Les députés votent, ce mardi 9 décembre dans l’après-midi, sur l’ensemble du projet de loi de finances de la Sécurité sociale. Ce scrutin s’annonce extrêmement incertain. L’avenir du Premier ministre Sébastien Lecornu en dépend. À quelques heures du verdict, l’inquiétude règne dans les rangs du gouvernement.
Sébastien Lecornu et son gouvernement retiennent leur souffle. Cette journée de mardi sera sans doute l’une de plus longue. Et plus périlleuse depuis l’installation de cette invraisemblable équipe gouvernementale.
Une ministre n’en mène pas large quand elle évoque le vote solennel sur le budget de la Sécurité sociale, rapporte la cheffe du service politique de RFI. Selon elle, « ça va être difficile ». Elle a beau essayer de faire les calculs dans tous les sens, il y a peu d’hypothèses qui aboutissent à une adoption du texte.
Ces derniers jours, les téléphones des ministres ont chauffé pour essayer de sonder les députés du bloc central, censés en théorie apporter leur soutien à Sébastien Lecornu. Mais dans la pratique, le compte n’y est pas. Horizons, le parti d’Édouard Philippe, a pris ses distances. Le texte ne convient pas au maire du Havre. La même ministre craint « un effet en cascade » sur le vote des députés du parti Les Républicains ainsi que des écologistes, qui ne veulent pas plus apparaître en soutien du gouvernement que le parti de l’ancien Premier ministre.
Tous les clignotants sont donc au rouge et le suspense est à son maximum, car la plupart des groupes ont décidé de prendre leur décision collective juste avant le scrutin. Un ex-ministre centriste essaie de se rassurer car, dit-il, « personne ne veut voter le texte mais personne ne veut [qu’il n’y ait] pas de budget ». Comme pour garder espoir qu’à la fin, ça passe.
Réduire le déficit, un objectif difficile à atteindre
La semaine dernière, le texte est revenu à l’Assemblée nationale en deuxième lecture, et de nombreux amendements ont été modifiés, supprimés ou rétablis. Mais où en est l’objectif de réduction du déficit ? Après un dérapage préoccupant de 23 milliards d’euros en 2025 – un record hors période de crise –, le gouvernement espérait redresser la barre en 2026. Reste qu’au gré des discussions parlementaires, cet objectif s’éloigne.
Le texte n’est pas définitif, mais il y a déjà une certitude : le déficit en 2026 devrait dépasser les 22 milliards d’euros, loin des 17,5 milliards prévus par le projet initial du gouvernement. La faute à certaines concessions coûteuses pour tenter de trouver des compromis. Le gouvernement a par exemple dû abandonner son projet de doublement des franchises médicales, et donc renoncer à quelque 2 milliards d’euros.
La main tendue à la droite vendredi 5 décembre pour faire adopter le volet recettes a aussi coûté cher. L’un des impôts prélevés sur le capital va bien augmenter, mais pas pour tous les placements. Le prix de cet arrangement est de 1,3 milliard d’euros.
Côté dépenses, les députés se sont opposés au gel des prestations sociales et des retraites en 2026. Un coup dur pour le budget, selon la ministre des Comptes publics, qui a alors annoncé un déficit prévisionnel à 22,5 milliards d’euros.
Et ce n’est pas terminé. Ce mardi 9 décembre, les députés doivent encore débattre d’un point crucial : l’objectif des dépenses de l’Assurance maladie. Le gouvernement a déposé lundi soir un amendement pour faire passer cet objectif à 3%, près du double de ce qui était prévu dans la copie initiale.
Avec RFI

