21 novembre 2024
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Deuxième journée du procès des « 26 de Bougie »

Mémoire. C’était hier le deuxième jour du procès des 26 condamnés de Bougie. Dans l’édition d’Alger républicain du 18 avril 1951 Mohammed Dib signait ce reportage.

1 – Les manifestations

Et comme la veille des forces de police considérables, bottées, casquées et particulièrement « nerveuses », munies de musettes et de mousquetons patrouillaient en ville. Mais il n’y eut pas de manifestation aux abords du palais de justice.

Peu de temps avant midi, les abords de la prison civile étaient occupés par une immense foule.

La population algéroise, dans un mouvement d’union qui rassemblait des progressistes et des démocrates de toutes origines, s’était groupée fraternellement pour manifester sa solidarité à l’égard des militants MTLD de Bougie victimes de la répression colonialiste.

Outre la présence de dirigeants et d’élus MTLD comme M. Boukadoum, député, Ferroukhi et Demaghlatrous, on pouvait voir des travailleurs, des militants et des dirigeants des différents partis nationaux, mêlés à des démocrates inorganisés, que pareille mesure révolte.

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Tout se passait normalement sans le moindre incident.

A ce moment là surgit un groupe d’agents motocyclistes dans un grondement de moteurs, suivis de près par un fourgon plein de policiers. Dès qu’ils stoppèrent, d’un seul mouvement ils se ruèrent sur la foule qui observait le plus grand calme.

Armés de mousquetons, ils assénèrent des coups de crosse sur les premiers venus avec une frénésie indescriptible. Ils étaient menés par le commandant des gardiens de la paix qui donnait, lui, autant de coups de cravache qu’il pouvait ; quant aux motards, ils fonçaient sur les gens avec leurs machines en pleine marche.

Avec une brutalité inouïe, les rues avoisinantes furent « dégagées » et des cordons de police installés, l’arme à la main.

Mais les manifestants dont le nombre croissant sans cesse, s’amassaient, formant une foule imposante, aux cris de « Libérez les patriotes ! », « Libérez les patriotes ! ». L’indignation populaire montait tandis que les forces de police accrues renouvelaient leurs charges rageusement.

Puis la voiture cellulaire arriva, précédée et suivie de camions chargés de gardes mobiles. Il y eut, à cet instant, des acclamations prolongées qui au milieu d’une profonde émotion montaient vers les détenus.

C’étaient plus que n’en pouvaient supporter les « forces de l’ordre » dont maints chefs abondamment galonnés témoignaient de leur hargne impuissante.

Plusieurs fois de suite, les agents se précipitèrent avec leurs mousquetons sur les manifestants qu’ils acculèrent jusque dans les ruelles toutes proche de la Casbah. Là, ils matraquèrent impitoyablement ; il y eut de nombreux blessés, parmi lesquels se trouvaient des enfants et des vieillards ; ceux-ci couraient, qui, l’arcade sourcilière ouverts, qui, la nuque sanglante.

D’autres avaient la bouche ensanglantée. On apprenait que parmi les blessés se trouvaient MM. Bouchakour Mustapha et Boudjroudi Saïd, adjoints au maire d’Alger, et M. Ketrandji Mustapha.

Ayant accompli son œuvre de terreur et de répression, la police se sépara. Les détenus étaient en prison.

Mais elle ne tarde pas à revenir en force pour donner la chasse à l’immense rassemblement qui se forme devant le commissariat du 2e arrondissement. Là avaient été amenés plusieurs manifestants parmi lesquels M. José Aboulker, conseiller général, Bachir Hadj-Ali, secrétaire du PCA, Raffini, secrétaire du Secours populaire algérien, Rachid Dalibey, conseiller général d’Alger, Mahmoudi, secrétaire régional du PCA, qui fut blessé à la bouche d’un coup de casque et en dernier lieu M. Jacques Salort et Mme Lucette Manaranche, qui faisaient partie de la délégation venue demander la mise en liberté de ces derniers.

Pendant ce temps, la police frappait à coups redoublés sur la foule qu’ils poursuivaient à travers les rues de la Casbah renversant des bébés et des femmes. Parmi les victimes, il s’est trouvé un jeune homme d’une vingtaine d’années, Abderrahmane Ouliche, qui dut être hospitalisé.

Vers 14 heures, au commissariat de 2ème arrondissement, ont fut obligé de relâcher les personnes appréhendées.

Ainsi, au cours de la journée d’hier, avec une brutalité dont les bornes reculent chaque jour davantage, la police célébrait l’arrivée du nouveau gouverneur général, M. Léonard, ancien préfet de police.

2 – 11 manifestants arrêtés lundi ont été relâchés hier

MM. El Madhaoui Mustapha, Ould Mohamed Lhadi, Slimane ben Larbi, Aoun Ahmed, Tankarli Mohamed, Zegane Mohammed, Bouraba Aïssa Omar ben Ahmed, Djenane Slimane, Madjer Omar ben Ahmed et Loulel Ahmed qui se trouvaient du nombre des manifestants arrêtés lundi ont été relâchés hier.

3 – Le procès

La deuxième journée du procès des militants MTLD de Bougie a été notamment occupée par les plaidoiries de Maîtres Douzon et Dechezelles, du barreau de Paris, et Zidi, Bentoumi et Kiouane, du barreau d’Alger. L’affaire a été mise en délibéré.

Le jugement sera rendu demain.

Mohammed Dib *

Alger-Républicain, 18/4/1951

(*) La 1ère partie de l’article porte la signature de la rédaction d’Alger-Républicain

2 Commentaires

  1. Colonialisme français = Colonialisme arabe.
    Le régime colonial arabo-baathiste algérien promoteur du colonialisme arabe en Algérie et en Kabylie remplaçant du colonialisme français.
    Vive la Kabylie libre et indépendante.

  2. 18 avril 1951 – 16 octobre 2024: les Algériens continuent toujours de crier « libérez les détenus »! En ce 16 octobre 2024, l’un parmi les centaines de détenus de la nouvelle Algérie (Larbi Tahar) est à son 20e jour de grève de la faim. Rien de nouveau sous le soleil … (chape) de plomb!

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