Mercredi 19 mai 2021
Djamel Allam : entre « Getlatou » et « Youyou des anges » !
Rendre hommage à Djamel Allam, à la mesure de sa stature, en une seule chronique, est un pari perdu d’avance, tant ce touche-à-tout aura su se hisser aux sommets des palmarès en des temps records.
Djamal Allam, c’est une musique et des paroles travaillées à la note et à la rime près. C’est aussi, à l’image de nombreux autres artistes kabyles de sa génération et ceux d’avant, un trilingue parfait qui nous a servi des succès en kabyle, en arabe et en français.
Qui ne se rappelle pas le très populaire « M-ara d yuɣal » dont l’air était fredonné aux quatre coins d’Algérie des années durant, à la fin de la décennie 1970 ?
Mais, Djamal Allam, c’est une dizaine d’albums tout aussi achevés les uns que les autres, tant en instrumentation qu’en interprétation. Quant aux tubes, en veux-tu, en voilà : « Tella », « Gouraya », « Yasmina », « Gatlato », « Ouretsrou », « Argu », « Salimo », « Si Slimane », etc.
Djamal était un musicien multistandard qui excellait à la guitare, au oud et à l’accordéon.
Biographie
Djamel Allam est né le 26 juillet 1947 à Ilmaten (dans la région de Béjaïa) et mort le 15 septembre 2018 à Paris.
Djamel apprend la musique au conservatoire de Béjaïa, sous l’œil bienveillant du cheikh Sadek El-Bejaoui, avant de partir en France, en 1970, d’abord à Marseille puis à Paris. Il s’essaie à la chanson française dans les cabarets de la capitale (rue Mouffetard).
En 1972, il apparaît en première partie du spectacle de Brigitte Fontaine et Arezki (ce couple qui a repris l’immortel « avava inouva » de feu Idir, en français) à Alger.
En 1974, il travaille à Radio France Inter avec Claude Villers qui lui découvre les talents qu’on lui connaît et le recommande aux disques Escargots (éditeur de François Béranger et Gilles Vigneault notamment).
Son premier album « Argu » (Rêve !), produit en 1974 par Gilles Bleiveis, remporte un très grand succès auprès du public et des médias. Djamel Allam remplit les grandes salles de France et part en tournée en Europe et aux États-Unis.
Entre 1978 et 1985, il sort trois albums, « Les rêves du vent » (1978), « Si Slimane » (1981) et « Salimo » (1985). Il écrit des musiques de films et de documentaires, dont « Ma dernière nuit à la Goutte d’Or » de Daniel Duval, diffusé sur TF1. Il est aussi comédien pour le cinéma (« Fort Saganne » d’Alain Corneau).
Il acquiert sa notoriété avec « Argu » (Rêve) puis « M’ara d-yuɣal ». Il enchaîne album sur album, compose la musique de quelques films (notamment « Prends 10.000 balles et casse-toi », « La plage des enfants perdus »). Il se produit régulièrement à la fête de l’Humanité.
Atteint d’un cancer du pancréas, il meurt le 15 septembre 2018 à Paris. Il est enterré au cimetière de sa ville natale Béjaïa (Djebana Sidi M’hamed Amokrane).
Son dernier album « le youyou des anges » a connu un grand succès, notamment avec le titre hommage à El-Hachemi Guerrouabi qu’il interprète en duo avec Khaled.
Nous avons eu la chance, avec un groupe d’amis, d’assister à l’un de ses derniers concerts au Cabaret Sauvage de Paris, juste après la sortie de son dernier album. Il faut dire que sur scène Djamal savait répandre la joie et entrainer son public sur la piste de danse de façon irrésistible.
Avec le coffret de 9 CD, édité à Alger, à l’occasion de ses trente années de carrière, et « le Youyou des anges », Djamel nous aura laissé, en héritage, le répertoire complet de ses productions.
Une fois n’est pas coutume, nous vous proposons un titre en arabe avec sa transcription. « Djawhara » (la perle) est un hymne à la capitale Alger. Une chanson écrite par Monsieur 2.000 chansons, l’immense Kamel Hamadi, et dont la musique est signée du tout aussi immense Safy Boutella.
Djawhara
Djawhara, djawhara âziza soumek ɣali
Djawhara, djawhara sakna roḥi w bali
Badr el bodor chayâa fi kol mken
Ch’ḥal cheft, ɣrobt ma-lqit zinek fi mken
Tmenit tedhwi w yzid el nour w chanek ybene
Ya el ɣalia ɣirek mayahlali
Âlik nɣir mankhali had ymessek
Tkouni bkhir âla chanek u kadrek
Fik zin ktir ard w bahrek, edhech men chafek
Ya el ɣalia ɣirek mayahlali
Djawhara, djawhara âziza soumek ɣali
Djawhara, djawhara sakna rohi w bali
Ksebti el jamel, ana mlekni jamalek
Chtot wel jbel, qalbi sken jbalek
W jebti rjel ki labtal homa horassek
Ya dzayer ɣirek mayahlali
Djawhara, djawhara âziza soumek ɣali
Djawhara, djawhara sakna rohi w bali
Ksebti el jamel, ana mlekni jamalek
Chtot wel jbel, qalbi sken jbalek
W jebti rjel ki labtal homa horassek
Ya el ghalia ɣirek ma-yahlali
Âlik nɣir mankhali had ymessek
Tkouni bkhir âla chanek u kadrek
Fik zin ktir ard w bahrek, edhech men chafek
Ya dzayer ɣirek mayahlali
Djawhara, djawhara âziza soumek ɣali
Djawhara, djawhara sakna rohi w bali
Djawhara, djawhara.