Mercredi 18 octobre 2017
Et si l’élite algérienne gérait le pays comme celle de la Norvège ?
Quelle est exemplaire l’expérience économique de la Norvège ! En septembre dernier, le fonds souverain de ce pays nordique producteur du pétrole a dépassé, pour la première fois après 25 ans de son existence, le seuil de 1.000 milliards de dollars, soit l’équivalent de ce qu’aurait dépensé par exemple l’Algérie dans ses plans de relance économique depuis les années 2000 ou le PIB annuel d’un pays comme le Mexique.
Outre cette manne financière, ses revenus de l’or noir sont placés chaque année en actions ou en obligations dans les sociétés internationales les mieux gérées (le fonds détient 1% du capital des grandes sociétés cotées en Bourse) bien que ses exportations pétrolières n’aient jamais franchi les 35%. L’exploitation de ce fonds-là a permis, en outre, aux autorités norvégiennes d’engranger une plus-value annuelle de l’ordre de 4% (soit environ 40 milliards de dollars par an), laquelle peut facilement atteindre jusqu’à 10% dans les toutes prochaines années.
Toutefois, il n’est guère, semble-t-il, dans l’intention de ces dernières d’encourager leur population, estimée aujourd’hui à 5 millions d’habitants, à compter sur la rente pétrolière pour vivre. Bien au contraire, elles poussent leurs citoyens à ne plus négliger la valeur économique du travail, à sacraliser la culture de l’effort, à établir des bilans familiaux et à économiser pour gagner bien leur vie comme si la rente de leur sous-sol n’existe pas.
Ainsi, les Norvégiens pourront-ils tirer de ce fonds souverain l’équivalent du revenu annuel de la Côte d’Ivoire qui compte plus de 25 millions d’habitants et constitue la deuxième économie de la communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), derrière le Nigeria. En plus, grâce à cette politique rationnelle, la Norvège est classée première sur l’indice du développement humain (IDH). Enorme ! Voilà le modèle d’une élite prévoyante et planificatrice à imiter !
Or, contrairement à cette Norvège prospère, l’Algérie est une puissance rentière sans aucune perspective économique. Alors que le solde de son Fonds de régulation des recettes (FRR) épuisé en février 2017 n’a servi qu’à combler ses déficits successifs, l’État a besoin de 2 milliards de dollars supplémentaires pour boucler l’année en cours. De même, sa fiscalité pétrolière ayant basculé de 60 milliards en 2014 à 31 milliards en 2017 n’arrivera jamais, sauf miracle, à pallier la défaillance des 287 milliards de dinars du Trésor public annoncés récemment par les autorités publiques. Mais où est la différence entre la Norvège et l’Algérie ? La réponse coule de source : cette bonne gestion qui fait cruellement défaut chez nous.