Hier, vendredi 15 août 2025, un affreux drame s’est produit sur la route ! Vingt personnes seraient mortes et 24 autres blessées à la suite de cet accident. La cause ? Un bus de transport en commun a basculé d’un pont dans l’oued El Harrach, à Alger.
Le chauffeur, qui a survécu (ainsi que son receveur), a raconté que la direction du minibus s’était bloquée. Le véhicule a été submergé et la moitié des passagers ont perdu la vie.
Les faits sont troublants : le « chauffeur » n’est en réalité pas chauffeur, il ne travaille que le vendredi, pour arrondir ses fins de mois ! Le bus, quant à lui, avait plus de vingt ans. Tout est approximatif dans cette histoire, comme dans ce maudit pays…
À peu près, il n’y avait pas de glissière de sécurité sur le pont, qui aurait empêché le bus de plonger ; ou, si elle existait, elle aurait de toute façon cédé. À peu près, le chauffeur — en vérité un agent de nettoyage — roulait trop vite pour arriver le premier au prochain arrêt, où une autre dizaine de vies attendaient le transport… à la morgue. Il a reconnu que le bus était bondé : en plus des 27 passagers assis, une dizaine d’autres restait debout. Mais là encore, les chiffres restent approximatifs.
Le temps que les secours arrivent, des passants et des automobilistes se sont jetés dans l’oued, où se déversent les égouts, pour sauver quelques survivants et… de nombreux cadavres.
Des braves gens, complètement démunis face à l’ampleur du drame, risquant leur vie et leur santé (véritable risque sanitaire) ! Les secours sont finalement arrivés, accompagnés de commis de l’État en chemisette et pantalons à pinces. Enfin… ceux qui n’étaient pas en vacances, car le ministre des Transports, lui, était porté aux abonnés absents. S’était-il noyé dans une plage d’Ibiza ou d’Alicante ? Rien n’est moins sûr !
Le ministre de l’Intérieur, en revanche, était bien présent. À l’hôpital, devant les caméras, il a affirmé que le président lui-même (il insistait sur ce détail) était très affecté et qu’il promettait un million de dinars pour chaque victime. Ainsi, la vie de chaque Algérien vaudrait cent millions de centimes…
Le ministre des Transports a finalement daigné apparaître, des heures plus tard, sur les écrans des télévisions poubelles, lui aussi en chemisette et pantalon à pinces, pour déclarer — en gros — que ce sont les manœuvres dangereuses des chauffeurs qui sont responsables de ce genre de drame. Il n’est donc pas le premier responsable, mais le premier juge, le premier expert, et celui qui dicte la vérité à distiller au peuple, aux « ghachi ».
Selon lui, ce n’est pas l’état désastreux du parc roulant, ni l’interdiction d’importer de nouveaux minibus, ni l’absence de pièces détachées, ni la vétusté des infrastructures routières comme les glissières ou les ponts qui en sont responsables. Ce ne sont pas non plus les routes impraticables, les nombreux cratères, le manque de marquage ou les innombrables ornières. Ce n’est pas, non plus, l’absence de contrôle des compétences des conducteurs de ces cercueils roulants. Ah bon ? Ce ne sont pas les receveurs drogués qui se livrent à des courses sauvages au vu et au su de tous, sans être inquiétés par les autorités.
Le véritable responsable, selon lui, ce ne sont pas les décisions de l’État de privatiser le secteur des transports, en le confiant à des propriétaires de « touktouks », au lieu de développer des entreprises publiques capables d’assurer un transport moderne et ordonné : avec des horaires fixes, des circuits stables, sans rallyes ni rodéos qui mettent en danger les usagers de la route.
S’il avait un gramme de dignité, cet énergumène en pantalon à pinces, qui se prend pour un ministre, devrait déposer immédiatement sa démission et postuler au gouvernement qui siège à la prison d’El Harrach. C’est là qu’est la véritable place de tous ces criminels en chemisette et pantalon tergal. Mais il y a bien longtemps que les responsables sont irresponsables.
Rendez-vous à la prochaine catastrophe pour voir encore ces individus faire semblant de compatir devant un peuple méprisé, laminé et tourné en bourrique.
La rédaction.