22 novembre 2024
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Du rêve et de l’espoir…

Rêve et espoir

Il faut admettre que, quand le rêve et l’espoir font défaut dans la société, celle-ci meurt à petit feu et court vers son propre suicide.

Le rêve, c’est le synonyme de la liberté et l’antonyme du dogmatisme. Une femme ou un homme dogmatique, sont des êtres qui pensent avoir raison en tout et que tout le monde, autour d’eux, a tort. Donc, il n’y a plus possibilité de débat. Il y a comme une pensée binaire entre le mal et le bien, en éternel conflit pour dominer chacun l’autre.

S’ensuit que, tout ce qui n’est pas conforme à ce que l’on pense est frappé du sceau de traîtrise. Or, une société où l’on trouve qu’il y a usage excessif de mot « traître » est une société malade ; une société qui n’accepte l’autre ou les autres que sous la forme péjorative du déni et de l’imposture ; une société repliée sur elle-même, fermée et surtout imperméable au vent de la tolérance. Celle-ci veut dire ouverture et non pas permissivité.  »

Je est un autre », construit à la manière rimbaldienne, n’est pas du tout un blasphème ni un abus philosophique, mais une sorte de dépassement de soi pour aller à la rencontre de l’autre, dans toute sa complexité et toute sa différence. Il me semble que j’ai lu quelque part une phrase attribuée à Aristote qui dit : « seul un esprit cultivé peut comprendre une pensée différente de la sienne sans avoir à l’accepter ». Bien entendu, chez le philosophe grec, un esprit cultivé n’est pas « forcément » un esprit instruit, mais un esprit « défriché », « labouré », « travaillé », pour être préparé aux semailles.

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La période des semailles dans l’agriculture est importante, parce qu’il faut d’abord avoir de la pluie, pour que la terre toute fraîche qui reçoit les premières semences en automne, s’apprête à davantage de pluie et de neige en plein hiver.

D’ailleurs, en Kabylie, la tradition exige qu’on sème d’abord des grains de grenade, avant même que la charrue et les deux bœufs démarrent le labeur. La grenade est un fruit synonyme de fertilité et de baraka. La baraka, c’est l’amour de la terre, ou plutôt l’attachement à soi, aux siens, et sa terre, tout en implorant la force divine, pour qu’elle nous donne une belle et bonne récolte.

Dans la cosmogonie berbère ancienne, on a inventé même des mythes, comme « Tislit w’Anzar » (la déesse de la pluie) qui, toute belle, toute féconde, toute omniprésente qu’elle fût, séduira le dieu climat et abreuvera la terre de pluie. C’est dire combien le rêve et surtout l’espoir sont les deux moteurs nécessaires qui tirent en avant la société, et la mettent à l’abri du fatalisme et de la régression. Semons alors les têtes du rêve et de l’espoir avant qu’il ne soit tard!

Kamal Guerroua

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