C’est fou comment le regard de certains de nos compatriotes vis-à-vis des Kabyles et de la Kabylie se rapproche pour se confondre avec celui de ces gouvernants qui ont prêté allégeance aux tenants du pouvoir (Chanegriha/Tebboune).
Une terminologie nouvelle a fait son apparition ces derniers temps pour qualifier ceux qui pensent autrement : kabyliste, algérianiste, séparatiste, etc., autant de qualificatifs déplacés pour désigner ceux pour qui l’autonomie régionale est une solution pour apaiser les esprits et construire une nouvelle Algérie !
Parlons peu mais parlons vrai ! Sommes-nous plus rusés que les Suisses ?
Pour rappel, la Suisse, ce petit Etat européen, compte 26 cantons qui ont chacun leurs propres constitution, parlement, gouvernement et tribunaux. Et les langues de certaines minorités sont jalousement protégées. Pour autant, cela a-t-il jamais menacé la Suisse d’éclatement ou de guerre civile ?
Alors, pourquoi dès lors qu’il s’agit d’un pays aussi grand que l’Algérie, le terme autonomie fait bondir certains de nos compatriotes pour se dresser comme le feraient des vierges effarouchées ?
« Si la langue de tes gouvernants n’est pas celle de ta mère, sache que tu es colonisé », énonce l’écrivain kabyle Karim Akkouche. Je suis désolé mais ma mère ne parle ni comprend rien d’autre que le kabyle !
Que je sache, Okba Ibn Nafâa et ses cavaliers n’ont pas conquis l’Afrique du Nord avec des fleurs, et depuis 1962, nos gouvernants sont loin de nous diriger en bonne intelligence et respect du citoyen. Pour preuve, les 320 prisonniers d’opinion et les milliers d’autres sous le coup de poursuites judiciaires.
De mon point de vue, au risque de faire bondir nos khawa arabophones, seule une approche fédérale est seule à même de sauver l’Algérie et initier des interactions apaisées entre les différentes confédérations. Des confédérations qui restent à délimiter pour que puissent être sauvées nos langues, nos us et nos coutumes héritées de nos aïeuls.
Des langues, des us et des coutumes qui représentent autant de richesses que le pays serait bien avisé de protéger et de faire épanouir au lieu de les combattre aveuglément !
Bientôt, non seulement on exigera de nous que l’on s’excuse d’être ce que nous sommes mais se dire Kabyle sera considéré comme une offense au reste du pays !
Que les termes soient clairs : cette chronique n’a pas pour objectif de rajouter de l’huile sur le feu sur un sujet sensible comme celui de l’autonomie régionale et de ses implications politiques et sociales, mais d’initier un débat serein entre les pour et les contre. La question se pose et se posera inévitablement avec acuité dans un futur proche si on n’y réfléchit pas dès maintenant.
Kacem Madani