L’édition 2025 du Prix littéraire de la Grande Mosquée de Paris a mis à l’honneur quatre écrivains du monde francophone dont les œuvres font dialoguer mémoire, identité et spiritualité. Parmi eux, l’essayiste et économiste algérien El Mouhoub Mouhoud s’est vu décerner le Prix du Meilleur Essai pour son livre Le Prénom. Esquisse pour une auto-histoire de l’immigration algérienne, paru aux éditions du Seuil.
Dans cet ouvrage intime et réflexif, El Mouhoub Mouhoud retrace la trajectoire de sa famille et, à travers elle, celle de plusieurs générations d’Algériens installés en France. Le « prénom » devient ici le fil conducteur d’une mémoire partagée, un signe d’appartenance et parfois de fracture. L’auteur y mêle souvenirs personnels, analyse sociologique et regard critique sur les héritages de l’immigration.
Un texte sobre et juste, qui interroge la transmission, la langue et le rapport complexe entre la France et l’Algérie.
Le jury du prix, qui en est à sa 4ᵉ édition, a salué « une écriture à la fois intime et collective, capable d’embrasser l’histoire des migrations algériennes sans jamais perdre la densité humaine du vécu ».
À ses côtés, trois autres lauréats complètent ce palmarès 2025 :
- Hajar Azell, romancière marocaine, obtient le Prix du Meilleur roman pour Le sens de la fuite (Gallimard), récit d’une jeune femme en quête de liberté, entre rupture et mémoire de l’exil.
- Catherine Mayeur-Jaouen, historienne française, reçoit la Mention spéciale du Jury pour Le culte des saints musulmans (Gallimard), une étude magistrale sur la diversité des pratiques spirituelles dans le monde musulman.
- Enfin, le Grand Prix du Jury a été attribué à titre posthume à Abdelwahab Meddeb, écrivain et penseur tunisien, pour l’ensemble de son œuvre, à l’occasion de la parution de L’islam au croisement des cultures (Albin Michel) et Vers l’Orient (Stock).
Avec ces distinctions, le Prix littéraire de la Grande Mosquée de Paris confirme sa vocation : mettre en lumière des voix issues de l’espace musulman francophone, capables de penser le monde contemporain sans renier leurs racines culturelles.
Pour l’Algérie, la distinction d’El Mouhoub Mouhoud résonne tout particulièrement. Elle rappelle la place centrale qu’occupent les écrivains algériens dans la réflexion sur la mémoire et l’exil, mais aussi leur capacité à relier les expériences individuelles à une histoire collective souvent douloureuse.
Dans un contexte où les débats sur l’identité et la migration restent sensibles, Le Prénom s’impose comme un texte de transmission et d’apaisement.
En célébrant ces auteurs venus du Maghreb et de France, la Grande Mosquée de Paris rappelle que la littérature demeure un espace de dialogue et de reconnaissance mutuelle.
Et à travers El Mouhoub Mouhoud, c’est toute une génération d’Algériens de la diaspora qui voit son expérience reconnue comme partie intégrante de l’histoire commune.
Djamal Guettala