Viré de la tête de la Direction générale d e la sécurité nationale en janvier dernier, Farid Zinedine Bencheikh est arrêté pour la deuxième fois.
L’ancien homme fort de la police a été arrêté samedi dernier et placé sous mandat de dépôt après sa présentation devant le tribunal militaire de Blida et son audition dans une affaire de « complot contre les institutions de l’Etat », rapporte El Watan. La même source parle de connexions avec des « officines étrangères » et des cyberactivistes installés à l’étranger sans donner plus de détails.
D’autres anciens collaborateurs de Zinedine Bencheikh sont dans le collimateur des limiers du renseignement et de la justice.
C’est en plein manifestations de dissidence populaire que Bencheikh a été placé à la tête de la DGSN le 15 mars 2021. L’homme s’est employé à étouffer la dissidence avec un zèle inoui. Il aura servi Tebboune et ses parrains avec un savoir-faire consommé.
Instrument répressif du Hirak par excellence, Farid Zinedine Bencheikh a été débarqué sèchement en janvier 2024 de la DGSN pour être remplacé par Farid Badaoui. Par qui et pourquoi ? Le contexte de ce limogeage a été à ce propos l’un des plus cocasses de la vie politique algérienne.
Ayant trouvé le prétexte qu’un jeune a réussi à s’introduire sur le tarmac de l’aéroport d’Oran et d’embarquer clandestinement sur le train d’atterrissage d’un avion en partance pour Lyon, les autorités vire en premier le DGSN Bencheikh. Bien évidemment, cette raison n’a convaincu personne en Algérie.
Bencheikh a été placé dans la foulée sous interdiction de quitter le territoire national. Ce haut fonctionnaire de la police qu’on disait très proche du clan Tebboune a été arrêté une première fois en avril dernier. Puis relâché une dizaine de jours plus tard après avoir été entendu par le juge d’instruction.
Né en février 1964, Farid Zineddine Bencheikh est orginaire de la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Il avait exercé, avant sa dernière nomination, les fonctions de contrôleur général et d’inspecteur régional de la police du centre (Blida).
Il a rejoint le corps de la Sûreté nationale en février 1993, occupant plusieurs postes à responsabilité.
Que retenir de toute ça ? Avec une quarantaine de généraux, colonels, d’anciens premiers ministres, ministres, walis, DGSN derrière les barreaux, personne n’est à l’abri d’une arrestation parmi ceux qui sont actuellement aux manettes du pays.
Ces limogeages et arrestations successives renseignent surtout sur la fragilité de l’écosystème qui dirige l’Algérie. Rien de rassurant quand on sait que les frontières sud sont sous les canons des mercenaires Wagner, l’est menacé par Haftar… Si l’on ajoute que Tebboune jouit d’une impopularité jamais connue depuis l’indépendance, on peut raisonnablement s’inquiéter de ce qu’ils ont fait de ce pays.
Sofiane Ayache