Jeudi 22 avril 2021
Djabelkhir condamné, Ibn Taymiyya conforté par la justice
En Algérie, faute de tradition de débat, ce qui aurait dû rester au stade d’une controverse théologique vient de donner lieu à une condamnation au motif de l’offense et de l’atteinte à l’Islam.
Ibn Taymiyya doit se sentir conforté dans sa vision de la société et de celle du monde qui a exclu les élément de rationalité en excluant les philosophes des sciences de la religion consacrant un cadre fermé en dehors duquel toute expression est nul et non avenue et considérée comme hérétique, contre laquelle il faudra sévir.
Le cas de l’islamologue Djabelkhir qui vient de faire l’objet d’un double déni de justice , est symptomatique du mal profond qui ronge notre société, ou l’expression de la nuance et de la rationalité suffit à provoquer une levée de boucliers , agitant l’étendard de la religion d’état comme si celle-ci faisait l’objet d’un complot et d’une attaque, alors qu’il s’agit d’une controverse théologique initiée par l’islamologue Djabelkhir, la doxa et la bien-pensance et la doxa incapable de lui opposer des contre-arguments, n’e lui a opposé que celui de l’atteinte et l’offense à l’islam.
C’est la même logique sous-jacente qui a harcelé, arrêté puis condamné des citoyens algériens réclamant le départ du régime et l’avènement de la démocratie, cette justice aux ordres s’est mue en justice de l’inquisition des temps modernes, ne tolérant même plus la liberté des esprits. Cette situation n’est pas sans rappeler le calvaire vécu par Averroès à bien des égards et des philosophes de son temps, réduits à un reniement forcé sous peine d’excommunions et ainsi se faire traiter d’apostats .
La cabale contre Djabelkhir s’inscrit dans la logique du régime à qui la religion reste la seule béquille sur laquelle il puisse faire reposer et asseoir le semblant de légitimité qu’il pense détenir mais cela ne constitue que l’autre face de la même pièce qui reste son essence antidémocratique et répressive.
Notre solidarité à l’égard des détenus de délit d’opinion et de l’inquisition des temps modernes est un test de notre capacité à nous projeter dans l’Algérie de demain et de pouvoir éviter cet écueil et cet état de fait ne fera que renforcer notre conviction de l’obligation et de l’extrême nécessité de débattre de tous les sujets comme celui de la nation, de la place de la femme , de notre conception de la citoyenneté et de la place de la religion dans l’Algérie de demain