À l’occasion de la sortie du nouveau film d’Alejandro Amenábar consacré à Miguel de Cervantes, Emma Lira publie El Cautivo (Espasa, 2025), un roman historique qui plonge dans les cinq années de captivité de l’auteur du Quichotte à Alger, après la bataille de Lépante en 1575.
Journaliste voyageuse et spécialiste de la fiction historique, Lira sera également l’accompagnatrice d’un voyage inédit en Algérie organisé par El Pais Viajes en janvier 2026, offrant aux participants une immersion dans les lieux qui ont inspiré cette fascinante histoire.
« Tout s’est parfaitement aligné », confie Emma Lira à El Pais. « La sortie simultanée du film et du livre n’est pas fortuite : elle permet aux lecteurs et spectateurs d’explorer l’histoire à travers deux médiums complémentaires. Quant au voyage, il offre une immersion unique dans les lieux mêmes où Cervantes aurait été prisonnier, comme la grotte où il aurait tenté de s’évader. »
Si le film a été tourné intégralement en Espagne, principalement à Alicante et Séville, avec des intérieurs aux Reales Alcázares et des scènes extérieures au château de Santa Bárbara, le roman propose une plongée plus profonde dans les personnages et les intrigues. « Mon livre n’est pas une simple transposition du scénario », précise Lira. « Il explore la complexité des relations humaines à Alger au XVIe siècle, notamment entre Cervantes, son captor Hassan Bajá et Antonio de Sosa, le chroniqueur de sa captivité. Ces cinq années ont façonné l’homme et l’écrivain qu’il est devenu. »
Résumé de El Cautivo
En 1575, le jeune soldat Miguel de Cervantes est capturé en haute mer par des corsaires arabes et emmené à Alger. Conscient que sa vie dépend du paiement rapide de sa rançon, il se réfugie dans sa passion pour raconter des histoires. Ses récits redonnent espoir à ses compagnons de captivité et attirent l’attention d’Hasán, le mystérieux et redouté Bey d’Alger, avec lequel se noue une étrange complicité. Alors que les tensions s’exacerbent parmi ses compagnons, Miguel, animé par un optimisme inébranlable, imagine un audacieux plan d’évasion.
Le roman explore la liberté sous toutes ses formes — conscience, expression, identité — et célèbre le pouvoir de la narration, tout en retraçant la vie de celui qui deviendra l’un des plus grands génies de la littérature universelle.
Pour Emma Lira, cette histoire est avant tout un hymne à la liberté. « Il ne s’agit pas seulement de liberté physique, de survivre en tant que prisonnier, mais de liberté dans tous ses aspects : croyance, condition sociale, choix personnels. Ces thèmes m’accompagnent depuis toujours dans mes romans, et le contexte historique d’Alger m’a offert un terrain idéal pour les explorer. »
L’Algérie occupe une place particulière dans la vie et l’œuvre de l’auteure. « Je suis profondément attachée au Maghreb et au monde musulman. J’apprécie le patrimoine andalou et nord-africain, qui a façonné notre civilisation pendant huit siècles. L’Algérie reste un territoire fascinant, encore largement inexploré par le tourisme. Les prix y sont abordables, les sites authentiques, et l’histoire immense. On a presque la sensation de découvrir un monde pour la première fois. »
Le voyage prévu avec EL PAÍS Viajes emmènera les participants à travers Alger, le site romain de Tipasa, le mausolée de Cléopâtre Séléné, la côte méditerranéenne et le désert de Timimoun, surnommé « l’Oasis Rouge » du Sahara. « Nous voulons que ce voyage permette de ressentir l’Algérie dans toute sa richesse : ses paysages, son histoire, sa culture, mais aussi l’émotion et la vie quotidienne. Ce sera une immersion totale », explique Lira.
Le roman et le film, bien que liés, offrent deux expériences complémentaires. « Le film montre l’action et la tension, tandis que le roman permet de pénétrer la psychologie des personnages et d’explorer les détails historiques. Par exemple, dans le livre, la première personne est celle du Bajá, alors que dans le film, c’est Antonio de Sosa qui raconte l’histoire. Cela offre au lecteur une perspective différente et plus intime sur ces événements. »
L’auteure évoque également les aspects controversés de la captivité de Cervantes. « Certains documents de l’époque évoquent des relations intimes entre Cervantes et son captor. La question de la survie et des choix faits pendant ces cinq années à Alger demeure un sujet de débat et d’interprétation. Mon roman et le film proposent des hypothèses, laissant chacun libre de tirer ses propres conclusions. »
Enfin, elle insiste sur l’importance de redécouvrir et valoriser l’histoire partagée entre l’Europe et l’Afrique du Nord. « Le patrimoine nord-africain – berbère, romain et islamique – fait partie de notre civilisation commune. L’Algérie reste une toile blanche, prête à être explorée et comprise. Découvrir ce pays, c’est comprendre une partie de notre histoire et ressentir l’intensité de ses paysages et de ses cultures. »
Djamal Guettala