24 avril 2024
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Football : l’incroyable feuilleton de la CAN au Cameroun

CAN 2022

Cette Coupe d’Afrique des nations (CAN) au Cameroun devait avoir lieu début 2019 avec 16 équipes. Elle se disputera finalement avec 24 pays du 9 janvier au 6 février 2022. Depuis son attribution en 2014, cette CAN camerounaise aura subi quatre changements de date, dont un report, et un incroyable nombre d’embûches. Retour sur un véritable roman-feuilleton.

Le 20 septembre 2014, la Confédération africaine de football (CAF) annonce fièrement que les Coupes d’Afrique des nations (CAN) 2019, 2021 et 2023seront respectivement organisées par le Cameroun, la Côte d’Ivoire et la Guinée.

Le président de la CAF, le Camerounais Issa Hayatou, est évidemment heureux que la compétition ait été attribuée à son pays, pour la première fois depuis 1972. Celui qui dirige depuis 1988 l’instance basée au Caire songe alors à un huitième mandat. Cela lui permettrait de fêter la CAN 2019 au Cameroun, en tant que patron du foot africain.

La défaite d’Issa Hayatou rebat les cartes

En mars 2017, l’omnipotent Hayatou est pourtant battu à la surprise générale par le Malgache Ahmad, pour la présidence de la CAF. Ce dernier a la réputation d’être soutenu par la Fédération internationale de football (FIFA). Il a surtout plein d’idées de réformes pour le ballon rond continental.

En juillet 2017, il convoque un grand symposium au Maroc. A l’issue de tables rondes, la CAF décide notamment que la CAN se disputera avec 24 équipes (contre 16 depuis la CAN 1996) et que le tournoi aura lieu de préférence en juin-juillet. Les Camerounais sont priés de dire s’ils acceptent ce changement dans le cahier des charges de la compétition. Les autorités camerounaises acceptent le challenge.

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Retards et critiques

Problème : le pays des Lions Indomptables a déjà accumulé du retard dans ses préparatifs pour la CAN 2019, sur les différents sites déjà choisis (Bafoussam, Douala, Garoua et Yaoundé). Ahmad, d’ailleurs, n’hésite pas à le signaler avec virulence. Le 5 août 2017, à moins de deux ans de la phase finale, le nouveau patron du foot africain lâche lors d’une conférence de presse au Burkina Faso : « Le Cameroun n’est pas prêt, même à (accueillir une CAN à) quatre équipes. »

Une déclaration qui suscite un tollé sur place. Quelques jours plus tard, le chef de l’Etat Paul Biya rétorque, au cours d’une allocution : « Le Cameroun sera prêt le jour dit, j’en prends l’engagement. » Les faits vont toutefois lui donner tort.

La CAN 2019 retirée au Cameroun

Durant un an, les visites d’inspection commanditées par la CAF se multiplient. Elles ne vont pas du tout dans le sens de Paul Biya. Le 30 novembre 2018 à Accra, à l’issue d’une réunion tendue, le Comité exécutif de la CAF retire l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun. Une édition qui sera ensuite réattribuée à l’Egypte. Le camouflet est terrible.

En coulisses, toutefois, dirigeants camerounais et du foot africain discutent de la… CAN 2021. Encore faut-il que les Ivoiriens acceptent d’organiser la CAN 2023 et les Guinéens celle de 2025. Fin janvier 2019, la Côte d’Ivoire consent néanmoins, à contrecœur, à céder sa Coupe d’Afrique au Cameroun. La stratégie de « glissements » des pays hôtes de la CAF a fonctionné. Le Cameroun doit désormais être le théâtre d’une phase finale en juin-juillet 2021.

En signe de confiance, la CAF confie l’organisation du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) 2020 au Cameroun, l’Ethiopie n’étant pas prête à l’accueillir. Le CHAN 2020, compétition moins médiatisée et à 16 équipes, doit permettre aux Camerounais de se rôder. Mais…

Controverses sur la météo

En janvier 2020, surprise : le Cameroun demande à la CAF que la CAN 2021 soit avancée de juin-juillet à janvier-février. Camerounais et dirigeants du football font mine de découvrir que c’est la saison des pluies dans la région, et qu’il est quasi-impossible d’y disputer un grand tournoi en juin-juillet. Surtout, la FIFA ambitionne alors d’organiser une Coupe du monde des clubs XXL, à cette période.

Le Cameroun a donc six mois de moins pour être prêt. Mais à en croire Ahmad, ce n’est pas un problème. Le report du CHAN 2020 en avril a pourtant plutôt tendance à prouver le contraire, une nouvelle fois…

Le Covid-19 s’abat sur la planète

De CHAN en avril 2020, il n’y aura de toutes les façons point. Fin 2019, un nouveau virus a fait son apparition en Chine : le Sars-Cov-2. L’épidémie devient pandémie mondiale le 11 mars 2020, annonce l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le CHAN est reporté sine die, comme la plupart des événements sportifs. Il aura finalement lieu du 16 janvier au 7 février 2021.

Surtout, le 30 juin 2020, décision est prise de reporter la CAN au Cameroun à début 2022. « La santé est la priorité absolue, lance Ahmad. Le pic de la pandémie n’est pas atteint ».

Nouvelles critiques de la CAF

Le Malgache ne le sait pas encore, mais son mandat va s’achever dans la confusion. Le 23 novembre 2020, la FIFA annonce sa suspension pour cinq ans, suite à plusieurs manquements à l’éthique. Une sanction finalement ramenée à deux ans par le Tribunal arbitral du sport (TAS) le 8 mars 2021. Quelques jours plus tard, le milliardaire sud-africain Patrice Motsepe, soutenu par la FIFA, lui succède à la présidence de la CAF.

Durant les mois qui suivent règne un flottement au sein de la Confédération africaine de football. Très pris par ses affaires, Motsepe est peu présent. Quant au Suisso-Congolais Véron Mosengo-Omba, nommé Secrétaire général de l’instance, il découvre une administration en pleine refonte. Pendant ce temps, les chantiers de la CAN 2021 ne progressent pas au rythme attendu.

Dans un courrier daté du 17 novembre 2021, Mosengo-Omba s’en agace auprès des autorités camerounaises et menace notamment de faire délocaliser le match d’ouverture si des progrès significatifs ne sont pas vite enregistrés.

Rumeurs et menaces

Il n’en faut pas plus pour relancer les rumeurs de report, de délocalisation au Qatar, voire d’annulation pure et simple du tournoi. De leur côté, les clubs européens, qui emploient les meilleurs joueurs africains, menacent de ne pas les laisser aller au Cameroun, à cause du contexte sanitaire notamment. Une attitude agressive à l’égard de la CAN rarement vue de la part du foot européen.

Le 15 décembre 2021, la CAF publie un nouveau communiqué pour tenter d’enrayer la machine à spéculer. « Nous ne pouvons pas nous reposer, lance Véron Mosengo-Omba. Nous devons travailler 24 heures sur 24. Je ne me repose pas, le Comité d’organisation ne peut pas se reposer. La CAF ne peut pas se reposer. Tout le monde doit joindre ses efforts. Nous voulons voir une grande CAN ici au Cameroun en janvier de l’année prochaine ». Après sept années et des centaines de millions d’euros dépensés, le pays des Lions indomptables touche au but. Cinquante ans après la CAN 1972 à domicile… RFI

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