Mercredi 25 juillet 2018
Faut-il s’en attrister ou en rire ?
Pardon au lecteur pour la longueur de ce texte ; je suis contraint de répondre à tous les points qui l’exigent, afin d’éviter à mon interlocuteur (pour employer un terme élégant), et éventuellement au lecteur, de m’accuser de dérobade.
Dans l’antiquité, deux philosophes étaient fameux, entre autre, par un trait de caractère opposé : devant les malheurs et imbécillités des gens, l’un pleurait (Héraclite) et l’autre préférait rire (Démocrite). Montaigne, dans ses « Essais » a pris le parti de Démocrite, avec l’argument suivant : pleurer devant les stupidités des gens, c’est leur donner une importance qu’ils ne méritent pas, alors, autant en rire pour les neutraliser par le ridicule. Je suis de cet avis, au bénéfice de ma santé physique et mentale.
Encore une fois, je ne réponds au dernier texte (1) (pour rester dans l’élégance des mots) de Merdaci que pour montrer la situation dans laquelle se trouve un enseignant d’une université algérienne, dont on sait déjà l’état lamentable.
Où il est bon de rire
Commençons par un rappel de mots employés par Merdaci pour me décrire et décrire mon étude sur l’idéologie harkie : « infinie tromperie » (le titre même de l’article), « pas à la mesure d’un débat d’idées contradictoire », « habituel verbiage », « insulteur », «attaque ignominieuse », « démarche simplement perverse », « mensonge », « publie effrontément », « donneur de leçons », « pervers » (une deuxième fois), « berner les lecteurs », « alambiqué », « duplicité », « demi-lettré », « au cœur de la trahison », « proche de la potence des reîtres ».
Et tous ces termes sont employés par celui qui se déclare lui-même : « Je suis, pour ma part, face aux Algériens, en toute responsabilité dans mon effort quotidien et dans la loyauté, dans le respect des valeurs qui ont forgé l’histoire de mon pays. » Notons les mots : « responsabilité », « effort quotidien », « loyauté », « respect des valeurs », « mon pays ». Il reste cependant à savoir ce que l’auteur met dans ces mots. « Responsabilité » et « loyauté » devant qui : les dominateurs ou les dominés ? « Respect de quelles valeurs » ? Celles des dominateurs ou des dominés ? Celles qui appellent à la « potence » ?… Et ce « mon pays » ? Est-il celui des dominateurs ou des dominés ? Est-ce le pays des trafiquants de drogue, des affairistes milliardaires, des harkis nouveaux au service du néo-colonialisme, des mandarins universitaires privilégiés, ou le pays des jeunes harragas, des jeunes médecins tabassés, des chômeurs empêchés de manifester, des syndicalistes réprimés, des militants luttant pour les droits citoyens, des enseignants réprimés à cause de leur activité syndicale autonome ?… Mais peut-être que ces termes « dominateurs » et « dominés », « nantis » et « démunis », « exploiteurs » et « exploités », « réprimés » ne font pas partie du vocabulaire de Merdaci. En effet, jamais, dans toute cette polémique, il ne les a utilisés. Or, l’observation empirique montre que les intellectuels qui évitent ce genre de termes soit ignorent la réalité sociale fondamentale (dès lors, que serait leur intellectualité ?), soit sont du côté des dominateurs, profiteurs et exploiteurs.
À propos, monsieur Merdaci : êtes-vous adhérant à un syndicat d’enseignants ? À un syndicat autonome ? Quel rôle y assumez-vous ? Quelle répression avez-vous subie dans votre activité syndicale ?
Quand au vocabulaire employé par Merdaci, que le lecteur aille lire les discours de Jdanov contre celles et ceux qui contestaient le caractère anti-populaire du régime stalinien. Que le lecteur lise aussi les discours du nazi Joseph Goebbels contre les opposants au nazisme. Que le lecteur lise également les discours des Talibans d’Afghanistan contre leurs opposants démocrates. Ce lecteur trouvera les mêmes termes de stigmatisation de l’adversaire, et les mêmes termes d’éloge de soi. Parce que la mentalité de ces gens est totalitaire. L’emploi du terme « potence » par Merdaci en est la preuve la plus révélatrice parce que… sanglante.
Cependant, comme Georges Orwell l’a montré dans son roman « 1984 », les plus malins de ces totalitaires appellent, pour reprendre les termes de Merdaci, « responsabilité » la calomnie, « effort quotidien » l’ignorance des écrits de la personne qu’on accuse, « loyauté » la délation de l’adversaire sans preuves. Quant au « respect des valeurs », ces deux derniers textes de Merdaci montrent ce qu’elles sont pour lui.
On lit également de Merdaci : « Écrivez en toutes lettres et en majuscule : « JE NE SUIS PAS ITALIEN ». Et signez. »… Que le lecteur aille lire les documents des procès staliniens et nazis contre les opposants à ces régimes. Voilà ce qu’il trouvera, en substance : « Écrivez en toutes lettres ceci… et signez ». Cependant, Merdaci dépasse les procureurs staliniens et fascistes : lui exige de sa victime d’écrire « en majuscules » ! Glissons sur l’expression « en toutes lettres », car, enfin, qui écrirait sans toutes les lettres, sinon un débile mental ou un semi-analphabète ? Le suis-je pour le « professeur » Merdaci ?
Mais pourquoi devrais-je écrire « « JE NE SUIS PAS ITALIEN ». Et signez. » ?… J’ai choisi la nationalité italienne sans renoncer à l’algérienne, parce que les deux États le permettent. J’ai participé à mes devoirs de citoyen italien selon ma conscience et du côté du peuple italien, comme je l’ai fait vis-à-vis du peuple algérien, dont je suis originaire. Comme je l’ai fait durant mon séjour en France, notamment en mai 1968. Comme je le ferai pour n’importe quel peuple de cette planète où je séjournerai. Et s’il existait un passeport mondial, je le demanderai, car, comme toutes les victimes de l’injustice qui aspirent à la dignité humaine sur cette planète, je récuse les frontières quand elles sont synonymes d’égoïsme nationaliste chauvin et de guerres entre les peuples. Dans tout ce comportement et cette conception, où est la « trahison » du peuple algérien ?
Merdaci déclare, en outre, à mon propos qu’il « démasque sa [c’est-à-dire ma] nationalité italienne ». Mais je l’ai déclarée dans mon ouvrage sur le théâtre (2), et même expliqué les conditions de ce choix. Encore une fois, un professeur digne de ce nom, ou simplement un honnête homme sachant ce que le mot « loyauté » » signifie, ne devrait-il pas d’abord respecter « l’effort » de lire ce livre avant d’écrire sur moi, d’autant plus que j’ai signalé cet ouvrage à maintes reprises dans mes contributions de presse, et même dans ma réponse à sa première « mise au poing » ? Pourquoi donc Merdaci n’a-t-il pas pris le temps de lire mon livre sur le théâtre, lui qui déclare produire un « effort quotidien » et « respecter les valeurs » ?
Merdaci écrit encore, à mon propos : « L’Algérie, il l’a définitivement quittée », « tourné le dos à son pays d’origine ». Où est la preuve concrète et vérifiable par le lecteur ?… Que sait Merdaci de mes séjours en Algérie pendant ces quarante années ?… S’il avait lu mon livre sur le théâtre, il aurait eu quelques informations.
Là où la rigolade est plus franche c’est de lire Merdaci déclarer à mon encontre : « Italien ». Ce qui implique « pas Algérien ». Pire encore : Merdaci déclare que j’ai « fait défection à l’Algérie » et que je suis « au cœur de la trahison », donc « si proche de la potence des reîtres »… Heureusement que Merdaci n’est pas président de la République, sinon il m’aurait privé de ma nationalité d’origine que je n’ai pas reniée : l’algérienne, puis pendu comme « traître » et « reître ».
Jusque-là on peut franchement rigoler.
Où il est plus difficile de rire
Merdaci me traite d’«athée».
Puisque Merdaci soulève un problème religieux, a-t-il lu ma contribution sur « Le Matin d’Algérie » où je défends la foi religieuse, qu’elle soit musulmane ou autre, quand elle est manifestée de manière tolérante, pacifique et bénéfique pour la communauté sociale ? (3)
Venons-en à présent à l’accusation comme telle d’”athéisme”. Quel lecteur algérien ne sait pas ce que cette accusation signifie en Algérie, et les conséquences que la personne qui en est accusée risque de la part de certains « religieux » ?… N’est-ce pas de la délation pure et simple pour un lynchage physique ? N’est-ce pas employer un langage de mufti obscurantiste intégriste, et désigner la personne visée à la haine de ses suiveurs obscurantistes intégristes ? Rachid Boudjedra en sait quelque chose. Avant lui, Kateb Yacine n’a-t-il pas été traité d’ « athée » par des intégristes islamistes, puis, à sa mort, par un clerc religieux qui lui refusait une sépulture dans un cimetière musulman ? Avant et durant la « décennie sanglante », combien d’Algériens ne furent pas assassinés parce que dénoncés par quelqu’un comme « athées » ?… Merdaci ! Te rends-tu compte de la gravité de ton accusation ?
Merdaci affirme, aussi, à mon encontre : « Activiste de l’extrême gauche italienne ». Si c’était vrai, n’est-ce pas encore de la délation ? Et s’étonnerait-t-on que ce genre de délation fasse resurgir en moi une image infâme ? Celle de ce harki encagoulé qui, lors d’une rafle militaire durant la guerre, nous entassant au milieu de la rivière Mekerra, à Sidi Belabbès, nous obligeait à passer l’un après l’autre devant ce délateur, et voir ceux qu’il désignait du doigt être immédiatement embarqués à coups de crosse dans un des camions militaires pour la cruelle et criminelle destination que nous savions tous.
Cependant, concernant cet activisme dont m’accuse Merdaci, où sont les preuves concrètes et vérifiables par le lecteur ?… Le fait d’avoir déclaré personnellement, dans mon ouvrage sur le théâtre, que je critiquais le Parti communiste italien pour son choix du « compromis historique » suffit-il pour me traiter d’«activiste » ?… Si je l’étais réellement, l’État italien aurait-il été tellement stupide pour m’accorder la nationalité, ou ses services secrets auraient-ils été tellement déficients pour ne pas avoir découvert mon « activisme » ?… Ceci dit, cette accusation de Merdaci répète exactement l’accusation portée contre moi dans les années 1969-1973 par des éléments du PAGS. Ils m’accusaient publiquement dans les bars d’Oran d’être un « gauchiste » parce que je sympathisais avec le P.R.S. de Mohamed Boudiaf, et avec la révolution chinoise. Et l’Algérien qui a vécu à l’époque en question sait très bien ce que coûtait ce genre d’accusation à la personne qui en était qualifiée.
Où l’on peut de nouveau rigoler
Relevons, en passant, ceci. Dans son texte précédent (4), Merdaci écrit : « Comment Kadour Naïmi peut-il s’étaler aussi longuement sur les « harkis » ? Quelle est sa compétence pour traiter de ce sujet ? Est-il historien, sociologue, psychologue ? Il n’y a rien, en vérité, qui puisse l’accréditer à publier un feuilleton de seize numéros sur un thème qui lui échappe, qu’il nourrit de ses fantasmes politico-culturels. » Tandis que dans le texte présent, Merdaci me reconnaît cette qualité : « Naïmi en [de l’activisme d’extrême-gauche] maîtrise les techniques de subversion des masses ». Selon Merdaci, j’aurais donc une « compétence », qu’il me niait dans son texte précédent. Là, on peut rigoler à gorge déployés, car l’allégation manque de preuves concrètes et vérifiables par le lecteur.
Cependant, il faut dire autre chose chose sans rigoler. Heureusement que la police politique algérienne ne se contente pas du genre de dénonciation publique faite par Merdaci. Ce dernier se limite à avancer comme « preuves » à mon encontre, concernant la « subversion des masses » : « Il l’a fait à « Algérie patriotique », il le fait au « Matin d’Algérie ». »
C’est, alors, considérer les responsables de ces deux journaux soit des complices de mon action de « subversion des masses », soit des imbéciles qui se sont laissés manipuler par moi. Que les lecteurs qui n’ont pas lu mes contributions sur ces deux journaux les lisent, et décident de la véracité de l’affirmation de Merdaci. Essentiellement, je défends l’idée de la validité de remettre à l’ordre du jour l’autogestion sociale, de la pratique de la non violence, des bienfaits sociaux de la liberté conjuguée à la solidarité. J‘ai, en outre, écrit que ces aspects ont marqué le début de notre indépendance nationale, et assuré la production agricole et industrielle après l’abandon des entreprises et des fermes par les propriétaires coloniaux, leurs ingénieurs et leurs administrateurs. Défendre ces idées, est-ce de la « subversion des masses » ? Ne serait-ce pas simplement le droit d’un citoyen d’exprimer librement ses opinions à ses concitoyens, sur la base de son expérience sociale, et proposer dans le débat démocratique des pistes de réflexion et d’action ?
Quant à me présenter comme « s’érigeant en donneur de leçons », là, aussi, Merdaci ne fournit pas de preuve démontrant son allégation. Il reste au lecteur à lire mes contributions à ces deux journaux pour se faire sa propre opinion.
Pai ailleurs, pourquoi parler de « troublant cheval de Troie » ?… Là où j’ai mentionné cet animal, mon propos ne serait donc pas clair ?… Qu’est-ce qui est « troublant » ?… Passons sur l’erreur d’écriture du « professeur de français de l’enseignement supérieur » quand il répète un même mot dans un morceau de phrase : « berner les lecteurs de deux sites d’information en ligne et leurs lecteurs ». Cela prouve que le « professeur » ne relit-il pas attentivement ce qu’il écrit avant de le proposer aux lecteurs. Est-ce là les respecter ?… Pourtant, l’auteur déclare effectuer un « effort quotidien » et pratiquer le « respect des valeurs ».
Quant à accuser la direction d’ « Algérie patriotique » de m’avoir « informé » sur un « droit de réponse » de Merdaci, là encore, où est la preuve concrète et vérifiable par le lecteur ?… En vérité, je ne bénéficie pas de cette importance auprès de la direction de ce journal, et je ne la prétends pas, et je ne vois pas pourquoi elle me l’accorderait, surtout si je dispose, selon Merdaci, de la « maîtrise de subversion des masses ».
Merdaci écrit encore : « Il me rétorque par un poème testamentaire alambiqué ». Ce « professeur » ignore, alors, ce qu’est la poésie. Il la confond avec un testament. En outre, je n’ai pas « rétorqué », mais répondu à sa condamnation cléricale obscurantiste wahabite, – je la confirme -, d’inviter mes amis au choix à m’ensevelir « au soleil et tout prêt de la mer » où à m’incinérer et répandre mes poussières dans l’air.
Merdaci écrit : « Naïmi souhaite se faire incinérer, c’est son droit et je ne l’ai jamais discuté pour être à ce propos accusé de fatwa saoudienne. ». J’invite le lecteur à lire ou relire la partie du texte de Merdaci à ce propos : « Dans les pratiques funéraires musulmanes, il n’y a pas d’incinération, admise dans les rites chrétiens ou agnostiques. Là est la duplicité de Naïmi » (5). Est-ce là « jamais discuté » ? Que vient faire ici la « duplicité » ?
Pour une fois, Merdaci n’affirme pas mais pose une question : « De quel clerc et de quelle trahison parle-t-il »… Je l’ai déjà dit dans la réponse précédente: « Comme quoi, à la conception élargie et actualisée du terme « harki », que j’ai proposée au débat, j’ajoute celle que me suggèrent les deux textes mentionnés de Merdaci à mon encontre. Il existe aussi une catégorie particulière de harkis : concernant les faits, ils choisissent de servir le mensonge au détriment de la vérité, parce que cet asservissement sert des intérêts individuels ou de clan, masqués sous de « bons » sentiments, du genre « Je suis plus algérien que toi ! » (6) … N’est-ce pas clair, même pour un lycéen capable de lire le français ? Et dans ce dernier texte de Merdaci, ne constate-ton pas la confirmation de ce que j’ai dit ? Mais, alors, je n’avais pas imaginé le pire. Dans son dernier texte, Merdaci va plus loin : il affirme d’être « dans le respect des valeurs qui ont forgé l’histoire de mon pays », autrement dit un authentique algérien, et moi rien d’autre qu’un « italien » et un « traître » (7).
Le dernier texte de Merdaci sur mon « infinie tromperie » m’oblige d’ajouter une précision. Ce dernier écrit, comme j’espère l’avoir démontré, non seulement manifeste une mentalité de harki servant les calomnies au détriment de la vérité des faits (8), mais, comme les harkis de l’époque coloniale, il est délateur. Les harkis coloniaux dénonçaient les patriotes algériens comme « fellaghas » ; Merdaci me traite d’ « activiste de l’extrême gauche italienne ». Les colonialistes français parlaient, concernant les dirigeants de la lutte de libération nationale, de « maîtrise les techniques de subversion des masses » ; Merdaci me porte la même accusation. Les colonialistes accusaient certains des patriotes algériens de « communistes et athées » ; Merdaci me traite d’ « athée ». Merdaci n’a pas employé le terme « communiste », car il a déjà reconnu dans un texte auparavant que je critiquais des « communistes » en leur niant cette qualité.
Une avant-dernière remarque. J’envoie régulièrement mes contributions à « Algérie patriotique » et au « Matin d’Algérie ». Mon motif est le suivant : la plupart des lecteurs de ces deux journaux lisent l’un mais pas l’autre. Selon moi, c’est dommage, car c’est seulement en prenant connaissance de versions différentes que l’esprit critique se forme. J’estime donc utile de m’adresser aux lecteurs des deux journaux. Que Merdaci nous dise, lui, pourquoi il a commencé par envoyer sa première attaque contre moi uniquement à « Algérie patriotique », et ne s’est résigné à envoyer la seconde au « Matin d’Algérie » que parce que AP lui aurait censuré, selon ses dires, son « droit de réponse ». Alors qu’en fait « Algérie patriotique » avait publié sa « mise au poing » (9), puis mon « droit de réponse » (10). Fallait-il encore que ce journal prolonge cette polémique avec un nouveau « droit de réponse » de Merdaci, lequel, à sa lecture sur « Le Matin d’Algérie », ne fait que rabâcher sa première « mise au poing », de façon plus hargneuse, donc ridicule ?
Enfin, Merdaci m’accuse de « berner les lecteurs ». Pour ma part, mon respect de leur intelligence me porte à les laisser libres de juger qui les berne réellement.
Une dernière observation. Dans son texte précédent, déjà mentionné, Merdaci parle de « querelle de mots » (11). Ce n’est pas dire toute la vérité, c’est ignorer ou occulter sa partie la plus importante. En effet, les mots sont socialement déterminés. Ils expriment, dans le domaine intellectuel (idéologique, si l’on veut), l’une des deux positions fondamentales qui caractérisent une société : soit celle des dominateurs-exploiteurs (et de leurs mandarins ou encore harkis), soit celle des dominés-exploités (et de leurs défenseurs, que les harkis mandarins considèrent comme ayant la « maîtrise de la subversion des masses »). Au lecteur, donc, de décider, en considérant les mots employés par Merdaci et par moi, quelles sont nos respectives positions sociales. Celui qui accuse quelqu’un d’autre d’être un « athée », un « activiste d’extrême-gauche », de « maîtriser la subversion des masses », de « trahison » et de « potence », est-il du coté des dominés-exploités ?… Cela signifie que A. Merdaci et K. Naïmi ne se réduisent pas à leur seule individualité spécifique, mais représentent des forces sociales particulières antagonistes. Avec cette différence que moi, je ne réserve à aucun, pas même au traître, la potence, étant convaincu que ce n’est pas la violence, mais la conviction qui est la seule manière de résoudre les conflits sociaux (12).
Où il est bon de sourire
Dans ces trois derniers textes de Merdaci, celui à « Algérie patriotique » et ces deux derniers sur « Le Matin d’Algérie », où est le débat clair et contradictoire sur les mots et les concepts, avec emploi de la raison, des preuves concrètes vérifiables par le lecteur, des mots adéquats, un équilibre psychique et une élégance stylistique ? Où sont, dans vos textes, monsieur Merdaci, les qualités de « professeur », de « critique » et d’«écrivain », pour ne pas parler simplement de l’honnête homme ou, encore, de l’Algérien exemplaire devant ses compatriotes ?
Pour l’aspect sémantique, Merdaci n’a fait que reprendre, en le rabâchant, un argument que j’avais déjà évoqué et discuté, en mentionnant une amie qui m’avait présenté des objections, celles-ci censées (13). Merdaci ne l’a pas mentionnée. Est-ce honnête ? Est-ce universitaire ?
Ceci dit, en comparant la partie consacrée à la discussion sémantique à celle où Merdaci s’attaque à ma personne, il est facile de constater quelle est la part la plus grande, et en quoi elle consiste : calomnies et délations. Pourquoi ? Au service de qui ?
Désolé, monsieur Merdaci, avec ces trois textes de votre part, vous m’avez contraint à « tirer sur une ambulance », et je sais combien c’est blessant, humiliant. Mais vous ne m’avez pas laissé un choix meilleur, que j’aurais préféré. Même si mes projectiles ne sont que des mots, employés avec raison gardée, j’avoue que cela me fait de la peine de les avoir employés contre non pas votre personne, mais au sujet de vos textes. J’aime aimer et non haïr ; je l’ai dit dans mes « Mots d’amour » (14). Et dans mon étude sur les harkis, j’espère n’avoir pas utilisé des mots de haine (inutiles et rabaissant), mais simplement tenté de raisonner (ce qui est indispensable) sur une idéologie et ses représentants, passés et actuels. En outre, dans tous mes écrits, je m’efforce d’éviter la violence, la vulgarité et la bassesse, sinon où serait la « alhnana » (tendresse) que contient le titre de ma dernière pièce théâtrale en Algérie, en 2012, ou, si l’on veut, « al rahma » (la compassion) ? J’aspire à unir et non diviser. L’autogestion rassemble pacifiquement un peuple et les peuples ; le capitalisme est division et guerre sociale au sein des peuples, et guerre militaire entre les pays.
Ceci étant dit, et pour conclure, Merdaci a fait une chose merveilleuse, sans le savoir, et que tous mes ennemis en Algérie et ailleurs auraient évité : une publicité qui m’a obligé d’informer les lecteurs sur mon parcours existentiel et sur mes idées, d’une part ; d’autre part, Merdaci m’a offert l’occasion d’approfondir davantage ma conception du harkisme actuel, en Algérie. Je viens d’en découvrir sa forme de délateur public sous l’étiquette de « professeur universitaire, critique et écrivain ».
Au moins pour cela, je dois remercier ce dernier. S’il persévère, l’utilité serait de permettre encore plus aux lecteurs, s’ils en ont la patience et l’intérêt, de constater ceci : les fléaux du peuple algérien ne sont pas seulement les plus apparents, parce que spectaculaires, mais également ceux d’un certain langage d’ « universitaire ». Ceci dit, je trouve qu’un « mtourni » est moins dangereux et moins, – utilisons le mot adéquat pour une fois -, méprisable qu’un délateur public, en plus sans preuves. Voilà où en est, aussi, l’Algérie. N’est-ce pas là un motif afin que tout Algérien, de l’intérieur ou de l’extérieur du pays, possédant le seul passeport algérien ou d’autres encore, contribue, dans la mesure de ses convictions et possibilités, à dévoiler toutes les formes de mentalité totalitaire qui mine le peuple algérien, et l’empêche de vivre de manière libre et solidaire, en coopération pacifique et réciproquement bénéfique avec tous les peuples de ce caillou qui vogue dans l’immense univers : la planète Terre ?
K. N.
Email : kad-n@email.com
Notes
(1) https://lematindalgerie.comlinfinie-tromperie-de-kadour-naimi
(2) « Éthique et esthétique au théâtre et alentours », librement disponible ici : http://www.kadour-naimi.com/f-ecrits_theatre.html
(3) Voir « Musulman et laïcité », http://www.lematindz.net/news/25036-musulman-et-laicite.html
(4) https://lematindalgerie.compour-en-finir-avec-la-querelle-de-mots-de-la-caducite-la-verite-du-sens
(5) https://lematindalgerie.compour-en-finir-avec-la-querelle-de-mots-de-la-caducite-la-verite-du-sens
(6) https://lematindalgerie.comla-verite-des-faits-est-dans-mes-ecrits
(7) Sur ce thème se référant à la nationalité, je publierai prochainement une contribution titrée « Chauvinisme nationalisme et patriotisme internationaliste », afin de continuer, selon Merdaci, ma « subversion des masses ».
(8) Voir https://lematindalgerie.comla-verite-des-faits-est-dans-mes-ecrits
(9) https://www.algeriepatriotique.com/2018/07/11/mise-point-a-propos-concept-mtorni/
(10) https://www.algeriepatriotique.com/2018/07/15/droit-de-reponse-a-mise-point-de-m-merdaci/
(11) Ignorons le reste du titre “de la caducité à la vérité du sens ». De ce genre d’expression chewing gum, aussi sonnante que… vide de sens, sont friands certains universitaires pour faire croire que leur langage de « femmes savantes » ne serait pas celui des « précieuses ridicules », qui désignaient une chaise par « les commodités de la conversation ».
(12) C’est le sens même de la pièce théâtrale que j’ai réalisée en 2012 à Béjaia, dont le titre est clair : “Alhnana, ya ouled !” (La tendresse, les enfants !). J’y évoque nommément Gandhi et sa conception non-violente. Voir détails sur mon livre sur le théâtre, déjà cité, livre 4.
(13) Voir https://lematindalgerie.comlideologie-harkie-du-passe-bourreau-et-victime