21 novembre 2024
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Échos du Djurdjura : méditations d’un jeune centenaire algérien (*)

Kabylie
Image par Loyloy Thal de Pixabay

Cette contribution intitulée « Les Échos du Djurdjura : Méditations d’un jeune centenaire algérien » évoque une méditation profonde d’un individu âgé de cent ans vivant en Algérie n’ayant jamais connu la France Métropolitaine « Je n’ai connu la France dira-t-il qu’à travers la lecture et l’écriture.

A six ans, je savais dessiner la carte de la France les yeux fermés et l’histoire de la France sur les bouts des doigts sans y mettre les pieds ».

Toute ma vie j’ai voulu dire je sais comme Jean Gabin. Seulement plus je cherchais moins je savais. Il y a cent coups qui vont sonner à l’horloge, je suis encore en haut de la montagne, je regarde et je m’interroge.. Maintenant je sais qu’on ne sait jamais.

La métaphore d’un jeune centenaire algérien repoussé, confronté aux problèmes inextricables dans lesquels se débat son pays, offre une réflexion profonde sur le phénomène récurrent de la création des conditions de colonisation des peuples qui n’ont pas su tirer les leçons de leur passé et qui continuent à les reproduire au présent. ;

Adossé à un tronc d’arbre d’olivier millénaire sur les hauteurs du Djurdjura surplombant la vallée de la Soummam, il observe et s’interroge :  «Durant la colonisation française, nous avions des ânes pour serpenter les montagnes pour transporter nos vivres et les rues de la casbah pour transporter nos déchets,. Plus d’un demi-siècle de souveraineté nous n’avons plus d’ânes, nous les avons mangé en viande hachée, nous nous sommes métamorphosé. Nous avons cessé d’être des êtres humains pour devenir des animaux. Nous avons le cerveau incrusté dans notre ventre ».

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Dans cette métaphore, les ânes symbolisent non seulement un moyen de locomotion et de travail, mais aussi une ressource vitale pour la survie quotidienne. Pendant la colonisation, ces animaux ont été utilisés pour naviguer à travers les montagnes et les rues de la casbah, offrant des services essentiels en ville et en campagne. Cependant, le fait qu’ils aient été consommés ultérieurement souligne la manière dont les ressources essentielles ont été épuisées, exploitées ou sacrifiées au fil du temps.

Le jeune centenaire, en méditant sur cette réalité, pose des questions profondes sur les conséquences à long terme de la colonisation. La disparition des ânes en tant que métaphore suggère une perte irréparable, à la fois tangible et symbolique. Cette perte peut être interprétée comme une métaphore des ressources naturelles exploitées de manière excessive pendant la colonisation, laissant un vide difficile à combler pour les générations futures.

La référence à la viande hachée suggère également une dimension tragique et déchirante de cette expérience postcoloniale. La métaphore de manger les ânes, autrefois des compagnons utiles, souligne le désespoir et la nécessité de survivre dans un contexte difficile. Cela pourrait être interprété comme une allusion à la lutte pour la subsistance, où les ressources essentielles sont exploitées au point de devenir une simple source de nourriture plutôt que des partenaires de travail.

En extrapolant cette métaphore, on peut explorer la manière dont les conséquences de la colonisation persistante dans la société contemporaine. La disparition des ânes pourrait représenter la perte de valeurs culturelles, de traditions, voire d’une identité collective. Le jeune centenaire, témoin de ces changements, se trouve confronté à un dilemme existentiel, questionnant la manière dont son pays et ses habitants ont évolué au fil des décennies.

De plus, la référence au jeune centenaire ajoute une dimension temporelle importante à la réflexion. En évoquant soixante ans après la colonisation, la métaphore suggère que les impacts de cette période sombre de l’histoire restent palpables et influents sur la réalité actuelle. Les problèmes inextricables dans lesquels se débat le pays peuvent être compris comme des héritages complexes et profonds résultant de l’expérience coloniale.

En conclusion, la métaphore du jeune centenaire algérien repulsé offre une perspective puissante sur la colonisabilité des peuples. Elle souligne la manière dont les conséquences de la colonisation persistent à travers le temps, affectant non seulement les ressources matérielles, mais aussi les tissus culturels et identitaires. Cette réflexion invite à une introspection profonde sur l’histoire, la résilience et les défis persistants auxquels sont confrontés les peuples postcoloniaux.

Dans la méditation du jeune centenaire, une dimension politique et sociale peut également être explorée. La disparition des ânes pourrait être interprétée comme une métaphore de l’exploitation économique pendant la colonisation, où les ressources locales étaient épuisées au profit des puissances coloniales. Le fait de « manger » ces ressources, une fois précieuses, souligne la manière dont les peuples colonisés ont été contraints de s’adapter à des réalités difficiles, parfois en sacrifiant des éléments essentiels de leur patrimoine.

La métaphore peut également pointer du doigt les structures politiques postcoloniales qui ont parfois contribué à la dégradation des ressources nationales. Le jeune centenaire, en se questionnant sur la disparition des ânes, peut implicitement interroger les choix politiques et économiques qui ont façonné son pays au fil des décennies. Cela souligne la nécessité d’une réflexion critique sur l’héritage de la colonisation et sur la manière dont les sociétés postcoloniales peuvent forger leur propre destin.

En outre, la métaphore des ânes offre une perspective sur la transformation des relations sociales. Autrefois des alliés indispensables, les ânes ont été réduites à une simple source de nourriture. Cela pourrait refléter des changements dans les dynamiques sociales, les relations de pouvoir, voire une perte de solidarité au sein de la société. La métaphore sert ainsi à interroger les transformations culturelles profondes qui accompagnent souvent les périodes postcoloniales.

En somme, la réflexion du jeune centenaire sur la disparition des ânes peut s’étendre au-delà des aspects politiques, économiques et sociaux de l’expérience post-coloniale. Elle invite à une compréhension nuancée des héritages coloniaux, soulignant la nécessité de reconnaître et de traiter les conséquences complexes qui perdurent, tout en cherchant des voies vers un avenir plus équitable et autodéterminé.

La métaphore des ânes peut également être perçue comme un moyen d’explorer la notion de résilience et de survie dans des conditions difficiles. Le jeune centenaire, en constatant la disparition de ces animaux essentiels, témoigne non seulement des perturbations matérielles provoquées par la colonisation, mais aussi de la résilience du peuple face à ces perturbations.

La décision de manger les ânes peut être interprétée comme un acte de survie, où les individus ont dû s’adapter à des circonstances économiques difficiles. Cependant, cela soulève également des questions morales et éthiques sur les choix que les sociétés post-coloniales sont parfois contraintes de faire pour subsister. Cette dimension invite à une réflexion sur les compromis inévitables auxquels sont confrontés les peuples dans leur quête de survie, tout en soulignant la nécessité de solutions durables.

Par ailleurs, la métaphore pourrait également être élargie pour explorer les différentes formes de colonisation, qu’elles soient économiques, culturelles ou politiques, qui peuvent perdurer au-delà des périodes formelles de domination étrangère. Les ânes, dans ce contexte, pourraient représenter les multiples facettes des ressources exploitées ou sacrifiées au cours de l’histoire, et la métaphore mise en lumière les défis persistants auxquels sont confrontés les peuples postcoloniaux dans la préservation de leur autonomie et de leur identité.

En fin de compte, la réflexion du jeune centenaire sur la disparition des ânes invite à une exploration profonde de la complexité des expériences post-coloniales. Elle souligne la nécessité d’une compréhension nuancée des héritages coloniaux et des défis contemporains, tout en appelant à des solutions qui promettent la dignité, la justice et l’autodétermination des peuples. Cette métaphore puissante offre ainsi une voie vers une réflexion critique sur l’histoire, le présent et les aspirations futures d’une nation en quête de réconciliation et de renouveau.

L’absence des ânes dans la réalité contemporaine du jeune centenaire pourrait également susciter une réflexion sur la manière dont les nations postcoloniales ont évolué dans leur relation avec la nature et les ressources environnementales. La disparition de ces animaux de travail traditionnels pourrait être liée à des changements dans les modes de vie, les pratiques agricoles, voire à une urbanisation croissante.

En se penchant sur cette perspective, la métaphore des ânes pourrait symboliser la transition d’une société agraire à une société plus industrialisée, où les besoins et les priorités ont évolué au fil du temps. Ceci soulève des questions sur la durabilité, les choix de développement et la manière dont les sociétés post-coloniales naviguent entre tradition et modernité.

De plus, la méditation du jeune centenaire pourrait inciter à examiner les héritages culturels et la préservation du patrimoine dans un contexte post-colonial. La disparition des ânes, au-delà de son impact économique, pourrait être perçue comme une perte culturelle. La métaphore suggère ainsi la nécessité de préserver les éléments culturels et identitaires menacés par les dynamiques post-coloniales, tout en s’adaptant aux exigences du monde moderne.

En fin de compte, la métaphore offre une toile complexe pour comprendre les multiples dimensions des sociétés post-coloniales. Elle interroge les aspects économiques, politiques, sociaux, culturels et environnementaux de l’évolution d’une nation, invitant à une introspection approfondie sur la manière dont ces éléments sont tissés dans la trame de l’histoire post-coloniale. En ce jour anniversaire, la métaphore ouvre la porte à une célébration de la résilience, tout en incitant à une vision constructive pour l’avenir.

Dans le cheminement de la réflexion du jeune centenaire, l’absence des ânes pourrait également être considérée comme un rappel des défis socio-économiques persistants auxquels fait face le pays. La disparition de ces animaux de travail pourrait être liée à des difficultés économiques structurelles, à des inégalités persistantes, voire à des décisions politiques qui ont façonné le destin de la nation au cours des décennies.

La métaphore souligne ainsi la nécessité d’une introspection critique sur les politiques nationales, sur la manière dont les ressources sont gérées et sur la distribution des avantages au sein de la société. Les interrogations du jeune centenaire ne se limitent pas seulement à la perte matérielle des ânes, mais s’étendent à la compréhension profonde des mécanismes qui ont conduit à cette réalité contemporaine.

De plus, la référence à la casbah et aux rues évoque la dimension urbaine de l’expérience post-coloniale. La disparition des ânes, utilisées à la fois en ville et en campagne, souligne les transformations complexes qui ont eu lieu dans le tissu social et économique des communautés urbaines et rurales. Cette dualité offre une perspective plus large sur la manière dont l’impact de la colonisation a touché divers aspects de la vie quotidienne et de la structure sociale.

En envisageant cette métaphore dans une perspective prospective, elle peut également servir de catalyseur pour des discussions sur des solutions durables. Comment la nation peut-elle relever les défis actuels tout en préservant son identité culturelle et en assurant une répartition équitable des ressources ? La métaphore des ânes incite à explorer des voies vers le renouveau économique, social et culturel, tout en tirant des leçons du passé.

Ainsi, la réflexion du jeune centenaire sur la disparition des ânes se transforme en une invitation à l’action, à la recherche de solutions novatrices et à la construction d’un avenir qui honore le passé tout en embrassant les défis contemporains. C’est une célébration de la résilience, de la compréhension profonde et de l’espoir pour une nation qui continue d’évoluer et de se réinventer. En ce jour anniversaire, cette métaphore offre un point de départ pour un nouveau chapitre, riche en possibilités et en enseignements.

Dr A. Boumezrag

(*) Le regard d’un jeune centenaire algérien sur son pays est un témoignage poignant qui transcende le temps et les générations. Il reflète l’expérience d’un individu ayant vécu plus d’un siècle, traversant des époques marquées par des changements sociaux, politiques et culturels significatifs. Le jeune centenaire, par sa longévité exceptionnelle, incarne une continuité avec le passé. Son regard porte la mémoire de l’histoire coloniale, de la lutte pour l’indépendance et des décennies postcoloniales. Il est un pont vivant entre des époques distinctes, offrant une perspective unique sur l’évolution de son pays.

1 COMMENTAIRE

  1. « … En évoquant soixante ans après la colonisation, la métaphore suggère que les impacts de cette période sombre de l’histoire restent palpables et influents sur la réalité actuelle. »
    J’ai essaye’ de vous suivre, puis je tombe sur cet os que je n’arrive a avaler. Certes, mon reguard d’ici et maintenant donne une perspective differente de celle de l’epoque, mais tout de meme ! Il y a avait d’autres qui allaient et revenaient de cette metropole lointaine, qui auraient rapporte’ qu’ailleurs on se dechire sans pitie’. Je suppose que la 1 ou 2nde guerre dites mondiales avaient deja eut lieu. Qu’y avait-il labas au sommet du Jurjura qui s’activait a se preparer contre une eventuelle attaque? Waloo, absolument rien. Au fait, ca ne date pas que d’un siecle avant, mais de tant d’autres(siecles) que ca parrait comme toujours, comme une eternite’. Avec quelques reperes historiques, il y a bien lieu de remonter a avant Jesus, lorseque Jugurta fut pris et la smala continua a macher son foin. Et on peut continuer ainsi, vague apres vague, des zinzins arrivent, prennent femmes et enfants et les siMouhs contemplent, adosse’s a un arbre du haut de la colline etc. Quand a la « penible periode coloniale », franchement, je ne vois pas ou est la peine. Fransa y a laisse’ des ecoles, des hopitaux, des routes et une langue utile. Ce site en l’incarnation. Puis cette histoire de modernisme et d’evolution, c.a.d. VOTER. La derniere fois que les Algeriens ont vote’, c’etait pour dire non a l’emancipation, c.a.d. en 1960.
    Je ne suis pas critique pour le plaisir. Mais, avancer n’est pas possible sans tout questionner.

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