« Si vous êtes neutre dans les situations d’injustice, vous avez choisi le camp de l’agresseur. » Desmond Tutu
Il y a une quinzaine d’années, l’empire du Milieu claironnait un magnifique mot d’ordre pour la XXIXe Olympiade qui s’est tenue à Pékin et dans six autres villes chinoises à l’été 2008. La belle formule était celle-ci : « Un même monde, un même rêve ». En 2022, pour les Jeux olympiques d’hiver qui se sont ouverts récemment, le slogan est devenu « Ensemble pour un futur partagé ». Le problème, c’est que ce futur n’est même pas partagé avec le peuple chinois.
Il y a quinze ans, les moines bouddhistes tibétains payaient cher l’invasion de leur pays par les troupes chinoises mais, malgré la répression, les chefs d’État américains et français ont bel et bien participé aux festivités d’ouverture des jeux. Aujourd’hui, avec les températures glaciales qui ont mis Pékin sous cloche, les principes olympiques ont subi les effets d’une glaciation initiée par les États occidentaux.
Lors des jeux d’été de 2008, la Chine avait initié son acclimatation à une ouverture raisonnée sur le monde. Pour ces jeux d’hiver, la Chine s’est totalement repliée sur elle-même. Et même les habitants de Pékin sont priés de se confiner et de ne pas assister à ce qui aurait dû être leurs jeux.
La Chine populaire a inventé des jeux qui sont tout sauf populaires. Le Parti communiste chinois a retrouvé ses vieilles habitudes malgré un capitalisme d’État qui laisse sur le carreau la majorité du peuple chinois.
Et il n’y a pas que le peuple chinois qui semble étrillé, la problématique écologique l’est tout autant. Cette année, malgré le froid ambiant, et pas seulement diplomatique, la neige a également décidé de boycotter le pays. La Chine détient, désormais, le triste privilège d’avoir organisé les premiers jeux d’hiver sans qu’il y ait un seul flocon de neige. Nous assistons donc, par écrans de télévision interposés, aux premiers jeux olympiques d’hiver avec des sites arrosés uniquement avec de la neige artificielle.
Pratiquement aucun pays occidental n’a envoyé de délégation politique assister à l’ouverture des olympiades chinoises. Même pas au niveau des simples ambassadeurs.
Nous espérons de ces mêmes pays, avec à leurs têtes, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie, auront la volonté et l’audace, de prendre exactement les mêmes décisions en cette fin d’année 2022, à l’occasion de la coupe du monde de football qui se disputera au Qatar, où les joueurs taquineront le ballon rond à l’intérieur de stades climatisés construits par des ouvriers asiatiques qui étaient plus assimilés à des esclaves qu’à des salariés de chantiers.
Kamel Bencheikh, écrivain