AccueilIdéeEn Algérie, paraît-il, « Edoula mataghlatch » !…

En Algérie, paraît-il, « Edoula mataghlatch » !…

TRIBUNE

En Algérie, paraît-il, « Edoula mataghlatch » !…

Ceux qui détruisaient la matière grise des Algériens depuis des décennies au nom d’une légitimité historique ou d’Allah, en détruisent encore, comme si l’Algérie n’en est rien d’autre qu’un butin de guerre à en user et abuser, malgré les voies de la raison auxquelles des voix raisonnables ne cessent d’appeler. 

Ruses des uns et violence des autres

De grands révolutionnaires ont témoigné pourtant de leur vivant, que certains de ceux-ci, avaient reconnu la grandeur de la France et son droit sur le Nord-ouest du continent Africain, en rêvant même, d’un rattachement de l’Algérie à la France, et n’avaient jamais revendiqué l’indépendance. Et d’autres avaient rusé avec Djamel Abdel Nasser pour les aider à prendre le pouvoir, en contrepartie de l’annexion pure et simple de l’Algérie, dans la géographie du Panarabisme cher aux Zaïm et à son bras droit des renseignements (Fethi Dib) qui sema la zizanie entre révolutionnaires Algériens, juste après le congrès de la Soummam. 

Aujourd’hui, l’histoire veut se répéter à n’importe quel prix en Algérie. Encore la ruse des uns et la violence des autres, malgré l’opportunité du Hirak et la main tendue d’un peuple ayant subi pourtant tous les torts, voire son histoire falsifiée, ses richesses spoliées et sa souveraineté presque (?) hypothéquée. 

Durant les années 60/70, tous les livres parvenant de l’étranger étaient systématiquement contrôlés par le pouvoir, voire censurés dès que le contenu ne correspondait pas aux programmes enseignés dans les écoles ; particulièrement ceux d’Histoire. Et c’était grâce aux  immigrés qui ramenaient à leur risque et péril, des livres et des revues parlant des anciens habitants de l’Afrique du Nord, qu’on a pu découvrir par exemple, que l’Algérie est beaucoup plus ancienne dans sa sociologie et son identité que celle qu’on nous apprenait à l’école.

- Advertisement -

Comme c’était grâce aux anciens prisonniers et militants du FFS, qu’on fréquentait discrètement, qu’on a pu comprendre étant très jeunes déjà, le pourquoi des liquidations rapides de Larbi Ben M’hidi par la France et d’Abane Ramdane par ses frères, quelques mois seulement après les décisions du congrès de la Soummam. 

Durant cette époque, on lisait tout ce qui nous tombait entre les mains, voire surtout, tout ce qui était interdit par le pouvoir à l’époque. Tout se passait en cachette et dans une ambiance de vrais militants d’une cause. Une confiance extraordinaire s’était installée entre camarades de classes, comme si on avait déjà le devoir de corriger un jour, l’histoire de notre pays, alors qu’on avait à peine douze à treize ans.

Il faut dire aussi que les rares rescapés de la Seconde Guerre mondiale, et qui sont revenus dans leurs villages, étaient d’un grand apport pour nous, pour une prise de conscience précoce, quant au sens de la démocratie et le droit d’avoir des droits, de la même manière qu’ils l’étaient pour sensibiliser les gens en 1954. Ces derniers nous parlaient du débarquement en Normandie, de Russes, d’Anglais et de la capitulation du Maréchal Pétain. Comme ils nous racontaient leurs souffrances lors des batailles contre les Nazis. Ils nous parlaient du capitalisme, du communisme, du syndicalisme et les luttes ouvrières, de l’ONU et des droits de l’Homme, du GPRA, de l’Armée des frontières, et plein d’autres choses. 

Etant collégiens dans un internat, on se procurait déjà des revues mensuelles d’histoire, qui étaient interdites par le pouvoir, malgré le risque d’être surpris par les surveillants qui nous mouchardent aux agents de la Sécurité Militaire (SM) en civile, à l’affût des militants du FFS, qu’ils embarquent dans la malle d’une voiture banalisée, pour complot ourdi contre l’Etat.  

Matière première et matière grise

La matière première et la matière grise sont deux matières essentielles et indispensables pour développer un pays. Selon le FLN (version groupe d’Oujda), « Edoula mataghlatch », dans le sens « l’Etat ne se trompe jamais ». En ce sens, et à partir de cette fourberie, la matière première fut toujours gérée par des responsables choisis par critères de Népotisme, alliance familiale ou par courtisanerie. Ces derniers n’avaient de compte à rendre qu’à celui qui les désigne. Quant à la matière grise, elle a toujours été livrée malicieusement par les combinards du système, aux adeptes de l’idéologisation et de l’arabisation à outrance, qui vivent convaincus de leur supériorité religieuse par rapport aux autres et qui poussent l’outrecuidance dans leur chauvinisme, jusqu’à s’arroger le droit de décider même de la manière dont le peuple doit adorer Dieu et d’éduquer ses Enfants. Grave !

Et à propos d’éducation, ce n’est pas par hasard qu’aujourd’hui, l’étudiant algérien trouve toutes les difficultés du monde, pour s’en sortir à l’Université. Ce qui n’est pas le cas des étudiants marocains et tunisiens, qui terminent le cycle secondaire en très bons bilingues, voire trilingues, et par conséquents, capables de suivre des études supérieures sans difficultés ni complexes, dans leurs pays respectifs, comme dans n’importe quelle Université du monde, et de revenir dans leurs pays, sans l’obsession d’affrontement quotidien avec les adeptes de l’idéologisation et de responsables incompétents, qui poussent l’outrecuidance dans l’insolence, jusqu’à confondre l’avenir du pays avec leurs carrières personnelles et l’avenir de leurs enfants, voire de leurs épouses, quand elles appartiennent à la caste…  

Qui sème la discorde, récolte son effet boomerang !

Ceux qui s’entêtent encore à vouloir garder l’Algérie, comme une chasse gardée pour spolier ses matières premières, et ceux qui s’entêtent à vouloir l’assimilation/dissolution de son peuple et sa capitulation/disparition définitive, sont de très mauvais élèves. Car, l’Histoire nous apprend et nous rassure heureusement, que le déclenchement de la révolution en 1954, face à la quatrième puissance mondiale de l’époque, était l’œuvre d’un peuple authentique, qui n’avait pourtant comme armes à ses débuts, que la détermination. Comme elle nous apprend aussi, que les décisions du congrès de la Soummam avaient surpris de Gaulle et Djamel Abdel Nasser dans leurs manœuvres conspiratrices. Car, aux yeux de ces deux derniers, l’Etat-Nation algérien est né, et les choses vont se compliquer pour eux.  

Ceux qui sèment la discorde, ne récoltent que son effet boomerang. En ce sens, la résistance au coup de force de 1962 et ses milliers de morts, la création d’un parti d’opposition en 1963 et ses centaines de morts, les événements du 20 avril 1980 et ses centaines de blessés, les évènements du 05 octobre 1988 et ses centaines de morts, les événement de juin 2002 et ses 127 morts, et enfin, le Hirak du 22 février 2019 qui n’a pas encore dit son dernier mot, mais qui s’apparente d’ors et déjà et enfin, à une prise de conscience nationale, sont autant de signes, pour comprendre, que le peuple Algérien n’abdiquerait jamais…

Il n’abdiquera jamais tant qu’il y aura cette pègre, qui ne quitte le bureau que pour aller à Paris/Dubaï, pour acheter un appartement luxueux avec l’argent sale, sinon, du bureau en prison, lâchée par ceux-là même qui les ont promus au besoin, afin de permettre au système de reblanchir son image, ou bien, du bureau au cimetière, en passant par un hôpital européen, avec l’illusion de rajeunir un corps vieillardé et usé par l’intrigue. Ainsi soit-Il…

Ainsi soit-il… 

Ainsi soit-Il, et aussi bizarre que cela puisse paraître, mais malgré toutes les fins honteuses, voire tragiques, que les hommes du système subissent ces derniers temps, ces derniers continuent dans l’entêtement et à user d’une langue de bois que plus personne n’écoute. Et malgré l’opportunité du Hirak et l’Outil Internet qui montrent quotidiennement l’hypocrisie des pays arabes quant à la cause palestinienne et celle du peuple du Sahara Occidental, et après tant de lâchetés de la ligue arabe, les décideurs algériens continuent à mendier encore, une fausse fraternité de chez l’Orient et une vicieuse collaboration de l’Occident. 

En ce sens, Y a-t-il en fait, des pays frères meilleurs que ceux avec qui l’Algérie partage ses frontières ? Sinon aussi, y’a-t-il meilleure sécurisation des frontières que celle qui est basée d’abord, sur des liens historiques et sociales millénaires ? « Entre la justice et ma mère, je choisirai ma mère », disait Albert Camus. Et « Entre l’Algérie et la démocratie, je choisirai l’Algérie », disait feu Amirat Slimane (Allah irahmou). Et si ce dernier existe encore, il n’hésiterait pas un instant pour choisir les pays Nord-Africains, sur ceux du Golfe. Haine de soi, quand tu nous tiens ! Et Taghenant (ignorance/insolence), quand tu nous abêtisses !

«Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur », disait Winston Churchill. L’Histoire nous apprend, que notre civilisation est aussi ancienne, que celle à laquelle le système a toujours voulu nous identifier. Apulée et Saint-Augustin étaient de grands penseurs qui assuraient des conférences à Carthage, à Athènes et à Rome, du temps où ces villes dominaient le monde.

L’Histoire nous apprend aussi que malgré la domination des Romains, les œuvres extraordinaires de ces penseurs ont toujours gardé le fond bien particulier d’une culture ancestrale, qui était celle de la région qui les a vus naître (le Nord des Aurès). ‘L’âne d’or’ d’Apulée par exemple, est une philosophique inspirée des mythologies de M’Daourouch, localité qui a vu naître aussi, pas trop loin d’elle, celle dont la tête a été réclamée par le Khalifa de Damas, pour s’assurer de la mort de celle qui a préféré combattre jusqu’à la mort, que de se voir consommée en butin d’une conquête religieuse.  

Mais, quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt. Et quand les jeunes du Hirak parlent d’alternative et d’un Etat de droit, le FLN parle de légitimité historique. En ce sens, l’Histoire témoignera, que Karim Tabbou, Fodhil Boumala, Smaïl Lalmas et Fatsah Ouguergouz, et pour ne citer que ceux-là, étaient de ceux qui par devoir de conscience ont voulu montrer le chemin du bon sens à qui doit l’entendre, avec l’espoir de convaincre de la nécessité d’ouvrir sans complexes, la fameuse boite mystérieuse du système militaro-FLN, qui ne diffère point de celle de Pandore, de par, ce qu’elle contient comme secrets horribles. Ces Hommes se sont certainement dit comme tant d’autres auparavant, qu’il faut bien nettoyer un jour, la maison Algérie, transformée par un groupe, en écuries d’Augias.  

La boite est porteuse de tous les malheurs du pays et ne diffère point de la légendaire des temps Gréco-Romano-Berbères. Zeus, a du refuser paraît-il, à Pandore d’ouvrir sa boite, de par ce qu’elle contenait comme maux de l’humanité ; notamment la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie, la Passion, l’Arrogance, l’Orgueil, etc. Et malgré tout, Zeus a voulu croire, paraît-il, à l’existence d’un minimum d’Espérance enfoui au fond de la mystérieuse boite.

Ce dernier pensa même, que cela pourrait probablement le sauver du piège de son avidité à dominer tout, qui finit par lui causer plus de mal que de bien. Et Socrate a du boire le calice jusqu’à la lie après son apologie, et mourir pour la vérité, malgré toutes les tentatives des rois de Delphes pour l’en  dissuader.   

L’Espérance du fond de la boite, est la chose à laquelle voulaient croire Karim Tabou et les autres. Minime soit-elle notre chance pour changer les choses aujourd’hui, se sont dit certainement, que de tomber encore une fois, dans le piège du « ce n’est pas encore le moment ». Maintenant ou jamais !! se sont dits les six fondateurs du FLN en 1954, malgré ceux (..) qui voulaient faire durer leurs privilèges avec la France. « Vivre sans crainte que de mourir dans la peur », se sont dits nos Martyrs, et Etat de droits, nous disons aujourd’hui ! 

Conclusion

Et Dieu va peut-être (?), adoucir les cœurs durs de ceux qui ne quittent leurs bureaux, qu’une fois la mort les surprennent, pour partir directement au cimetière d’El Alia, en fanfaronnade non méritée, sans laisser derrière eux ne serait-ce qu’un seul livre, ou une expérience utile pour les générations futures, après toute une vie de bricolage politico-religieux, d’intrigues, et d’argent sale.

Pendant que certains d’autre-eux, sont envoyés en prison, avec l’illusion de reblanchir l’image d’un système moribond, où s’agrippent de vieux zombis qui poussent l’outrecuidance dans l’insolence, jusqu’à jeter en prison, même l’un des symboles de la Révolution de 1954 ; Lakhdar Bouragâa (Rabi irrahmou). Amen !  

Auteur
Dr. Madjid. Akkouche (retraité)

 




LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

ARTICLES SIMILAIRES

Les plus lus

Les derniers articles