« Si tu te tais en situation d’injustice, alors tu as choisi d’être complice. » Desmond Tutu.
Arrestations tous azimuts, mandats de dépôt, procès expéditifs, condamnations, à des peines de prison ferme dans la plupart des cas, emprisonnement ; l’algorithme répressif du pouvoir Tebboune-Chanegriha est désormais optimisé pour fonctionner à plein régime. Et ce ne sont malheureusement pas nos valeureux citoyens qui ont décidé de recourir à la grève de la faim qui mettraient fin à ces dérives totalitaires.
Rien, ni personne ne semble en mesure de ramener un peu de raison dans la caboche de nos dictateurs, « en herbe » selon leurs propres jauges de mesure. Personne n’est à l’abri de l’arbitraire. Mais pourquoi s’en étonner quand le clan du moment fait payer jusqu’à ses anciens maîtres alors que tout ce beau monde, qui gesticule dans tous les sens pour essayer de convaincre les naïfs que nous sommes d’une virginité morale, ne perdait pas un instant pour applaudir et glorifier nos souverains précédents, à leur tête la famille Bouteflika ?
Les arrestations se poursuivent aux quatre coins du pays, pour des motifs souvent farfelus, sous couvert d’atteinte à la sécurité et à l’unité du pays. Comme si des mains nues avaient la capacité de faire face à un arsenal policier et militaire bien dressé pour baigner dans la haine du citoyen pacifique.
Désormais leur slogan n’est plus « qui n’est pas avec moi est contre moi » mais « qui n’applaudît ces sots est bon pour le cachot ». À ce rythme, nous allons tous finir dans leurs geôles ! qui pour avoir osé dénoncer le despotisme qui règne au sommet, qui pour avoir proposé un schéma politique moderne basé sur un fédéralisme salutaire qui a donné ses preuves ailleurs, et qui pour se plaindre de la vie de chien à laquelle font face de plus en plus de citoyens.
Par les temps qui courent il suffit de revendiquer sa liberté de penser et de s’exprimer, en dénonçant, sans ambiguïtés, les iniquités qui s’abattent sur le citoyen algérien pour vous mettre en danger. Ces Mesures coercitives et hostilités caractérisées à l’encontre des citoyens prennent une allure de règle générale que personne ne semble à l’abri.
Les Algériens de France et d’ailleurs – même les binationaux ne sont pas épargnés – sont considérés personæ non gratæ dans leur propre pays depuis qu’Abdelmadjid Tebboune a la charge de nos destinées !
Depuis quelques mois, on assiste à des arrestations tous azimuts dans les ports et aéroports d’Algérie de citoyens pacifiques, empêchés souvent de rentrer chez eux, en France ou dans d’autres pays de résidence, pour le seul tort de ne pas applaudir la junte militaire.
Pour ne citer qu’un exemple typique, Muhend Taferka, l’un des animateurs parisiens les plus engagés dans le développement de la culture kabyle, a été refoulé aux frontières à son retour vers la France, le 27 avril 2023. Sa propre famille est, depuis, sans nouvelles. On ne sait s’il est vivant ou mort.
Son délit ? Défendre et promouvoir la culture amazighe, en général, et kabyle, en particulier.
À lui seul, cet exemple démontre l’obsession du pouvoir d’Alger d’asservir toute ascendance qui ose s’écarter de l’hégémonie orientale.
Devons-nous ainsi être proscrits, comme de véreux sacripants, de la terre qui nous a vu naître, par le seul fait de critiquer le pouvoir, de nous exprimer en tamazight, et de défendre nos langues et nos cultures millénaires ?
Comment de pas prendre conscience de la gravité de la situation et de cette chasse aux sorcières infernale dont sont victimes les Algériens résidents à l’intérieur et en dehors de l’Algérie ? À tel point que nous sommes nombreux à redouter tout voyage au pays, de peur de pâtir d’une Interdiction de sortie du territoire national (ISTN) – dégainée, à tout va, par une Police des frontières active et une Justice peu affable – qui nous éloignerait de nos familles.
Ce n’est pas en remettant sur selle une police politique déchaînée sur tout citoyen qui n’adhère pas à un projet de société contestable que l’on peut espérer construire une Algérie nouvelle que tous les Algériens ont revendiqué à gorge déployée, et dans la bonne humeur, tout au long des manifestations qui avaient ponctué le grandiose mouvement populaire de 2019 (Hirak).
Faut-il rappeler la résolution du Parlement européen, adoptée le 11 mai 2023 par une majorité écrasante, s’inquiétant de la détérioration significative de la liberté de la presse en Algérie et du harcèlement dont sont victimes non seulement les journalistes mais aussi de simples citoyens qui osent toute expression à contre-courant du discours officiel ?
Mis comment insuffler un tant soit peu de lucidité dans la caboche de nos tyrans quand ils sont convaincus d’avoir raison envers et contre toute logique ?
Kacem Madani