2 janvier 2025
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Foncier agricole en Algérie : va-t-on dans le sens de l’histoire ? (I)

La définition du mot foncier selon le dictionnaire de l’Académie française est : « Qui consiste en un bien-fonds et, plus particulièrement, en une propriété terrienne » Ce terme qui est un substantif, peut aussi être utilisé comme adjectif. On dira par exemple « propriétaire foncier, rente foncière, impôt foncier, taxe foncière, … etc …». Le sens du mot « bien-fonds » utilisé ici est selon le même dictionnaire : « Bien immeuble, comme une terre, une maison, un bâtiment ».

Bref, dans cette définition et dans toute les définitions présentées par une multitude de dictionnaires ou d’études, qu’il est fastidieux de les citer toutes ici, le mot foncier apparaît toujours lié à la notion de propriété. Mais, posséder individuellement une terre ou un bien immobilier, en général, quoi de plus normal ? Cela semble même intuitif.

Pourtant cela ne l’est pas. On peut simplement prendre l’exemple qui est près de nous : le cas des éleveurs nomades dans les steppes en Algérie. Ce sont bien des agriculteurs puisqu’ils produisent un produit agricole qui atterrit sous forme de viande dans nos assiettes, pourtant il ne se pose à eux aucun problème foncier du fait que la notion de propriété foncière agricole privée est étrangère à leur culture, leurs lois, leur droit et leur organisation sociale.

Dans cette culture qu’on pourrait désigner par le qualificatif « pastorale » (mot dérivé de pastoralisme), la terre revêt ou revêtait un statut juridique dit « arch ». On pourrait sommairement considérer celui-ci comme équivalent à un statut collectif qui ne reconnait que des droits de jouissance et non d’appropriation.

Ce statut juridique s’étendait même à une grande partie des terres agricoles du nord jusqu’au début de la colonisation qui y mit fin par l’introduction du droit civile français relevant de ce qu’on appelle « le Code napoléonien » promulgué le 21 mars 1804 par Napoléon Bonaparte en France, sur la base des principes du droit romain pour ce qui concerne la propriété. Celui-ci est basé sur le triptyque de l’« usus », « fructus » et « abusus » défini ci-après :

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  • usus : le droit de se servir d’un bien sauf usage prohibé par la loi,
  • fructus : le droit de percevoir les fruits qu’un bien peut produire,
  • abusus : le droit de disposer d’un bien : le vendre, le transformer, le détruire …etc…

Le dernier terme relatif à « l’abusus » est inconnu dans le droit coutumier« arch ».

A la veille de la colonisation le paysage juridique du foncier agricole algérien était marqué par le type « arch » et marginalement par la propriété privée dite « melk » régie par le droit musulman. L’introduction du droit Napoléonien en Algérie à partir de plus ou moins 1870, généralise la propriété privée de la terre au détriment du droit coutumier « arch ». Cette mesure favorise alors le transfert légal , d’environ 3 millions d’hectares des terres agricoles du Nord, aux mains des fermiers européens et des dignitaires issus de l’ancien appareil administratif turc comme les bachaghas et les caïds, sur lesquels s’appuyait l’administration française pour gérer les affaires « arabes ».

Les terres steppiques quant à elles, situées à moins de 400 mm de pluviométrie et jusqu’aux limites nord du Sahara conservent la vocation pastorale et leur statut juridique « arch ». Les terres sahariennes, pour des raisons évidentes d’aridité les rendant impropres à l’activité agricole ne disposèrent historiquement d’aucune législation foncière particulière à l’exception des oasis qui de tout temps ont été régies et le sont encore, par un droit coutumier spécifique, basé sur la possession des parts d’eau d’irrigation et des palmiers et non de la terre.

A l’extérieur des oasis, l’immensité des terres sahariennes restantes demeure du domaine des chameliers nomades que nous connaissons peu, à ce jour.

Voilà sommairement, quelle était la situation foncière de l’Algérie depuis la colonisation jusqu’à l’Indépendance. Mais est-il juste d’affirmer que la propriété foncière privée des terres agricoles du Nord ne fût généralisée que depuis la colonisation en Algérie ? Il n’y a pas de certitude sur cette question.

Si vraisemblablement, le schéma de différentiation du droit foncier selon le transect géographique : terres du Nord /steppe /Sahara, était celui qui a marqué l’Algérie jusqu’à la veille de la colonisation, il n’est pas exclu qu’une importante part des terres agricoles du Nord n’aient pas été dominée par la propriété privée à un autre moment de son histoire. On retrouve ces traces d’information dans trois sources au moins:

  • Les écrits d’Ibn Khaldoun au XIV ème siècle. Dans la « Moqqadima » (Prolégomènes : 2ème tome, partie II du livre I), figure un court chapitre intitulé : « Comment un grand nombre de maisons et de fermes se trouvent dans la possession de quelques habitants des villes ». L’auteur y écrit : « Tantôt ce sont des biens-fonds qu’ils héritent de leur parent … Tantôt ils les achètent par spéculation, ce qui a lieu quand la dynastie régnante est sur le point de succomber … Il en résulte que les propriétaires s’en débarrassent à vil prix et qu’on achète leurs propriétés presque pour rien … »
  • Les Tablettes d’Albertini. Ce sont des tablettes en bois de cèdre découvertes en 1928 à 100 km environ de Tébessa, datées de l’époque vandale vers 400 ap. JC (soit 1600 ans d’âge), conservées au musée d’Alger. Elles constituent des actes notariés portant sur des transactions foncières et des transactions d’esclaves. Bien que l’Algérie ne fasse plus partie de l’empire romain à cette époque, ces actes notariés étaient encore régis par le droit romain qui continuait à s’appliquer, selon plusieurs auteurs.
  • L’écrit de l’agronome carthaginois Magon, daté de 2300 ans. Magon écrivait toujours en première page de ses livres le texte suivant : « Que celui qui achètera un champ, vende sa maison, de peur qu’il ne préfère donner ses soins à ses pénates de la ville qu’à ceux de la campagne. Celui qui prodigue tant d’affection à son domicile de la cité, n’a pas besoin d’un domaine champêtre ».

Des trois citations ci-dessus émergent deux points essentiels :

  1. L’existence de la propriété privée de la terre est un fait qui remonte très loin dans l’histoire du Maghreb et ne peut pas se réduire à celle de la colonisation de l’Algérie.
  2. Cette propriété de la terre pouvait passer entre les mains de citadins (gens habitant la ville) qui ne sont impliqués ni directement dans la ruralité ni dans la production agricole.

Cette dernière observation exprimée par Magon, dans l’antiquité il y a de cela 2300 ans et reprise par Ibn-Khaldoun au Moyen âge, a été exprimée encore en terme plus moderne par les textes de la Révolution agraire de 1971, il y a peine 50 ans, soit 2300 ans après qu’elle fût observée par Magon.

« … Les quelques sondages récents qui ont pu être faits, prouvent que les grosses propriétés ne sont pas rares et qu’une part importante (variable selon les régions) des terres cultivables, appartiennent à des citadins ou à des personnes qui n’exercent pas le métier d’agriculteur et se contentent de prélever une rente foncière diminuant d’autant le revenu qui reste aux populations rurales … » (Charte de la révolution agraire. Journal officiel de la république algérienne. 30 novembre 1971).

Aujourd’hui, on utilise la notion de rente ou de rentier pour désigner les propriétaires citadins qui possèdent des terres agricoles et il est évident que c’est à ce type de propriétaires que Magon et Ibn Khaldoun font allusion dans leurs écrits. Ils n’ont simplement pas les mots et les connaissances économiques pour exprimer cette notion de « propriété rentière des terres agricoles » dans les termes que nous utilisons aujourd’hui.

Ce transfert de la propriété foncière agricole des mains des paysans agriculteurs à celle des citadins non agriculteurs est un fait particulier qui marque l’histoire agricole et paysanne du Maghreb. Cette particularité des pays du Maghreb et donc de l’Algérie, n’existe pas dans les pays européens modernes dont le régime foncier est plus simple et l’agriculture plus performante.

Il n’existe pas dans ces pays ni d’ailleurs en Amérique du Nord, des propriétaires de terres agricoles citadins qui vivent du prélèvement de la rente foncière, à moins de quelques cas rarissimes. Soit ils sont agriculteurs (au sens opérationnel du mot) et propriétaires de leurs terres soit ils ne le sont pas.

Cette différence entre les pays européens et ceux du Maghreb en matière du contrôle social du foncier agricole, s’explique vraisemblablement par une évolution historique distincte de chacun de ces pays (hypothèse qui reste bien sûr à étayer par des recherches historiques qui ne relèvent pas de nos compétences). Alors que les pays d’Europe ont connu après la chute de l’Empire romain, un moyen âge marqué par ce qu’on appelle le régime féodal, les pays du Maghreb ont connu une autre trajectoire avec d’une part un droit romain qui continuait à s’appliquer même après la chute de Rome (à l’exemple des tablettes d’Albertini citées plus haut) et d’autre part l’arrivée de l’islam vers l’an 700 porteur d’une législation foncière, fondamentalement peu différente de celle du droit romain.

Dans le système féodal européen, il n’existait pas de transaction sur la terre, celle-ci est, par définition un patrimoine du fief et donc appartenant au seigneur seul, comprenant les paysans qui vivent sur ses terres. Ces dernier étaient appelés « des serfs », soit en quelque sorte « les serviteurs du seigneur » et dont le sort était peu différent de celui des esclaves.

Le Maghreb n’a pas connu ce type d’organisation économique et social et le paysan maghrébin n’ayant jamais été astreint au servage est resté en quelque sorte « libre ». Selon sa débrouillardise et le contexte économique, il pouvait acheter ou hériter sa propre terre ou se faire engager, pour les moins chanceux d’entre eux, par contrat de type « khemassa » chez un propriétaire terrien non agriculteur lui-même.

Il existait un marché foncier qui faisait complètement défaut dans les systèmes féodaux européens, où les citadins pouvaient acquérir des terres agricoles et accumuler la ressource foncière entre leurs mains. Le but de ces acquisitions dans le monde maghrébin, semble avoir été équivalent en quelque sorte, à celui de l’achat d’une assurance-vie en prévision des mauvais jours ou de la vieillesse et aussi pour assurer une vie décente à la progéniture en cas de disparition du chef de famille. C’est dans ces termes qu’Ibn Khaldoun explique la motivation de ces acquisitions. Il écrit « … d’après ce que nous avons entendu dire aux vieillards dans plusieurs villes, on achète des maisons et des fermes afin de ne pas laisser ses jeunes enfants sans ressources si l’on vient à mourir … ».

Nous voilà donc en présence de deux systèmes différents

L’un féodale en Europe, maintenant les paysans dans la servitude et le second au Maghreb, laissant « libres » les paysans mais avec un système foncier permettant leur dépossession au profit des citadins rentiers. Ces deux systèmes qui ont probablement été en mesure d’assurer une cohésion sociale à leur époque devaient inéluctablement tomber en désuétude plus tard pour libérer les énergies productives paysannes et permettre le progrès social et économique du monde rural et du monde paysan.

Ce fût le cas du système féodale qui pour le cas de la France, fut aboli durant la révolution française par le décret historique dit « décret du 4 août 1789 » qui a ouvert la voie à la libération du paysan, son émancipation et sa modernisation.

Ce décret, voté dans la nuit par la première assemblée nationale constituante de l’histoire de France, dans un contexte d’émeute des paysans contre les seigneurs et leurs biens, énonce dans son premier article : « L’Assemblée nationale détruit entièrement le régime féodal, et décrète que, dans les droits et devoirs tant féodaux que censuels, ceux qui tiennent à la mainmorte réelle ou personnelle, et à la servitude personnelle et ceux qui les représentent, sont abolis sans indemnité » (censuel : dérive du mot cens qui est une redevance foncière due au seigneur qui possède les titres sur la terre. La mainmorte est l’incapacité dont sont frappés les serfs de transmettre leurs biens à leur décès).

Libéré du carcan féodal qui bloquait ses énergies, évoluant dans le contexte de la révolution industrielle qui suivit, soutenu par l’enseignement avec entre autre la création de l’Institut national agronomique de Paris créé en 1848 et par la recherche scientifique regroupée un siècle plus tard au sein de l’Institut national de la recherche agronomique fondé en 1946 et encadré par un puissant service d’assistance technique et financier, le paysan français apparu dans le décor social avec la Révolution française de 1789 est aujourd’hui un agriculteur de plein droit, doté de sa terre et de ses moyens. Il génère les richesses agricoles de la France devenue aujourd’hui, la première puissance agricole en Europe.

Qu’en est-il de l’Algérie et de ses paysans ? N’ayant pas connue la phase historique du féodalisme européen comme système sociale et économique ni de révolution sociale au sens premier du mot ? Nous sommes restés coincés dans le système agraire archaïque rentier qui remonte à plus de 2000 ans.

Une tentative malheureusement avortée de remise en cause de ce système (pour ne pas dire destruction de ce système pour éviter la charge de violence que porte ce mot et que le fameux décret de la révolution française n’a pas hésité à utiliser) a eu lieu dans les années 70 avec la promulgation de la loi du 8 novembre 1971 portant révolution agraire. Dans son article 2, relativement équivalent au premier article du décret français du 4 août 1789 mais en moins violent, elle proclame l’abolition du système rentier : « Sont abolis les droits des propriétaires agricoles qui ne participent pas effectivement à la production et ceux des exploitants qu’ils soient propriétaires ou non, qui négligent le travail de la terre … ».

En précision à l’article 2, l’article 28 stipule : « Est aboli le droit de propriété exercé sur toute terré agricole ou à vocation agricole par tout propriétaire réputé non-exploitant aux termes de la présente ordonnance … ». Et enfin l’article 30 défini le terme de non-exploitant : « … Est réputé propriétaire non-exploitant … tout propriétaire qui, dans le courant de l’année agricole en cours, a confié l’exploitation de sa terre à une ou des tierces personnes moyennant versement d’une rente ou d’une rémunération en espèces ou en nature …»

Il stipule en outre, dans l’alinéa suivant : « … pour la mise à exécution des mesures de nationalisation, il n’est tenu compte, ni du contenu de l’accord relatif à ladite rente ou rémunération, ni de la nature ou de la forme du contrat qui la matérialise ». On retrouve dans cette dernière citation, l’esprit de l’article premier du décret révolutionnaire français du 4 août 1789 qui décrète « … les droits et devoirs tant féodaux que censuels, ceux qui tiennent … à la servitude personnelle et ceux qui les représentent, sont abolis sans indemnité … »

Le cœur du projet de cette réforme porté par la révolution agraire et son enjeu fondamental était de supprimer le goulot d’étranglement imposé par le système archaïque rentier au développement agricole et à la libération des énergies productives paysanne. Toutes les autres dispositions ne portaient que sur les aspects formels d’organisation des types d’exploitation : coopérative, individuelle ou autre, qui pouvaient être révisées et réadapter à n’importe quel moment.

Pour ce qui est des débats politiques qui ont eu lieu pendant ou après cette mesure : Boumediene ou pas Boumediene, dictature ou pas dictature, socialisme ou pas socialisme, ils sont tout à fait secondaires par rapport à l’enjeu central qui était de supprimer les freins opposés à l’élévation de la productivité agricole et remettre naturellement le paysan au cœur de l’activité agricole. Cette mesure n’avait en réalité aucune couleur ni politique ni idéologique, elle relevait tout simplement du bon sens et de la gouvernance normale. 

Si la mesure de libération du féodalisme entreprise par la révolution française de 1789 il y a plus de 200 ans, a rétabli le paysan français dans sa vocation première d’agriculteur, celle que nous devions mener pour rétablir le nôtre, en le libérant du modèle archaïque de la rente foncière, a été raté. Non pas pour des raisons qui relèvent de la rationalité économique mais pour des raisons idéologique obscures se nourrissant d’un islamisme « Boukhariste » et d’une vision économique affairiste.

La descente aux enfers a commencé sous la présidence de Chadli Bendjedid, accélérée par Abdelaziz Bouteflika et le parachèvement, actuellement en cours, s’effectue sous le mandat d’Abdelmadjid Tebboune avec son soi-disant « investisseur agricole » qui rêve « d’hacienda » et de méga entreprise agricole, aujourd’hui remise en cause dans les pays les plus capitalistes au monde d’Europe et d’Amérique du Nord. Tous les pays du monde capitaliste ou pas, font des réformes agraires pour ajuster leurs structures agraires aux impératifs du développement et équilibrer la répartition du revenu national sauf l’Algérie qui fait de la contre-réforme.

Sans remettre à l’ordre du jour, une réforme agraire profonde qui remet au centre de la pensée et de l’action, le rôle du paysan dans l’acte agricole, l’élimination de la rente foncière, et la sortie du monde rurale de la misère, il n’y aura ni agriculture, ni progrès, ni soi-disant indépendance alimentaire, ni indépendance tout court. La question est d’autant plus grave et le débat plus sérieux, quand on considère notre croissance démographique, l’ampleur prise par l’exode rurale et l’immigration clandestine, le bétonnage des terres agricoles et la croissance monstrueuse des villes, le tout dans un contexte de réchauffement climatique certain, qui met en péril les ressources en eau et la résilience des écosystèmes.

Dans l’article qui suivra, sera évoqué l’historique agricole de l’Algérie indépendante et le processus qui a été initié sous Chadli Bendjedid pour la remise en cause de cette réforme agraire initiée dans les années 70, si fondamentale pour le développement de notre société en général et du monde rural en particulier, après la longue nuit coloniale.

« Cette remise en perspective historiques des changements sociaux enregistrés au cours de ce demi-siècle qui nous sépare de l’indépendance nationale, est nécessaire, car les études réalisées sur le secteur agricole au cours de ces trois ou quatre dernières décennies ignorent souvent le passé. Le fil historique a été effacé volontairement par les années de réformes libérales dans lesquelles s’est engagée l’Algérie depuis les années 1980. Peu de personnes inscrivent encore, le présent agricole en référence à ce passé historique » (Omar Bessaoud). Fin de la première partie
El-Hadi Bouabdallah,
Ingénieur agronome à la retraite

25 Commentaires

  1. Vous êtes le plus grand afferiste dans cette histoire Mr bouabdallah. Si vous êtes une personne honnête vous auriez fait quelques statistiques sur l’agriculture avant et après la révolution agraire. Non pas récité de la philosophie mal placé ou plutôt la philosophie d’un profiteur qui veut prendre ce qu’il lui appartiennent pas.
    Pour finir c’est cette mentalité qui a détruit l’agriculture en Algérie.

  2. Les trois subdivisons du rapport à la terre en Algérie sont en effet factuelles.
    Soulignons toutefois qu’aux Hauts plateaux, le premier choc des conceptions sur la priorité de la terre s’est produit au 1er siècle AD. La guerre qui a opposé Tacfarinas aux romains et accessoirement à Juba II n’était pas autre chose qu’un conflit entre les nomades berbères et les fermiers sédentaires romains ou berbères auxiliaires sur l’utilisation des terres.
    Néanmoins, si je me refaire à cet article et à mes connaissances personnelles du terrain, d’importantes particularités existent au nord. En Kabylie des montagnes, dans les vallées et les franges nords des hauts plateaux, la priorités de la terre existe. La terre n’est pas la propriété d’une personne, ni celle du village ou du aarc, mais de la «petite» famille (à savoir le patriarche, enfants et petits enfants; qui ne comprend pas les branches parallèles). Il y a également la priorité du village qui est à peu près l’équivalent de l «ager publicus» romain.Tout comme a l’époque romaine, la terre (et le domicile) en Kabylie est revêtue du sacré. Partant, elle ne se vend pas, elle ne d’hypothèque pas, elle est intimement liée au culte domestique. Le calendrier julien et berbère sont jalonnés de dates et célébrations ou la terre est omniprésente.
    Par rapport à l’Europe, en effet, nous n’avons pas connu la féodalité. Mais ce n’est pas tant grâce à l’islam qui a, bien au contraire, tout le potentiel poir créer quelque chose de comparable à la féodalité. Les sultans, rois orientaux musulmans ou pas ne sont pas des modèles de culture. citoyenne. C’est le paysan soldat berbèro-romain, réfugiés dans les montagnes où dans les oasis qui a préservé autant que faire se peut, la priorité, la liberté et la citoyenneté.
    Je ne suis pas très convaincu par l’évocation de Magon. Autant Carthage a beaucoup influencé les berbères, les comptoirs sur le littoral était importants dans ces échanges, autant les frontières sur les aspects patrimoniaux (religion, terres, cité-citoyenneté, interlarriage, …), aspects finalement intimes, étaient quasi hermétiques entre puniques et berbères. C’était d’ailleurs le cas des rapports entre tous les peuples (citoyens) méditerranéens hormis l’Égypte. L’exception est venu de Rome, au passage, qui accordé la citoyenneté à tous les hommes libres de l’empire en 212 AD. D’où, probablement, la prégnance du droit et de la religion romains chez nous.

    • Merci pour votre riche commentaire. Il démontre la complexité et l’intérêt du sujet. Pour ce qui me concerne, j’avoue l’avoir seulement effleuré. Je suis ouvert a tout débat pour que nous puissions y voir plus clair. Cordialement.

    • Merci pour votre riche commentaire. Il démontre la complexité et l’intérêt du sujet. Pour ce qui me concerne, j’avoue l’avoir seulement effleuré. Je suis ouvert a tout débat pour que nous puissions y voir plus clair. Cordialement.

    • Je cite: « L’exception est venu de Rome, au passage, qui accordé la citoyenneté à tous les hommes libres de l’empire en 212 AD. D’où, probablement, la prégnance du droit et de la religion romains chez nous. »
      Vous avez besoin d’ARRETER DE LIRE LES SALOPERIES FRANCAISES. Les textes originaux en Latin existent et sont disponibles. Vous avez une idee bizarre de ce qu’etait ROME. La Citoyennete’ Romaine est AUTOMATIQUE aux Citoyens de quelconque Monarque qui SIEGE AU SENAT localise’ a Rome(ville). L’actuelle Italie, par example, comprennait plusieurs Provinces qui n’y siegeaient pas. Rome ETAIT UNE CONFEDERATION DES Rois qui ont combattu ENSEMBLE les Phoeniciens. Une confederation ou les Gaules et Franks etaient ABSENTS c.a.d. INNEXISTANTS, tout comme les Catalans et Basques. Sur le CHAMPS DE BATAILLE etaient Presents Les differentes arme’es Romaines(pas Italiennes) c.a.d. les differents groupes, differencie’s par leurs armes et art de se battre, c.a.d. lanceurs de fleches a distance, monte’s sur chariots, lanceurs de boules de feu et cavaliers, tous de la meme ville et sous le meme commandement d’un Homme. Pour les Numides il n’y a qu’une cavalery, c.a.d. tout le monde etait sur cheval epee a la main. Voila qui a donne’ naissance a Rome. L’Union Fait la Force s’est impose’ – ce qui donna naissance a la necessite’ d’INTEGRER tous les petits royaumes limitrophes qui ont a un moment ou autre subit les Phoeniciens, c.a.d. les Grecs, les Gaules, les Catalans(Espagne) et Basques – tous absents a Zama. La projet s’est divise’ en plusieurs taches, essentiellement l’Ouest Europeen(Gaule, Catalane, Basque, Bretagnes) a conquerir par les Numides, et Est(Grece, et les franks et allemanis) par les troupes Romaines. Plutard, ils iront tous ensemble vers l’Est.
      Bref, CEUX QUI ONT ETE’ RATTACHE’s, DE FORCE AU PASSAGE, a Rome sont les Franks et Gaulois(devenus francais) et les autres jusqu’en Ecosse. Les pages francaises que vous avez lues, auraient pu vous servir aux CHIOTTES plutot qu’a la Salle a Manger. J’ai 2 Clebs(chiens) Giscard et Napo, sont d’accord avec moi. Et a l’epoque Omar, Mouh et Ali, sniffaient les Qs les uns des autres !
      Bonne anne’e.

      Refs:
      La bataille de Zama est l’affrontement final et décisif de la deuxième guerre punique survenu en 202 av. J.-C. Elle voit s’affronter, d’une part, les armées romaines dirigées par Scipion l’Africain et la cavalerie numide menée par le roi massyle Massinissa et, d’autre part, les Carthaginois commandés par Hannibal Barca. Ce dernier y subit une lourde défaite et en perd la guerre. Peu après, le Sénat carthaginois signe un traité de paix qui met fin à 18 ans de guerre.

      • Magne, tu devrais savoir quoi dire avant de commencer à claveter.
        Quand aux textes latins, je suis en effet très très loin de les lire couramment. Mais je parie que tu n’as pas le 10e de ma connaissance de cette langue.

        • Je n’en doute pas. Pourquoi ecrire des choses FAUSSES alors? Tu as herite’ des finiqiyoun comme teboune ou quoi? Ou est-ce a la MoMo-6 qui se sont cre’e une decendance et connection speciale jusqu’a Momo-0(zero) – via paraboles speciales… Bref, ce n’est pas pour detruire ton argument principal du tout – que je soutiens au passage – C’etait juste un petit detail qui risque de tomber dans une oreille fertile et finira par faire des petits…(des finiquiens !)
          T’imagines si boukharouba se reveillait pour lire tout ca? Il fumerait son cigar d’en-bas !!!
          En tout cas boonAni !

      • Quelles sont les références des textes latins auxquels tu fais allusion dans ton message, dans lequel tu n’apportes pas de contradiction à l’attribution de la citoyenneté à tous les hommes libres de l’Empire? Si les Francs et les Gaulois sont devenus Romains c’est tout simplement qu’ils ont opposés une résistance aux légions de César avant d’être vaincus sur les champs de bataille, quand les Numides ( voir l’exemple de Lucius Quietus) se comportaient en mercenaires en fournissant des cavaliers intrépides à l’armée de Rome, pour ses conquêtes, la guerre contre Carthage et la Maurétanie. Ta francophobie t’égare dans la manipulation de l’Histoire

        • Polybe, Histoire, à propos de la 1ere guerre punique, je ne peux dire quel chapitre, a rapporté la révolte de Matho (vers -236 av Jc).
          On peut lire en filigrane les rapports entre carthaginois et africains (les berbères frontaliers du territoire carthaginois). Rapport de grand mépris et de domination de la part des puniques.
          Des textes latins (avec un ´s’) il y en a pas des masses sur cette époque.
          Flaubert en a fait le sujet de son roman Salombo.
          Je le rappelle pas bien si Tite Live en a parlé dans son Histoire romaine.

          • Je cite: « Des textes latins (avec un ´s’) il y en a pas des masses sur cette époque. »
            En effet, car meme si la cite’ de Rome existait deja, Rome l’empire pas encore. Rome l’empire auquel on fait reference avec la notion de citoyennete’, est n’ee du fait des citoyens de Rome et de Numides, ou plutot l’inverse, car les Numides ont commence’ a avoir des problemes avec les phoeniciens avant les Romains – du fait de proximite’ justement.
            Cela dit etant Kabyle du fait d’etre Algerien ou l’inverse, c.a.d. on est Algeriens parce qu’on est Kabyle et AVONS DONNE’ naissance a l’Algerie?
            En resume’ les Numides comme les habitants de Romes etaient deja et d’eux emergea Rome. Ce qui n’est pas le cas des autres peuples cite’s comme les Gaulois, les Franks Syciliens, et autres regions d’Italie.
            Ce qui est aussi different de la Nationalite’ Francaise conferre’e aux Numides, devenus Algeriens, par la France Imperiale, sans meme que ces derniers ne l’ai demande’. C.a.d. que fransa s’est approprie’ cette autorite’. Ce n’est pas le cas de nos ailleux a la naissance de Rome. Ce n’est plus important, mais ca illustre le revisionisme francais et d’autres encore… Les dindes dans cette histoires sont les Francais qui insistent sur une affilliation Romaine imaginaire alors que l’histoire le dit clairement, qu’ils n’en sont qu’une ANNEXATION, dont l’acteur principal est Jugurta. C’est un peu le meme genre de reclame que font les boumedienistes Algeriens pour se fabriquer une affiliation avec une population des plus puritanistes/racistes au monde, les Arabes et leurs cousins ou quelque chose comme ca Hebreux. Pour vous dire, si jamais Macron chillait dans son froc teboune fera tout pour apparaitre pareil ! Ainsi vont les hbibouettes !

      • Ta francophobie manifeste, mon cher ami t’éloigne du sujet et donne l’impression que tu n’as pas compris ce qui est écrit dans le texte. On parle de l’influence culturelle romaine sur le droit des sociétés qui ont succédé ou survécu à cette empire. On ne parle ni de guerre ni de bataille.
        Bien cordialement

    • Quelles, svp, sont vos sources bibliographiques attestant d’une étanchéité entre les pratiques patrimoniales, domestiques, intimes des Carthaginois et des peuples berbères de cette époque? Ça m’intéresse et je suis néophyte en la matière

      • Je ne suis pas certain que la séparation culturelle entre berbère et punique ait été aussi hermétique que vous le dites. J’argumente mon point de vue par l’existence de ce fameux coffre kabyle qui meublait les maisons Kabyles anciennement et où selon les régions en Kabylie il est désigné par l’expression « assendouk » ou « afnik ». Je pense que c’est surtout dans la région de Béjaïa qu’il est appelé « afnik ». Selon plusieurs auteurs ce meuble est d’origine phénicienne et même certains auteurs Kabyles actuels comme Rachid Oulbisir le soutient. Personnellement j’adhère à cette thèse en particulier en considérant simplement le mot « afnik ». Je ne suis pas linguiste, mai l’étymologie de ce mot semble étrangement le rapprocher du mot « punique ». Afnik=punique=phénicien.

      • Polybe, Histoire, à propos de la 1ere guerre punique, je ne peux dire quel chapitre, a rapporté la révolte de Matho (vers -236 av Jc).
        On peut lire en filigrane les rapports entre carthaginois et africains (les berbères frontaliers du territoire carthaginois). Rapport de grand mépris et de domination de la part des puniques.
        Des textes latins (avec un ´s’) il y en a pas des masses sur cette époque.
        Flaubert en a fait le sujet de son roman Salombo.
        Je le rappelle pas bien si Tite Live en a parlé dans son Histoire romaine.
        Désolé, j ai posté ce commentaire tout en haut sur le mauvais fil

  3. La réforme agraire dans son volet ‘abolition de la féodalité (là où elle existe) est justifié moralement et relève du bon sens politiquement.
    Néanmoins rien ne prouve que cela apporte une quelconque efficacité du point de vue de la productivité. Figurez-vous qu’un pays qui a exporté des céréales depuis Massinissa – les états grecs étaient des clients – est devenu un pays importateur de céréales depuis la révolution agraire.
    Donner la terre aux paysans, vents parfaits; mais faut-il les former, former ceux qui étaient déjà paysan, les doter des méthodes, matériel et produits modernes et du suivi nécessaires. Rien de tout cela, ce qu’on a, c’est une «révolution» agraire qui subventionne les céréales importées et crée un désastre économique, social, urbanistique et culturel

    • Ce que vous dites est capital et pointe un aspect de la réalité économique du pays qui risque irrémédiablement d’hypothéquer son avenir. Les élites, biberonnées à la rente pétrolière et gazière gratuite, sont obsédés par le profit à court terme et envisagent la réforme de la propriété foncière agricole comme la « découverte »de gisements de ressources de substitution au déclin prévisible des hydrocarbures.

  4. Je ne suis pas certain que la séparation culturelle entre berbère et punique ait été aussi hermétique que vous le dites. J’argumente mon point de vue par l’existence de ce fameux coffre kabyle qui meublait les maisons Kabyles anciennement et où selon les régions en Kabylie il est désigné par l’expression « assendouk » ou « afnik ». Je pense que c’est surtout dans la région de Béjaïa qu’il est appelé « afnik ». Selon plusieurs auteurs ce meuble est d’origine phénicienne et même certains auteurs Kabyles actuels comme Rachid Oulbisir le soutient. Personnellement j’adhère à cette thèse en particulier en considérant simplement le mot « afnik ». Je ne suis pas linguiste, mai l’étymologie de ce mot semble étrangement le rapprocher du mot « punique ». Afnik=punique=phénicien.

    • En fait j’ai dit que les puniques nous ont beaucoup influencé, mais pas, enfin pas tellement, sur des registres qui touchent à la religion et à l’organisation, choses qu’on identifient plus facilement chez les romains (même si ça ne plait pas tellement à notre ami Magnus).
      Vous faites bien de rappeler ´afniq’ qui est probablement un élément (et un mot) punique. Et il n’y a pas que ça. Des mots puniques existent dans la ruralité notamment la botanique avec tous les noms se terminant par ‘im’ (aghanim, idhmim, alim).
      Ce sont d’ailleurs, avec plein de mots dérivant du latin, des preuves irréfutables de l’ancienneté de la langue kabyle et berbère.

      • Nul ne peut nier l’influence des puniques sur la culture des peuples berbères à l’époque des royaumes numides, c’est normal Carthage était une puissance politique, militaire, coloniale, voire une civilisation mais je doute que l’on puisse trouver des sources de l’époque – Polybe, Tite Live, n’ont écrits que l’Histoire des conquêtes de Rome à la gloire de Rome, des récits du vainqueur avec une part marginal aux vaincus et aux dominés – qui puissent permettre de décrire, en détail, la réalité des relations entre une puissance dominante et des peuples considérés comme subalternes et qui vivaient à la périphérie des villes. Massinissa usait du punique pour sa communication officielle, c’est tout dire.

      • Non, pas du tout. Il y a une certaine integrite’ a preserver le nom original d’un outil ou produit importe’. De la a s’inventer des arrive’es de populations etc. c’est pousser le bouchon ! Ces echanges qui se sont produits chez-nous ont d’abord ete ete’ integre’s dans le Latin ainsi que les productions survenues de leurs exploitations – c.a.d. un contenu concentre’ – que nous avons perdu a la perte de l’Etat-Nation cre’e par Massinissa et ceux d’avant lui. Il s’agit de 7 siecles au moins ! La Notion d’argent-meme y a ete’ invente’, sous sa forme primaire de « I Ow Yous » c.a.d. « Je vous dois » – qui documentaient les commandes de part et d’autre.
        La malhonnetete’ et arrogance, MARQUEUR MORAL des gens de l’Est est ce qui a provoque’ une fin permanante entre ce monde-la et le monde occidental. Les khawatiyoun, habibiyoun et je ne sais quelle race de leur mere… que seuls les Israeliens savent traiter avec precision !

  5. Il ne faut pas oublier que l’historiographie « officielle » date la fondation de Carthage avant celle de Rome. 800 av JC pour Carthage et 700 pour Rome. Carthage a régné sur la Méditerranée près de 500 ans avant l’apparition de Rome dans le décor méditerranéen. Il y a un documentaire interressant sur la question produit par ARTÉ.
    https://youtu.be/osTRKqb9LfM?si=o5mGLc-Uu09ywuM7

    • Sans citer les illustres personnages berbères qui ont excellé dans tous les domaines, religion, littératures, politique à l’époque impériale, il y’a encore plus significatif de l’intégration totale des berbères (en tous cas les berbères du nord) et des romains. L’exemple nous est donné par ces royaumes de maures et de romains vers la fin de l’époque impériale mais aussi après la chute de Rome. Ainsi une inscription latine du 6e siècle parle d’un roi du nom de Masuna (nom à consonance bien berbère) décrit comme un ´rex gentium maurorum et romanorum’ (roi des maures et des romains).
      Ceci pour dire que l’influence punique n’a rien à voir en termes d’ampleur avec l’influence romaine. La première, se mesure en termes d’emprunts, très importants, c’est sûr. Mais la nature même de Carthage en tant que cité, méditerranéenne, empêche l’accession d’un étranger d’accéder à la citoyenneté (comme en Grèce ou dans la Rome républicaine). C’est là la limite de l’influence des puniques. C’est le sens du mot hermétique que j’ai utilisé.
      L’influence romaine, elle, va beaucoup plus loin et se mesure en termes d’intégration. Elle touche même des aspects intime comme la religion des ancêtres qui est pourtant la seule chose qui ne se partage pas. Et ce n’est pas pour rien que notre matériel agricole, nos cultures, nos méthodes paysannes sont presque identique à celle de l’époque romaine. Sans parler du vocabulaire botanique, calendrier, oiseaux, fruits, etc. sont les mêmes qu’en latin.

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