25 mars 2025
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Etats-Unis : un journaliste reçoit par erreur des documents ultra-confidentiels

Le rédacteur en chef du magazine « The Atlantic » dit avoir été inclus par erreur dans un groupe de discussions réunissant de très hauts responsables, dont le chef de la diplomatie américaine, le ministre de la Défense, le vice-président et le patron de la CIA.

Un journaliste dans une boucle d’échanges avec le vice-président des Etats-Unis J.D. Vance, plusieurs ministres et le patron de la CIA… La Maison Blanche a confirmé, lundi 24 mars, que le rédacteur en chef du magazine The Atlantic avait été inclus par erreur dans un groupe de discussion ultra-confidentiel de hauts responsables américains, où des frappes visant les houthis au Yémen ont été discutées plusieurs heures avant d’être lancées. « Il semble pour l’instant que la chaîne de messages dont fait état l’article soit authentique et nous cherchons à savoir comment un numéro a été ajouté par erreur », a précisé le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Brian Hugues.

Un peu plus tôt, le journaliste Jeffrey Goldberg avait révélé, dans un article publié par sa rédaction, avoir reçu à l’avance, via la messagerie Signal, le plan d’attaque détaillé des raids menés le 15 mars par les Américains contre ce groupe de rebelles du Yémen. « Deux heures avant l’explosion des premières bombes, je savais que l’attaque était imminente, écrit-il notamment. Je le savais parce que Pete Hegseth, le secrétaire à la Défense, m’avait envoyé le plan de guerre par SMS à 11h44. Ce plan comprenait des informations précises sur les armements, les cibles et le calendrier. »

Jeffrey Goldberg dit avoir accepté une demande de connexion de la part d’un utilisateur nommé Michael Waltz, sans savoir, dans un premier temps, s’il s’agissait bien du conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump. Il a ensuite été ajouté à un groupe consacré aux discussions sur les houthis, dont étaient membres 18 personnes au total, dont, selon lui, le chef de la diplomatie Marco Rubio, le vice-président JD Vance et le patron de la CIA John Ratcliffe. « J’avais de sérieux doutes quant à l’existence de ce groupe de messagerie, car je ne pouvais pas croire que les responsables de la sécurité nationale des États-Unis puissent communiquer sur Signal au sujet de plans de guerre imminents », écrit-il.

« Jamais vu de faille comme celle-ci »

Le matin des frappes, le journaliste dit avoir consulté plusieurs nouveaux messages. « Pour illustrer l’imprudence choquante de cette conversation sur Signal, je dirai que l’un d’eux contenait des détails opérationnels sur les frappes à venir au Yémen, notamment sur les cibles, les armes que les États-Unis allaient déployer et le séquençage des attaques. » Jeffrey Goldberg en est resté coi, d’autant que l’application Signal n’a pas été approuvée pour le partage d’informations classifiées par le gouvernement américain, qui dispose de ses propres systèmes à cet effet. « Je n’ai jamais vu une faille de sécurité comme celle-ci », assure ce journaliste chevronné.

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Donald Trump, pour sa part, a affirmé ne « rien savoir » de cette divulgation accidentelle à un journaliste d’informations ultraconfidentielles. « Vous m’en parlez pour la première fois », a répondu le président américain, interrogé par la presse sur cette affaire. Plusieurs personnalités démocrates ont déjà manifesté leur indignation. « Vous plaisantez, j’espère ? », a réagi Hillary Clinton, ancienne candidate à la présidentielle, sur la plateforme X. Le chef de la minorité démocrate au Sénat américain, Chuck Schumer, a lui qualifié de « débâcle » la divulgation accidentelle de plans militaires confidentiels et a appelé à une « enquête complète » sur l’affaire.

« C’est l’une des fuites de renseignement militaire les plus stupéfiantes que j’ai lues depuis très, très longtemps. »Chuck Schumer, chef de file des démocrates au Sénat

Ces frappes américaines ont fait 53 morts au Yémen, dont cinq enfants, et 98 blessés, selon un bilan dressé par le ministère de la Santé des rebelles. Washington, de son côté, a déclaré avoir tué dans ces bombardements plusieurs chefs des houthis, qui ont multiplié les attaques contre Israël et contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, en soutien au Hamas.

Francetvinfos/AFP

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