Le président français Emmanuel Macron a ordonné, mardi, la suspension immédiate de l’accord de 2013 qui permettait aux titulaires de passeports diplomatiques et de service algériens d’entrer en France sans visa.
La mesure, qualifiée de « nécessaire » par l’Élysée, intervient sur fond de tensions accrues entre Paris et Alger, notamment autour de la détention en Algérie de deux ressortissants français — l’écrivain Boualem Sansal et le journaliste Christophe Gleizes— ainsi que du refus d’Alger de délivrer des laissez-passer consulaires pour plusieurs ressortissants algériens sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
« Les autorités algériennes ont choisi d’ignorer nos demandes. Il n’y a plus d’autre choix que d’adopter une ligne plus ferme », a déclaré Emmanuel Macron, en appelant à « un changement d’attitude de la part d’Alger ».
Selon les autorités françaises, plus d’une soixantaine de ressortissants algériens visés par des mesures d’éloignement n’ont pas pu être expulsés en raison de l’absence de coopération consulaire.
L’accord suspendu permettait aux diplomates, ministres, hauts fonctionnaires et porteurs de passeports de service algériens de se rendre en France sans visa pour des séjours de courte durée. Désormais, ces catégories devront formuler une demande de visa préalable, comme tout citoyen voyageur. Ce durcissement de ton sonne comme une caution à Bruno Retailleau en guerre avec l’Algérie depuis son arrivée au ministère de l’Intérieur. Curieusement aucun fait public ne justifie cette brusque impatience d’Emmanuel Macron.
Aucune réaction officielle n’avait été émise du côté algérien au moment de la publication de cette dépêche. Des sources diplomatiques à Alger évoquent toutefois des concertations en cours et n’excluent pas une réponse de principe dans les prochaines heures.
Mourad Benyahia