Elida 65 ans et Marisa 70 ans sont deux employés du consulat algérien de Montréal. Elles ont été recrutées par le Ministère des Affaires étrangères algérien comme agentes d’entretien ménager respectivement en 2012 et 2008. Elles ont récemment défrayé la chronique au Québec parce qu’elles ont porté plainte devant la justice contre le consul et son épouse pour maltraitance et harcèlement.
Leur affaire a été très médiatisée, si bien que bon nombre de médias nationaux et locaux ont relaté l’information. En effet, ces deux femmes sud-américaines affirment avoir été utilisées comme « esclaves » dans la résidence du consul où elles ont subi les affres et les sautes d’humeurs de l’épouse du consul.
« C’était des humiliations constantes. Nous sommes des employées du ministère des Affaires étrangères algérien et pas celles de la femme du consul, nous expliquent elles. Nous étions obligées de nous rendre à la résidence du consul pour faire à manger et effectuer des tâches ménagères pour la famille du consul comme du repassage, nettoyage ou du rangement de toutes sortes. Lorsqu’on expliquait que notre contrat ne comprenait pas les tâches ménagères de la famille, l’épouse nous criait dessus en affirmant que c’était son mari qui les payait et qu’elles devaient se soumettre à ses volontés sans quoi elles seraient licenciées », avancent les deux femmes interviewées.
Le travail dans la luxueuse résidence n’étaient pas de tout repos selon les explications fournies par les deux employés. « C’est une famille de six personnes (4 enfants et deux adultes) qui occupent une résidence sur trois étages qu’on devait faire briller. L’énorme résidence en question comportait sept salles de bains qu’on devait nettoyer aussi », nous racontent, avec beaucoup d’émotions, les deux agentes ménagères.
Elles précisent qu’elles n’avaient jamais eu de problèmes avec les anciens consuls et que le problème vient essentiellement du nouveau consul et de son épouse. « Nous avons travaillé avec plusieurs consuls auparavant et jamais nous n’avions eu des problèmes de quelque nature que ce soit. C’est à l’arrivée de Noureddine Meriem en 2019, que tout a basculé et que nos vies ont été chamboulées. Nous avons tenté de l’approcher pour le mettre au courant des agissements intolérables de son épouse, il nous a carrément renvoyé de son bureau.
Et depuis ce jour-là, nos vies étaient devenues un enfer. Surveillance caméra dans les locaux du consulat. Humiliations, paroles dégradantes, harcèlement, propos racistes… nous nous sommes sentis indésirables, on voulait nous casser psychologiquement », nous dit Marisa.
Une épouse tyrannique avec la bénédiction du consul !
Les deux femmes disent qu’elles ont été traitées « comme des chiens » et que l’épouse du consul leurs jetaient des objets par terre en les obligeant de ramasser. « C’était de l’esclavage, j’ai pleuré pendant des nuits. Je me suis senti dévalorisée » précise Marisa qui ne pouvait retenir ses larmes. Les deux femmes auraient été obligées de travailler même lorsqu’elles étaient malades et qu’elles présentaient des arrêts maladie en bonne et due forme. » J’ai eu une fracture à l’épaule, nous dit Elida, ce qui nécessitait normalement un arrêt total de plusieurs mois. Mais on nous a obligées à travailler sans ménagement et sans aucune empathie. Je ne dors plus sans médicaments depuis ce jour-là. Ma vie n’est plus la même. »
Les deux femmes âgées réclament la somme de 450 000 dollars en salaires impayés et dommages. « Nous ne voulions pas médiatiser notre affaire mais nous n’avons plus le choix. Nous ne percevons plus de salaire depuis juillet 2021 sans être licenciées » soutiennent elles.
Elles affirment qu’elles ont des preuves de ce qu’elles avancent et que plusieurs personnes ayant vécu les mêmes sévices sont prêtes à témoigner devant la justice canadienne.
Marisa et Elida ont insisté pour qu’on sache qu’elles connaissent les Algériens et qu’en aucun cas ne faisaient d’amalgame. Elles ont tenu également à témoigner leur amour et leur respect au peuple algérien. « Je suis Chilienne, nous dit Marisa. Quand je voyais les algériens manifester devant le consulat lors du Hirak, je pleurais, parce que je sais ce qu’est l’oppression et le courage qu’il faut pour y faire face. J’aime les algériens et j’en connais personnellement, mais ce consul a sali l’image de leur pays », avant de fondre en larmes.
Le consul Noureddine Meriem s’est exprimé dans les médias canadiens et a nié en bloc toutes les allégations en laissant entendre qu’il ne se présenterait pas devant la justice du fait de son immunité diplomatique. « C’est leurs paroles contre la nôtre », a-t-il seulement indiqué au Journal de Montréal.
La rédaction.