Le tribunal criminel de première instance de Dar El Beida (Alger) a condamné, lundi, par contumace, le président du mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie Ferhat Mehenni, à perpétuité pour création d’une « organisation terroriste et atteinte à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale ».
Dans le cadre de la même affaire, l’accusé Belaabes Brahim a été condamné à perpétuité et tandis que les deux accusés, Lafdhal Zidane et Boutegrabet Mounir ont écopé de 20 ans de prison ferme, rapporte l’APS.
Le tribunal a également confirmé le mandat d’arrêt international émis contre les quatre coaccusés.
Dès mai 2021, les autorités ont classé le MAK, basé à Paris, comme « organisation terroriste ». Le désormais tristement célèbre article 87 bis qui a valu à l’Algérie les critiques les plus sévères au Conseil des droits humains samedi 12 novembre, a été actionné contre le mouvement politique que dirige Ferhat Mehenni (71 ans).
Le MAK né il y a 20 ans a toujours revendiqué des actions pacifiques. Aussi, cette lourde condamnation contre Ferhat Mehenni, fils de chahid, militant politique depuis les années 1970 est un grave précédent. Ce mouvement est exclusivement politique.
Raisonnablement, aucun Algérien ne connaît une quelconque action terroriste au MAK dont le président est établi en France. Si réellement Ferhat Mehenni était un terroriste, il y a fort à croire que la France ne lui aurait jamais accordé l’asile politique. Qui peut croire que la France puisse abriter un terroriste comme tentent de le faire croire les autorités ?
Ancien membre actif du Mouvement culturel berbère, membre fondateur du Comité des enfants de chouhada sous la dictature de Chadli Bendjedid et de la première Ligue des droits de l’homme, Ferhat Mehenni a connu 13 fois les prisons algériennes.
Pendant la décennie noire, il a pris des positions courageuses contre les groupes islamistes armés qui avaient semé la mort et la désolation dans le pays.
Alors condamner cet homme politique et chanteur émérite à la perpétuité relève tout simplement d’une énième décision inique des autorités.
L’histoire retiendra les faits et les actes de chacun. Il sera écrit quelque part que les dignes filles et fils de cette terre sont trainés dans la boue et condamnés au silence des cachots comme le sont les dizaines de détenus d’opinion.
Yacine K.