La France a multiplié les signaux d’apaisement en l’espace de 48 heures, soulevant la question de la réponse d’Alger à cette main tendue.
L’initiative vise à débloquer la crise diplomatique et sécuritaire bilatérale qui semble s’éterniser au point de compromettre les intérêts bilatéraux sur les plans diplomatique, économique et culturels.
Deux gestes symboliques et politiques majeurs ont été posés, indiquant une volonté française de changer de ton :
Le 17 octobre : geste mémoriel
Le Président Emmanuel Macron a choisi de faire participer l’ambassadeur de France en Algérie à la cérémonie de recueillement en hommage aux victimes de la répression policière des manifestants algériens à Paris le 17 octobre 1961. Ce geste, hautement symbolique et lié à un épisode douloureux de l’histoire coloniale, est perçu comme un pas vers la reconnaissance et l’apaisement mémoriel.
Le 19 octobre : appel sécuritaire
Le nouveau ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a publiquement affirmé la nécessité d’une reprise urgente du dialogue sécuritaire avec Alger, insistant sur le fait que la question de la remise en cause de l’Accord de 1968 n’était « pas à l’ordre du jour ». Cette déclaration marque une rupture dans la forme par rapport à l’approche plus conflictuelle de son prédécesseur, privilégiant le pragmatisme opérationnel sur les questions migratoires (OQTF, laissez-passer).
Ces gestes ne sont pas les seuls. En vrai et malgré les apparences, les liens ne sont pas rompus entre les deux capitales. A l’Onu, Jérôme Bonnafont, l’ambassadeur de France au sein de cette organisation, aurait tenu des réunions régulières avec Amar Bendjama, afin d’échanger sur les tractations en cours sur le dossier du Sahara occidental avant le vote de la résolution sur la Minurso le 30 octobre prochain, selon Africa Intelligence.
L’attente de la réponse algérienne
Ces initiatives — l’une mémorielle émanant de l’Élysée, l’autre pragmatique et sécuritaire émanant du nouveau gouvernement — constituent une double approche d’apaisement.
Il reste désormais à déterminer quelle suite Alger réservera à cette séquence diplomatique française. La réponse algérienne sera décisive pour savoir si la crise, qui a notamment bloqué les réadmissions de ressortissants sous le coup d’une OQTF, pourra être surmontée. Des deux rives, de gros intérêts sont en jeu. Alors on se demande qui bénéficie de ce crise ?
La rédaction