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Fin de l’accord franco-algérien de 1968 : la droite française réveille les vieux démons

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Selon un rapport parlementaire révélé par 20 Minutes et l’AFP, des députés Les Républicains recommandent la fin de l’accord migratoire franco-algérien de 1968. Ce texte, pilier historique des relations entre Paris et Alger, est accusé de favoriser une “immigration dérogatoire”. Derrière la technicité du dossier, c’est tout un pan de mémoire et d’équilibre bilatéral qui vacille.

Un demi-siècle après sa signature, l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968, qui régit le séjour, le travail et la circulation des ressortissants algériens en France, revient dans le viseur de la droite française. D’après 20 Minutes et l’AFP, un rapport parlementaire mené par plusieurs députés Les Républicains recommande purement et simplement d’y mettre fin. Officiellement, il s’agirait d’« adapter » la politique migratoire française aux « réalités contemporaines ». En réalité, cette offensive ravive des réflexes anciens, entre crispation identitaire et mémoire coloniale jamais apaisée.

Depuis plusieurs années, cet accord fait figure de totem politique. Signé dans un contexte post-indépendance encore brûlant, il visait à encadrer la présence de travailleurs algériens tout en préservant certains droits acquis. Il reposait sur une idée simple : l’histoire commune entre les deux pays exigeait un traitement spécifique. Cinquante-sept ans plus tard, c’est précisément cette singularité que certains députés veulent effacer, au nom d’une égalité qu’ils brandissent comme argument juridique, mais qui dissimule souvent un rejet symbolique.

Pour les promoteurs de la rupture, cet accord créerait une « voie privilégiée » d’immigration et pèserait sur le système d’accueil français. En toile de fond, la montée des discours sécuritaires et l’approche des élections régionales et européennes alimentent cette surenchère. Le texte parlementaire évoque la « nécessité de rétablir un cadre commun à tous les pays tiers », manière pudique de dire que l’Algérie ne mérite plus d’exception. Mais derrière la technicité des mots, se cache un geste politique : rompre avec un pan entier de la mémoire franco-algérienne.

Car cet accord n’est pas qu’un dispositif administratif. Il porte la trace d’une histoire douloureuse, d’un arrachement et d’une interdépendance que ni Paris ni Alger n’ont jamais complètement assumés. Le remettre en cause, c’est toucher à un équilibre fragile : celui des millions de binationaux, de familles mixtes, d’ouvriers retraités et de jeunes issus des deux rives, qui vivent entre ces deux mondes.

À Alger, le silence officiel est pour l’instant prudent. Mais nul doute qu’une telle décision serait perçue comme un affront. La relation franco-algérienne, déjà abîmée par les polémiques mémorielles et les restrictions de visas, se verrait encore fragilisée. On oublie trop souvent que l’accord de 1968, malgré ses limites, a servi de cadre à un dialogue social, culturel et humain qui dépasse les administrations.

En s’attaquant à ce texte, la droite française cherche moins à résoudre une crise migratoire qu’à rejouer, une fois de plus, le vieux théâtre des rancunes coloniales. Ce n’est pas seulement une page juridique qu’on voudrait tourner, mais une page d’histoire qu’on veut effacer. Et c’est peut-être là que réside le véritable danger : celui d’une France qui renie ses liens les plus intimes avec l’Algérie, au moment même où le monde aurait besoin de mémoire, d’équilibre et d’intelligence historique plutôt que de slogans.

Avec 20 Minutes et AFP

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