AccueilIdéeElections : le politique ne mourra pas

Elections : le politique ne mourra pas

Il paraît que le mouvement anthropologique enclenché par la révolution du 22 février intéresse toujours les penseurs officiels, plus précisément les culturalistes.

La preuve : les stratèges de l’Etat ont tenté et ils ont réussi à attirer les candidats vers l’espace des revendications sociales. Des courants et non des moindres se sont coupés du politicisme et ont accepté d’axer leurs discours sur les problématiques sociales. J’ose dire qu’il s’agit d’un miracle. Les culturalistes ont cédé, les ethnicistes et les identitaires n’ont pas formé un front droitiste appelant clairement au boycott. Bien plus, le vocable « boycott » ne revient plus dans la scène publique.

Si les socialistes ont été contraints au silence, il reste encore une place aux algérianistes qui continuent de lutter contre les pulsions mortelles des existentialités nihilistes et de cultiver le temps en créant des temporalités aux antipodes des subjectivités idéologiques entretenues par les centres qui détiennent le pouvoir universel, lesquels continuent de monopoliser le savoir et de réduire les civilisés en entités personnelles conceptuellement en conflit avec la poussée phénoménologique du savoir pro-husserlien.

Les occasionnels du politique (les électoralistes), bourgeois de fait, ne peuvent pas comprendre ce qu’est l’acte politique dans toutes ses dimensions. Un gauchiste algérien a multiplié ses posts Facebook sans se rendre compte qu’il est en train de perdre sa pièce d’identité politique. Pas de soucis : on suit l’ambiance festive que libèrent les ouvriers politiques sous les ordres des bourgeoisies civiles et militaires.

Il faut que les Algériens développent l’identité de leur psyché et de s’entendent sur les questions politiques contre la tension orientalo-occidentale qui étrangle l’Algérie : l’impérialisme est une des temporalités que s’est créées les peuples pour nier leurs compétences de compréhension pour déléguer leurs pouvoirs et leurs savoirs à des gens instruits pour nous représenter en cas de grave crise existentielle au motif qu’ils ont le savoir adéquat.

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Dire « ne pas savoir » est le confort le plus convoité. Le politique, ce n’est ni la matérialité mondaine, ni la spiritualité révolutionnaire, c’est plutôt la gestion de l’Instant qui s’érige en phénomène par sa simplicité angoissante.

Négocier sa part avec soi. Ces occasionnels du politique enlaidissent l’image de l’activité politique, créent de fausses causes politiques et écrasent les militants de base qui sont les fondateurs du rapport de force et les soldats de la doctrine du parti. Je pense que le néolibéralisme a atteint son acmé quand il a réussi à discréditer le concept de parti en créant ce qui est communément appelé « des mouvements. »

En dissidence, la scène politique pro-libérale élit un président qui se dit socialiste, mais qui n’a aucun lien avec son ancien parti. On a créé des idéologies – passez-moi ce vulgaire et néanmoins dur mot- libertines. Tous les engagements sont abandonnés et toutes les valeurs sont bafouées.

Mais, au nom de quelle morale ? Il en faut une pour faire avaler l’impudeur aux militants réfractaires, essentiellement ontologiques : le slogan. Créer des majorités « artificielles » et les convertir en foules sans retenues idéologiques et acquises à une liberté sauvage profitable aux dominants (libéraux) au prétexte que la foule peut facilement se métamorphoser en horde primitive dont les penchants instinctuels sont aiguisés par les ethno-culturalistes narcissiques et les religieux « mystificateurs » : la guerre sera notre fin, nous, humains. Sur nos gorges passera la lame de la bénédiction.

Les occasionnels de la politique devront savoir que le politique est un fait existentiel et qu’il opère selon les schémas conceptuels « archaïques » et non selon les projets politiques qui s’élaborent dans les territoires perdus de la Raison, ni dans les espaces acquis par les élans pulsionnels.

Pourquoi le politique ? D’abord, éviter que le socialisme soit relégué au détriment du politicisme : l’Être national ne s’est pas formé parce qu’il lui est interdit de s’autopenser. Les dimensions « géométriques » d’existence sont multiples et les techniciens le sont davantage.

Ces derniers sont les libertins de la science et les défiants de l’idéologie. Mais, ils sont incontournables dans l’action quotidienne. Ensuite, le politique, du moins dans notre contexte, peut réunir « le comment et le quoi partager ? » : la répartition équitable des richesses.

Disons de la rente, puisque la secte matérialiste qui loge un peu partout dans les espaces dédiés aux discours communs nous tiendra rancune quand « nous nous mettons à brader les acquis sociaux » dont eux-mêmes profitent pour réaliser des actes politiques dits originaux. Le politique est une solitude jubilatoire et une communion morne. C’est le temps de l’autocritique, des comptes rendus, des révisions déchirantes et des projections…plafonnées. Il n’y a rien qui puisse nous faire arrêter de penser à notre posture de politiques ontologiques.

La posture du militant devient complexe, car lorsqu’on pose la question de la répartition des richesses nationales, on trouvera dressée contre nous, la question du « nous ». Où jouerons-nous, militants ?

Cette question handicape le débat dans la mesure où elle est chargée de régler la problématique des idéologies, en Algérie, en fait, factices et névrotisantes. En clair, les islamistes et les berbéristes devraient-ils être acceptés tels quels dans l’exercice politique ? Cela est la plus grande question que ne régleront que les révolutions, anthropologique et épistémologique, dont l’intérêt dépasse le politique (concept infra-social), parce que celui-ci donnerait au sujet « constitué » le droit de se présenter en tant qu’entité autonome et capable de se servir de soi sans être endettée.

Quant aux élections, tant que les institutions demeurent sans politique vitalisante, tant que le sujet risque de se retirer dans les nuits sombres des plus bas âges de l’humanité, tant que des clivages aux tendances criminelles sont garantis par les clichés et les mythes, elles ne servent à rien et elles ne serviront à rien. De l’instauration du politique à la consécration de l’épistémè, la nation aura accès à la délibération universelle (dans des zones de savoir bien particulières) et pourra, par la contre-Histoire qu’elle mènera, s’ouvrir sur l’œuvre politique acquise pourtant aux thèses bourgeoises.

Abane Madi        

1 COMMENTAIRE

  1. « Ayen yellen inna-t-id s-usennen… ma d nekk Ulleh ma fehmegh tapiunt !  » (Mohya)
    En attendant votre bonne ordonnance, Docteur MADI, n’hésitez surtout pas sur les boites du bon vieux Dolicrane ! Nos pauvres neurones n’en peuvent plus ! Vous les avez réveillé brutalement, elles, habituées à une indolence estivale bienfaitrice. Je ne sais pas si on va sortir indemne de cette affaire… mais on y croit fermement…

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