21 mars 2025
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Donald Trump démantèle le département de l’Éducation: «On fait sauter un garde-fou»

Le président américain a signé, jeudi 20 mars 2025, un décret prévoyant à terme la fermeture du département fédéral de l’Éducation. S’il joue un rôle limité dans le système éducatif aux États-Unis, sa disparition ne serait pas sans conséquences sur la scolarité des jeunes Américains. Explications.

Après avoir annoncé il y a dix jours sa volonté de licencier près de la moitié de son personnel, le président Donald Trump a signé ce jeudi 20 mars un décret visant au démantèlement du département de l’Éducation.

Cette annonce n’est pas une surprise puisqu’il s’agit d’une promesse de campagne qui figurait dans le programme Project 2025, dont le candidat s’est largement inspiré. Pour le fermer totalement, il faudra l’approbation du Congrès et une majorité de 60 votes au Sénat, où les républicains ne disposent que de 53 sièges.

Mais en attendant, il s’agit « d’une sorte de liquidation pour le rendre inopérant », commente Laurie Béreau, maîtresse de conférence en anglais à l’université Rennes 2 et spécialiste des politiques éducatives aux États-Unis.

Si cette décision s’inscrit dans le cadre de l’offensive générale contre l’État fédéral aux États-Unis pour réduire les dépenses publiques, c’est aussi une nouvelle attaque conservatrice contre les idées progressistes. « Les contribuables n’auront plus à payer des dizaines de milliards de dollars pour des expérimentations sociales progressistes et des programmes obsolètes », s’est d’ailleurs réjouie la Maison Blanche en amont de la signature.

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L’enjeu, c’est que « l’État fédéral mette moins son nez dans les politiques éducatives pour laisser les mains complètement libres aux États fédérés », analyse la spécialiste.

Le gardien de l’égalité des chances dans l’éducation

Largement décentralisé, le système éducatif relève déjà essentiellement de la compétence des États. Le gouvernement fédéral n’intervient que pour 10% environ dans le financement total des établissements scolaires. L’organisation des écoles, l’âge légal de scolarisation des enfants ou encore le contenu des programmes scolaires sont déjà l’apanage des États.

Mais le département de l’Éducation garde un rôle non négligeable. L’État fédéral supervise les politiques éducatives et alloue certains fonds. C’est notamment lui qui gère les programmes de prêts universitaires, les bourses Pell pour les étudiants les plus précaires ou encore le financement des aides pour les étudiants en situation de handicap. Il est aussi chargé de veiller à l’égalité des chances dans l’éducation.

« L’État fédéral est le garant de l’application par les États fédérés des directives de lutte contre les discriminations économiques, sociales et raciales, précise Laurie Béreau. Malgré une participation limitée au financement total, il est là pour s’assurer que le service distribué ne soit pas discriminant.

Le risque avec son démantèlement, c’est donc la perte d’une espèce de contre-pouvoir qui veillait à ce que, dans leurs prises de décisions, les États fédérés respectent les principes de la Constitution américaine. »

Elle centralise aussi la collecte des données sur le système éducatif. « La liquidation de ce ministère veut dire qu’on va perdre l’accès à ces données qui permettent de s’assurer que les politiques menées par les États fédérés n’entrent pas en contradiction avec les libertés, avec les droits qui sont contenus dans la Constitution américaine », estime la spécialiste.

Selon les médias américains, certaines fonctions de l’agence seraient réaffectées, comme les bourses aux étudiants et des fonds aux écoles à faibles revenus à travers le pays. Mais pour Laurie Béreau, « c’est un garde-fou qui saute institutionnellement ». Dans certains États conservateurs, comme la Floride ou le Texas, des contenus pédagogiques relatifs à l’esclavage ont été modifiés et des livres ayant trait à l’homosexualité ou au racisme ont pu être retirés des bibliothèques scolaires. « On va perdre le peu d’unité qu’assurait l’État fédéral au niveau des 50 États. » Avec le risque de voir s’accroître encore les disparités de financement entre les écoles publiques. 

Une longue croisade

Les tentatives républicaines de faire abolir le département de l’Éducation, créé en 1979 sous la présidence du démocrate Jimmy Carter, ne datent pas d’hier. Mais elles ont pris de l’ampleur ces dernières années sous l’impulsion du « Parental rights movement », le mouvement pour les droits parentaux, en réaction aux politiques progressistes qui préconisaient par exemple des programmes d’inclusion destinés aux élèves LGBT+.

Il s’est aussi opposé aux fermetures d’écoles et aux restrictions sanitaires imposées lors de la pandémie de Covid-19, considérées par certains comme une atteinte aux droits des parents sur l’éducation de leurs enfants.

Lors de son premier mandat, Donald Trump avait déjà tenté de faire supprimer ce ministère, mais cette mesure n’avait pas été adoptée par le Congrès à l’époque.

C’est aussi un nouveau front judiciaire qui s’ouvre pour l’administration Trump. Cette décision est d’ores et déjà contestée par les procureurs généraux d’États américains dirigés par des démocrates, qui ont déposé un recours la semaine dernière.

RFI

1 COMMENTAIRE

  1. Je cite: « …S’il joue un rôle limité dans le système éducatif aux États-Unis, sa disparition ne serait pas sans conséquences sur la scolarité des jeunes Américains. … »

    Dit-on que les ELECTIONS ONT DES CONSEQUENCES ! C’est peut-etre le dernier sinon seul pays ou cette regle demeure vraie.

    Ce department ne fait pas de l’education (Instruction) mais de l’indoctrination, c.a.d. abrutissement !

    Quitter le pays etant unpensable, mais changer d’Etat et de Conte’ est a la porte’e des gens.

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