23 novembre 2024
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Fin d’un système

DEBAT

Fin d’un système

Ce vendredi 8 mars,  célébration de la Journée internationale de la Femme, des manifestations d’une ampleur inégalée ont déferlé  sur l’ensemble du territoire national, à l’occasion du troisième vendredi de refus du cinquième mandat au bénéfice du chef de l’Etat actuel.  

Jeunes, femmes et citoyens de tout âge et milieux se sont encore une fois donné la main pour rejeter pacifiquement ce cinquième mandat perçu comme une offense à la raison, une injure à l’éthique, une ultime humiliation.

L’offre du chef de l’Etat sortant d’un cinquième mandat écourté apparaît inadaptée et décalée.

En même temps, la façade du système se fissure à l’image des déclarations de l’ONM, des anciens du Malg, des syndicalistes de l’Ugta, du patronat autrefois aligné sur le FCE et, enfin, des députés du FLN. Cependant, la  surdité persiste en haut lieu malgré ses signaux d’affaiblissement et la détermination citoyenne.

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Face à la persistance du système obsolète à s’arquebouter sur ses privilèges, des millions de citoyens,  majoritairement jeunes, ont revendiqué avec un humour percutant et une extrême créativité, l’avènement d’un autre mode de gouvernance, basé sur la récupération de la souveraineté nationale par la  mise en place d’un Etat de droit, garantissant la justice sociale et les libertés démocratiques.

Le défi aujourd’hui nous semble double.

Que faire face à l’autisme du pouvoir, dont le Haut commandement de l’Armée  semble être le dernier rempart, et quelle intermédiation pour commencer à bâtir le futur? Les vingt  dernières années ont ravagé le champ d’expression politique et social. Il faut donc réinventer le champ des possibles par la combinaison de l’action et de la réflexion. Le préalable au départ de Bouteflika exprimé par un rejet du 5e mandat ne saurait suffire. Il nous apparaît que quelle soit l’option de la transition, dont beaucoup d’acteurs des sociétés politiques et civiles se sont fait écho, elle doit avoir pour base non négociable la démocratie. Une notion qui n’est pas mathématique mais un concept aiguisé ayant pour socle un ensemble de valeurs, principes et fondements. La journée du 8 mars nous rappelle avec force la notion d’égalité de droit. D’autres éléments, induits par l’Etat de droit, les libertés publiques-individuelles et collectives- la séparation des trois instances- exécutif, législatif et judiciaire- sont autant d’éléments qui doivent régir la vie publique. La séparation du politique et du religieux est également pour notre pays, eu égard aux souffrances induites durant trois décennies par les dérives enregistrées dans ce domaine, d’une importance fondamentale.

Dans ce sens, les expériences en cours sur notre continent, notamment celle de la Tunisie, doivent être étudiées et débattues avec attention.

Ce monde ancien s’approche lentement de l’agonie car au sein du système, seul le Haut commandement militaire est encore là à défendre une élection présidentielle démonétisée sans aucune valeur légitimante. La grande muette s’apercevra bientôt que le chef de l’Etat, eu égard à sa situation d’inaptitude, est une encombre même pour le système dans sa tentative d’échapper à un sort funeste.

Cette situation amènera à l’aiguisement des contradictions en interne   et accélérer la putréfaction du système.

La grève de dimanche avec sa volonté de tourner en boucle constitue à nos yeux une étape de lutte décisive qu’il faut soutenir.

Avançons prudemment et avec vigilance  pour conquérir la Liberté la voie que nos aînés ont tracée par leur lutte pleine de lourds sacrifices pour conquérir l’indépendance du pays.

Demain ne sera que plus beau.

Vive l’Algérie Libre et démocratique !

Alger, le 9 mars 2019

Les signataires

  • Baya Cheikh Ettayeb, journaliste.  

  • Ouhachi Tahar, maître de conférences ;

  • Aggoun Massinissa, entrepreneur ;

  • Ladada Mohamed, médecin ;

  • Kebir Slimane, retraité de la police ;

  • Redjdal Boubekeur, blogueur ;

  • Moula Ramdane, activiste de la société civile ;

  • Ouidir Samir, activiste de la société civile ;

  • Naïli Djabria, médecin ;

  • Badaoui Ahmed, syndicaliste ;

  • Mira Tarik, animateur d’association ;

  • Ouazar Hamid, ancien député

 

 




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