Farid Goudjil, écrivain, dit Farid Galaxie, l’animateur de la célèbre émission « Galaxie Berbère » présentée pendant plusieurs années à berbère télévision, mais il a aussi été animateur radio.
Farid Goudjil a reçu les plus grands artistes dans son émission « Galaxie Berbère » à berbère télévision. Il m’a aussi invité et j’ai gardé un souvenir mémorable de cette émission. Malheureusement cette célèbre émission s’est arrêtée après plusieurs années, dans la foulée s’est aussi arrêtée la célèbre émission de l’écrivain journaliste Youcef Zirem, Graffiti. On a vu ainsi disparaître de l’écran les meilleures émissions de berbère télévision, laissant le public dans la tristesse et l’incompréhension. J’étais moi-même fan de ces émissions, je regrette beaucoup l’arrêt de ces émissions.
Farid Goudjil est un grand sportif, il a été professeur de Judo. C’est un artiste écrivain souriant, jovial, généreux, passionné de théâtre, de cinéma, de poésie, de slam, proche du public. Farid débute sa carrière d’animateur radio sur la bande FM, Galaxie Import était le non de son émission qu’il co-animera avec son ami Satar.
En 1988 il réalise un court métrage dans lequel il se met en scène. En 1989, il fait une apparition dans la série Navarro, une série télévisée française, avec Roger Hanin, en 108 épisodes de 90 minutes, créée par Pierre Grimblat et Tito Topin, diffusée entre le 26 octobre 1989 et le 19 avril 2007 sur TF1.
C’est à partir de 2000 qu’il sera surnommé Farid Galaxie par les téléspectateurs.
En 2010, pour marquer ses 10 ans d’antenne, Farid Goudjil passe à l’écriture avec un livre DVD « l’autre C Ouam » sorti chez Du bout de la Rue éditions.
En 2013, son livre paraît en Algérie chez El Ibriz éditions, sous le titre « De la cité à la Télé » préfacé par IDIR. Cette même année Farid Goudjil est silhouette PJ dans le film « 24 jours » d’Alexandre Arcady. En 2015, il est silhouette dans le film de Diane Kurys « C’est le métier qui rentre ». En 2015 et 2018, il est sur les planches avec la pièce d’Aziz Hellal « le chant des roseaux ».En 2016 il fait une apparition dans le film Voyoucratie de FGKO. En 2018 il joue le rôle d’un homme d’affaire dans le film Timoura d’Azedine Kasri. En 2021 son roman « Je suis, tu es, nous sommes la France, paraît chez les éditions Le lys Bleu. En 2024, il publie chez les éditions Le lys Bleu, « Infiltré pour un meilleur ».
« Infiltré pour un meilleur » est un roman, bien mené, une écriture simple et fluide, digne des plus grands romans policiers. Tout est fait pour accaparer le lecteur, le tenir, pour ne plus le lâcher. Page après page nous sommes envahis par l’émotion que crée l’intrigue, l’énigme, tout se tisse dans une toile qui voile et dévoile après bien des péripéties heurtant la pensée. On observe, on interroge, le lecteur est tenu en haleine jusqu’à la trame finale, essoufflé par l’inattendu.
Farid Goudjil se sent bien dans l’écriture, les projets foisonnent dans sa tête. La ville d’Argenteuil l’inspire toujours autant, et il n’hésite pas à parcourir la France entière pour aller à la rencontre de ses lecteurs.
Le Matin d’Algérie : De la radio à la télévision, de la télévision à l‘écriture, qui est Farid Goudjil ?
Farid Goudjil : Un jeune homme en visite dans les locaux d’une radio qui se retrouve sans le vouloir animateur sur les ondes de la bande FM. Une personne qui découvre le micro qu’il ne lâchera jamais. Un DJ qui s’épanouit et devient Maitre de Cérémonie. Un homme qui avance au gré des vents et se retrouve animateur de radio et de télé à Berbère télévision. Un passionné qui couche des mots sur un papier, et qui se met à raconter des histoires.
Le Matin d’Algérie : « Farid Galaxie » ce nom vous colle à la peau, un mot sur l’arrêt de cette célèbre émission « Galaxie berbère », Tu as d’ailleurs fêté les 10 ans de cette émission, et un mot sur cette fête mémorable…
Farid Goudjil : J’ai été nommé ainsi par les artistes, les téléspectateurs de mon émission, encore aujourd’hui on m’appelle Farid Galaxie, d’ailleurs c’est sous ce pseudo que j’ai signé en 2021 mon avant dernier roman « Je suis, tu es, nous sommes la France »
J’ai tant fait pour cette émission Galaxie Berbère, j’y prenais un vrai plaisir, je cherchais des questions qui sortait de l’ordinaire, je faisais des métaphores, d’ailleurs tu y es passé tu te souviens ?
Si tu étais un schtroumf, tu connais ces personnages avec un bonnet blanc ? Lequel serais-tu ? Qu’est-ce qui définit ta personnalité ?
Si tu n’étais pas ce que tu es aujourd’hui, tu serais qui, tu ferais quoi ? Vers quoi la vie t’aurait mené ?
Tu cuisines ? Quel est ton plat préféré ? On le goutte quand ?
À force de jouer avec mes questions mes invités me posaient à leur tour des questions, j’y répondais parfois ou bien je disais joker. C’est ce qui m’a donné l’idée de faire une auto interview. Farid Galaxie posait les questions et Farid Goudjil y répondait, mes réponses étaient sincères. J’ai donc enregistré une émission spéciale Galaxie Berbère, puis j’ai réalisé un livre DVD en français et en berbère. C’est Nour Ouldamara qui a posé sa voix en berbère, notre ami et collègue animateur, décédé d’une maladie, paix à son âme. Et pour finaliser cet anniversaire, pour marquer mes 10 ans de télévision j’ai demandé à Meziane Azaïche le patron du Cabaret sauvage de me prêter le lieu pour faire un concert, un show.
Un grand merci à Meziane Azaïche pour cette confiance, cette mise à disposition de sa prestigieuse salle de concert. De nombreux artistes ont répondu présents, c’était génial, un grand merci à eux. Nous avions de l’humour, de la magie, du spectacle, de la chanson, c’était Galaxie Show. Djamel Allam à clos le show orchestré par notre ami Nassredine Dalil. Beaucoup d’émotion ce jour-là, j’en garde de très bons souvenirs, les artistes m’en parlent encore.
Aout 2016 j’étais invité en Russie à Rostov-sur-le-Don pour faire mon émission autour du festival du cinéma russe. C’était grandiose, un bel accueil, la présence de grands acteurs internationaux, j’y ai réalisé de nombreuses interviews. Ce fut ma dernière émission, à mon retour le patron de la chaine m’a appelé, il m’a dit que nous allions faire une pause vu les difficultés financières. J’ai dit ok.
J’en garde bien sûr d’excellents souvenirs, de belles rencontres, une belle expérience enrichissante.
Le Matin d’Algérie : Vous avez invité les plus grands artistes dans votre émission « Galaxie berbère » quel est l’artiste qui vous a le plus marqué ?
Farid Goudjil : J’ai pris une claque et la culture m’est revenue en pleine face, c’est ce que je disais lors de mon auto interview que l’on peut retrouver dans mon livre « l’autre C ouam » chez l’éditeur du bout de la rue ou « de la cité à la télé chez l’édition El Ibriz. J’ai tout d’abord découvert ma culture, ce monde en partie enfouit au fin fond de moi. La Kabylie était au cœur de Paris, rue du cherche midi. J’y ai rencontré de nombreux artistes, ceux qui ont bercé mon enfance, ces musiques que j’écoutais à la maison, les disques que mes parents achetaient. J’ai pris beaucoup de plaisir à interviewer les artistes d’ici ou d’ailleurs, il y en a tellement qui m’ont marqué, je dirais quasiment tous. Il est difficile de les citer en 16 ans d’émissions sans en oublier un. Les premiers invités étaient « show » Jamel Debbouze, Laurent Baffie, je m’en souviens encore, je me suis fait vanner tout au long de l’émission.
Le plus marquant est certainement quand j’ai demandé à notre ami Idir (paix à son âme) de me faire la préface de mon livre de la cité à la télé sortie en Algérie. Ou bien quand Lounis Aït Mengeullet m’accorde une interview pour parler judo, Larbi Benboudaoud Vice-champion Olympique préparait les championnats du monde.
Il y aurait tellement à dire sur tous ces artistes qui se sont prêtés aux interviews décalées pour mon émission, que je pourrais écrire un livre. Ce qui est le plus fou je crois c’est que je n’avais pas remis les pieds en Algérie depuis une trentaine d’année, la culture qui m’y a ramené.
Le Matin d’Algérie : Vous êtes un grand sportif, professeur de judo, racontez-nous…
Farid Goudjil : Nous habitions une cité pleine de vie, mon père plutôt que de nous voir trainer, quoi que nous ne trainions pas nous avions des heures à respecter. Je me souviens l’été je regardais du haut de ma fenêtre mes amis jouer jusqu’à la tombée de la nuit, j’en étais presque jaloux. Mon père prévoyant nous avait inscrit mes frères et moi dans le club de judo du quartier. J’ai passé mes ceintures jusqu’à la noire 2ème Dan. Naturellement je suis devenu professeur de judo dans le club, dans les centres de loisirs, dans les quartiers de la ville.
Une année je suis allée voir un ami à New York puis il m’a invité à Miami, il était « Sensei » un maitre de karaté et inspecteur de police, j’ai donné des cours de judo dans son école de karaté. Robert mon ami voulait que je reste avec lui aux Etats Unis pour enseigner le judo dans son école.
Quelques années plus tard mes frères ont monté le Judo Club Escales Argenteuil, un club né dans un quartier populaire qui voit son nom brillé quelques années après sur le toit du monde. Clarisse AGBEGNENOU alors cadette est arrivé un jour au club, mes frères développaient le haut niveau. Clarisse portait les couleurs du Judo Club Escales Argenteuil lorsqu‘elle est devenue Vice-championne Olympique à Rio.
Le Matin d’Algérie : Argenteuil, cette ville est importante pour vous, que représente-t-elle pour vous ?
Farid Goudjil : Argenteuil est la ville qui m’a vu naitre, Argenteuil est la ville ou j’ai beaucoup œuvré, notamment au sein des quartiers, auprès des jeunes, j’y ai développé de nombreux projets, sportifs culturels, sociaux.
J’ai beaucoup de souvenirs à Argenteuil, une expérience qui me permet de puiser au fin fond de moi des infos, des images. C’est aussi la naissance d’amitiés, de relations, de projets.
J’y ai enregistré de belles émissions de télévision, j’y ai valorisé de nombreux talents. D’ailleurs lors d’échéances électorales, c’était les municipales je crois, j’ai posé la caméra sur la dalle d’Argenteuil afin d’interviewer les jeunes, je devais leur donner la parole, je voulais populariser la politique la démocratiser. J’avais invité les deux protagonistes des élections municipales dans mon émission, en plateau TV. J’avais mis le politique face à un artiste, je voulais faire découvrir cette ville d’Argenteuil aux artistes, mais aussi que le politique découvre le monde artistique.
Je me souviens de mes premiers mix, j’étais DJ Animateur à la radio 89.9 FM stéréo, avec mon ami Satar nous animions l’émission Galaxie Import, nous avions de fervents auditeurs Argenteuillais, j’étais missionné pour faire les dédicaces. J’organisais des soirées dansantes sur la dalle d’Argenteuil, place St juste pour les connaisseurs.
Le Matin d’Algérie : Quels sont les auteurs qui vous influences ?
Farid Goudjil : Enfant j’allais souvent à la bibliothèque, je lisais des bandes dessinées, des livres de la bibliothèque rose, verte, on y retrouvait surtout les copains. Lorsque je préparais mes émissions de télévision je lisais les livres écrits par mes invités. Je ne suis pas spécialement influencé par l’auteur mais par l’histoire avec un grand H qu’il ou elle raconte.
Le Matin d’Algérie : Il y a aussi le slam, le théâtre, le cinéma, comment faites-vous pour passer d’un genre artistique à un autre ?
Farid Goudjil : J’ai écrit mes premiers textes urbains à l’adolescence, à l’époque je n’avais pas la possibilité de les exploiter, au fil du temps je travaillais mes textes, jusqu’ à ce jour.
Au collège nous avions un club théâtre, j’y allais de temps à autres. Bien plus tard j’œuvrais sur les quartiers auprès des jeunes, nous avions monté une troupe théâtrale, les jeunes jouaient l’histoire du petit chaperon rouge version urbaine. Nous avions fait une tournée dans toutes les colonies de la ville d’Argenteuil, un tour de France.
Lors de mes émissions de télévision j’avais invité un metteur en scène, il jouait une pièce de théâtre, je l’avais accompagné au festival d’Avignon pour une émission spéciale. Nous sommes devenus amis, chaque fois qu’il me proposait un rôle je refusais car je manquais de temps. Un jour il a écrit un rôle qui me collait un peu à la peau, je n’ai pas pu refuser, l’aventure a alors commencé.
Pour la partie cinéma j’avais joué un rôle dans la série Navarro, c’était le second épisode je crois, ce fut une belle expérience, une belle rencontre avec Roger Hanin, je me souviens encore de la conversation. J’aurai aimé poursuivre cette aventure dans le cinéma, je n’avais peut-être pas les codes.
Lorsque je préparais mes émissions de télé, je tapais à toutes les portes, j’essayais d’être partout, je voulais apporter de la nouveauté. Je sympathisais avec mes invités, quand j’apprenais qu’ils travaillaient sur un film je leur demandais s’il n’y avait pas un rôle, une apparition, une fois le réalisateur m’a contacté directement. Je faisais alors une pause sur un projet pour en démarrer un autre.
Le Matin d’Algérie : La création artistique bouillonne dans votre tête, la passion vous anime, d’où vous vient toute cette énergie ?
Farid Goudjil : Je ne sais pas d’où me vient cette énergie, autant que je me souvienne j’ai toujours eu cette passion en moi, c’est peut-être cet esprit de liberté qui me fait pousser des ailes, qui me booste, qui me permet d’avancer.
Je dis souvent lorsque je prépare une émission, un livre, un texte, une animation micro, je mets un peu de « felfel » pour agrémenter.
Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?
Farid Goudjil : Je poursuis les rencontres débats autour de mes ouvrages, à la rencontre des familles, du public. Je travaille actuellement sur un projet Slam, j’en parlerai un peu plus tard lorsqu’il aura bien avancé.
Lorsque j’ai écrit mes romans « Je suis, tu es nous sommes la France » et « infiltré pour un meilleur » qui est la suite, j’ai construit mes personnages, je leur ai donné une âme, mon éditeur me disait qu’ils avaient de l’épaisseur. J’aimerai aujourd’hui leurs donner vie, les amener au cinéma.
Pour faire la promotion de mon dernier roman j’ai réalisé des extraits audio, j’ai posé ma voix. J’aimerai faire une série, des épisodes en podcast avec le premier livre « Je suis, tu es, nous sommes la France ».
Mon livre « de la cité à la télé » est paru en Algérie, J’ai pris beaucoup de plaisir à venir échanger avec le public, lors du Salon International du Livre d’Alger, à la maison de la Culture Mouloud Mammeri à Tizi Ouzou. J’aimerai faire éditer mes romans en Algérie, venir débattre avec les familles, le public.
Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?
Farid Goudjil : Le mot de la fin, cela me rappelle mes émissions. Un mot de la fin avant de te quitter de te laisse partir.
Et bien mon cher Brahim un grand merci pour cet entretien fort sympatrique, c’est toujours un plaisir d’échanger avec toi. Merci au Matin d’Algérie dont je salue les lecteurs et les lectrices.
Entretien réalisé par Brahim Saci
Livres publiés :
Infiltré pour un meilleur, éditions Le Lys Bleu
Je suis, tu es, nous sommes la France, éditions Le Lys Bleu