Sept militants du MAK dont son président Ferhat Mehenni, Nassim Alkani, Achour Mokadem, Itim Mourad, Abderrahmane Merzouk, Amara Mazi et Katia Alik sont condamnés par le tribunal de Dar El Beida à 20 ans de prison ferme. Ils sont accusés de terrorisme.
Les charges retenues contre Ferhat Mehenni et les militants du MAK sont particulièrement lourdes. Et la peine prononcée mardi 18 octobre par le tribunal de Dar El Beida inédite.
Le président du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et de l’Anavad (Gouvernement provisoire de la Kabylie en exil), Ferhat Mehenni a été condamné par contumace aujourd’hui à 20 ans de prison ferme.
Ferhat Mehenni, n’est plus rentré en Algérie depuis 2009. Un mandat d’arrêt international a été émis par la justice algérienne, fin août 2021, contre le président du MAK.
On savait depuis l’avènement de Tebboune à la présidence que le MAK est devenu la priorité numéro une du pouvoir. Aussi, les terribles incendies de Kabylie de l’été 2021 ont été la cause toute trouvée pour faire porter la responsabilité à ce mouvement indépendantiste.
En Kabylie et ailleurs personne ne peut croire que le MAK soit à l’origine de ces incendies qui ont fait plus de 220 morts. Qui fera incendier sa maison ? sommes-nous tentés de nous interroger.
Plus grave : les autorités n’ont apporté aucune preuve sérieuse de l’implication de ce mouvement indépendantiste. Et aucun élément ne vient corroborer la collusion des militants arrêtés dans cette catastrophe.
Le MAK est un mouvement politique qui doit et peut être combattu sur le terrain des idées et de projets politiques. Le ficelage de dossiers douteux et le montage de scénarios dignes des années de Boumediene ne mènent pas loin. Le précédent du largage des armes de Cap Sigli est dans les mémoires.
Ferhat Mehenni, 45 ans d’opposition
Fils de chahid, ancien cadre du Mouvement culturel berbère (MCB) et chanteur engagé, Ferhat Mehenni est un vieux routier de la contestation et de la politique. Plusieurs fois emprisonné sous Boumediene et Chadli Bendjedid, il a aussi été membre fondateur de la première Ligue des droits de l’homme en Algérie au côté d’autres militants, comme Ali Yahia Abdenour, Mokrane Aït Larbi, Saïd Sadi… Il a aussi fait partie du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) avant de le quitter.
Longtemps Ferhat Mehenni a chanté l’Algérie et la république avant qu’il ne choisisse d’abord le combat pour l’autonomie de la Kabylie au lendemains de la répression sanglante du printemps noir en 2001.
Sofiane Ayache.