Le militant et opposant égyptien Alaa Abdel Fattah, 43 ans, figure emblématique du soulèvement de 2011 qui a évincé Hosni Moubarak du pouvoir, a été gracié ce lundi 22 septembre par le maréchal-président Abdel Fattah al-Sissi. Abdel Fattah a passé les dix dernières années en prison malgré les protestations nationales et internationales.
Alaa Abdel Fattah a connu les prisons de Hosni Moubarak, des Frères musulmans et surtout d’Abdel Fattah al-Sissi. Il figurait parmi un groupe de sept détenus pour lesquels le Conseil égyptien des droits de l’Homme avait récemment soumis une pétition de clémence. Sa mère l’activiste et universitaire Laila Soueif, a récemment mis fin à une grève de la faim de 10 mois menée pour réclamer sa libération.
Cette dernière a passé des semaines à camper devant le ministère britannique des affaires étrangères et le bureau du Premier ministre à Downing Street pour faire connaître le cas de son fils.
Icône de la révolution égyptienne de 2011, Abdel Fattah est rapidement entré en collision avec le président Sissi dès son élection en 2014.
Au centre du conflit, il y a des protestations contre une loi rendant les manifestations non gouvernementales quasi impossibles. Quinze ans de prison qui sont commuées à cinq.
En 2019, à peine libéré, Alaa Abdel Fattah est à nouveau arrêté et condamné pour cinq ans de prison pour « publication d’informations mensongères ». Abdel Fattah a observé de multiples grèves de la faim et a reçu le soutien du gouvernement britannique qui l’a naturalisé lui, sa mère et sa sœur.
Les Nations unies ont aussi estimé l’incarcération arbitraire. La libération d’Alaa Abdel Fattah et de six autres militants fait partie d’une ouverture du pouvoir vers la gauche pour mieux continuer à combattre les Frères musulmans.
Amr Magdi, chercheur senior auprès de la division Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Human Rights Watch, a commenté ainsi cette décision :
« La grâce accordée par le président Sissi à l’activiste égyptien Alaa Abdel Fattah est une bonne nouvelle, quoique tardive. Tout en célébrant l’annonce de cette grâce, nous devons aussi penser aux milliers d’autres personnes qui croupissent encore en prison en Égypte, simplement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression comme l’avait fait Aala. Espérons que sa libération marque un véritable tournant, et que le gouvernement d’Abdel Fattah al-Sissi mettra aussi fin à la détention arbitraire de ces milliers d’autre personnes ayant pacifiquement exprimé des critiques. »
Depuis son arrivée au pouvoir en 2013, Abdel Fattah al-Sissi est accusé par des organisations de défense des droits humains d’avoir progressivement muselé la population.
L’Égypte du maréchal-président al Sissi compte plus de 60 000 prisonniers d’opinion, dont « des militants pacifiques, des défenseurs des droits humains, des avocats, des universitaires et des journalistes détenus uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association », selon l’ONG Amnesty International.
La rédaction avec agences