonnés. D’autres sont interdits de toute expression publique, voire de sortie du territoire nationale. Tout le pays est placé en liberté surveillée. Son 1er mandat est marqué par les départs à l’étranger de milliers d’Algériens. Que cela soit par la voie légale, ou par des embarcations clandestines.
Aucun projet structurant n’a été lancé. Tebboune aura passé 5 ans à inaugurer des projets lancés par Abdelaziz Bouteflika qu’il a servi pendant plusieurs mandats.
Le dernier leurre de Tebboune c’est sa présentation pour un second mandat sous la bannière « indépendant ». Tout le monde aura compris en Algérie qu’il est soutenu d’abord par l’Armée.
Pour le comprendre il suffit de voir le ralliement en ordre de bataille de plusieurs partis politiques nationalistes et islamistes (FLN, RND, El Bina, El Moustakbal…) et de nombreuses organisations patronales.
Pas seulement. Sans retenue ni réserve, tous les moyens de l’Etat sont mobilisés pour vendre la candidature de Tebboune. Pourquoi tout ça pour ça ? sommes-nous tentés de nous interroger. Personne n’est dupe.
A la vue de ce topo, il n’y a plus aucun doute, il sera toujours chef de l’Etat le 8 septembre. Le reste n’est qu’affichage politique.
Youcef Aouchiche est le plus jeune des trois candidats à la mascarade présidentielle. L’homme est ambitieux, en acceptant de jouer au lièvre, il a foulé au pied tous les fondements politiques que le FFS a défendu depuis sa naissance en septembre 1963.
Né en 1983 à Boghni (Tizi-Ouzou), il est licencié en sciences politiques de l’université d’Alger, où il est l’un des responsables du Collectif des étudiants autonomes. Un militantisme qui lui a valu une condamnation de six mois de prison avec sursis en 2004 pour « attroupements illégaux » avant d’être relaxé en appel.
Dès 2002, il adhère au Front des forces socialistes (FFS). Ce parti politique laïc d’opposition, très implanté en Kabylie, a été fondé en 1963 en opposition au FLN et son chef historique, Hocine Aït Ahmed, a été un héros de la guerre d’indépendance.
Youcef Aouchiche devient journaliste en presse écrite en 2008, une fonction qu’il exercera jusqu’en 2012 avant de devenir attaché parlementaire durant les cinq années suivantes. De 2017 à 2022, il préside l’Assemblée populaire de la wilaya de Tizi-Ouzou et devient sénateur en 2022.
Depuis 2020, il est premier secrétaire du FFS. En juin 2024, il devient candidat à la présidentielle après la décision du FFS de participer au scrutin. « Nous serons les porte-voix du peuple et, surtout, des oubliés et des opprimés », lance-t-il alors aux congressistes. C’est la seconde participation de ce parti à une présidentielle après celle de 1999. Son slogan est « Vision pour demain ».
Abdelaali Hassani Cherif a 57 ans. Il est originaire de Magra, dans la wiliya de M’sila au sud-est d’Alger. Il possède un diplôme d’ingénieur d’État en génie civil et une licence en sciences juridiques et administratives. À l’instar de son rival Youcef Aouchiche, il milite dans le mouvement estudiantin de l’université de M’sila jusqu’en 1992. Il travaille au sein de la Direction des travaux publics de M’sila durant huit ans, jusqu’en 2002.
Il milite très jeune au Mouvement de la société pour la paix (MSP), parti de mouvance islamique qui se réclame des Frères musulmans, créé en 1990 et rapidement supplanté par le FIS qui prend les armes contre le pouvoir, à la différence du MSP. Ce dernier a toujours été un mouvement proche du pouvoir.
Dans sa wilaya, Abdelaali Hassani Cherif devient membre du bureau en 1995, puis vice-président de l’Assemblée populaire de wilaya de 2002 à 2007 et membre de l’Assemblée populaire nationale de 2007 à 2012. Président du bureau du MSP à M’sila entre 2008 et 2013, il gère jusqu’en 2023 les dossiers de l’organisation et de la numérisation au niveau du bureau national du MSP. Si à l’origine, le candidat pressenti aurait dû être l’ancien président du MSP, Abderrazak Makri, c’est Abdelaali Hassani Cherif qui est nommé candidat à la présidentielle.
Avec pour slogan « Opportunité », c’est la seconde fois que le MSP participe à un scrutin présidentiel après celui de 1995 avec Mahfoud Nahnah. Le parti est l’unique formation islamiste nationale autorisée par le pouvoir. Pour cette présidentielle, il est soutenu par le mouvement Ennahda. « Nous visiterons toutes les wilayas du pays pour vous exposer notre programme, a déclaré Abelaali Hassani Cherif. Un programme où il y a une opportunité pour tous les Algériens et Algériennes pour que les choses changent vers le meilleur. «
Ce rendez-vous électoral ne fait, en réalité, que retarder l’échéance incontournable d’un changement nécessaire et pacifique dans la gouvernance pour sauver le pays d’un risque de délitement.
La rédaction et RFI