Site icon Le Matin d'Algérie

Dominique de Villepin : entre lucidité et timidité sur Gaza !

Dominique de Vilepin,
Dominique de Villepin, un des rares politiques français avec Mélenchon à tenir un discours de raison

Décidément, au sujet de la question palestinienne, tout comme ceux d’aujourd’hui, nos politiques d’hier nous servent des analyses de haute volée dans la forme tout en ne faisant que tourner autour du pot quand il s’agit de se prononcer sur le fond du problème, c’est à dire d’une solution à deux États, seule à même de mettre fin à un conflit sans fin.

Même si Dominique de Villepin se démarque un tantinet de l’unanimisme ambiant au sein de l’Occident en osant asséner des vérités à contre-courant de ses pairs, il n’en demeure pas moins qu’il reste frileux quant à une condamnation claire et net de l’invasion israélienne sur la bande de Gaza ! Même si sur certains points, on peut ne que reconnaître à notre ancien premier ministre le courage d’oser avancer sur un terrain lucide.

– La cause israélienne est devenue messianique et biblique ! assène-t-il.

Ça, on le savait déjà ! (*)

De même pour l’autre versant du problème, il enchaîne :

– La cause islamiste menée par le Hamas ne permet aucune négociation !

À cet égard Dominique de Villepin rejoint l’idée occidentale que le Hamas est une organisation terroriste et il suggère, ni plus ni moins, que d’éradiquer les dirigeants du Hamas, oubliant que c’est par les urnes que le Hamas dirige la bande de Gaza.

Par ailleurs, n’est-ce pas sous couvert de cette éradication qu’Israël trouve l’excuse pour envahir Gaza ?

Notre ancien Premier ministre monte au créneau en dénonçant le deux-poids-deux-mesures d’un Occident qui sanctionne la Russie quand elle agresse l’Ukraine, mais pas Israël qui envahit la Palestine.

– L’intérêt d’Israël est d’avancer dans la paix !

Mais qui sont les interlocuteurs quand Netanyahou affiche clairement son objectif de construction du grand Israël au nom d’un message biblique suranné ?

– L’Occident doit travailler avec le reste du monde pour trouver une issue à ce problème qui « paraît insoluble ».

Comment apporter une solution à un problème insoluble ? Seul un politique peut exprimer une telle contradiction.

Et enfin, selon notre ancien premier ministre, la question palestinienne ne s’effacera pas !

Voilà ce qu’en pense Marina, une amie bretonne professeure d’histoire :

« Je ne crois pas à la création d’un État palestinien souverain ! Il faudrait démanteler plus de 750 colonies et expulser plus de 450 000 Israéliens qui y habitent. Je ne crois pas non plus à la création d’un État binational…L’apartheid est déjà une réalité et se poursuivra.

La guerre démographique entre Israéliens et Arabes palestiniens existe depuis des décennies. Si on tient compte des Israéliens arabes, c’est environ 7 millions contre 7 millions, l’indice de fécondité des Palestiniennes est plus élevé que celui des Israéliennes mais les couples ultraorthodoxes, ou Haredim, ont en moyenne 7 enfants, et actuellement 1 enfant sur 4 né Israélien est issu d’une famille ultraorthodoxe… à suivre.

Le maréchal al-Sissi ne voudra jamais « gérer » deux millions et demi de Gazaouis, même contre des milliards de dollars. En revanche, Netanyahu aimerait bien les envoyer dans des camps de réfugiés en Égypte.

Je crois que Netanyahu n’a pas de véritable projet politique, si ce n’est d’intensifier la colonisation et de rendre la vie des Palestiniens de Cisjordanie et Gaza insupportable. Il a voulu également sauver sa peau en s’alliant avec l’extrême droite. Sinon c’est la case prison pour lui.

Je suis très pessimiste sur la suite des événements. Je ne sais comment cette guerre va finir, mais elle sera sanglante pour les Gazaouis. Ils continueront ensuite à vivre parqués sur la bande, sur un champ de ruines, et le Hamas ne sera pas « éradiqué ».

En fait, dans quelques mois, on n’en parlera plus. Et la communauté internationale, du moins ses dirigeants, les USA, l’UE, mais aussi les gouvernements arabes (je ne parle pas de l’opinion de la rue) cesseront ses hypocrisies circonstancielles : le sort des Palestiniens est le moindre de leurs soucis.

En revanche, les Israéliens (pas les colons) seront enfin sortis de leur déni (sur les territoires occupés : les exactions, les spoliations etc.) et ne se sentiront plus trop en sécurité dans leur pays… Ils étaient loin d’imaginer que ce conflit qui dure depuis 1948, puis 1967, était toujours aussi explosif …Effectivement, on ne peut pas humilier, mépriser un peuple sans retour violent de bâtons. »

On le voit donc, politiques et citoyens, tout le monde semble désorienté par la tragédie qui atteint les Gazaouis car personne ne possède le pouvoir magique de ramener Netanyahou à la raison !

Kacem Madani

(*)

Allah contre Yahvé !

 

Quitter la version mobile