La Cour des comptes a révélé, dans un rapport publié, lundi 26 mai, que la fraude aux pensions de retraite françaises en Algérie, notamment par la non-déclaration de décès, pourrait représenter entre 40 et 80 millions d’euros. Ces montants sont à mettre en perspective avec les 1,1 milliard d’euros versés chaque année dans ce pays au titre des pensions de retraite.
Au Maroc, autre pays régulièrement mentionné dans les signalements de fraude, le préjudice serait estimé à 12 millions d’euros, sur un total de 400 millions d’euros de pensions versées, indique également le rapport 2025 sur l’application du budget de la Sécurité sociale.
L’Algérie, premier pays bénéficiaire hors de France
Selon la Cour, l’Algérie est le principal pays bénéficiaire de pensions de retraite du régime général versées à l’étranger. Elle est suivie du Portugal (800 millions d’euros), de l’Espagne (500 millions d’euros) et du Maroc (entre 300 et 400 millions d’euros, en incluant les retraites complémentaires).
Depuis le dernier audit réalisé en 2017, des avancées significatives ont été réalisées, notamment dans les pays européens, grâce à la généralisation des échanges de données numériques entre les régimes de retraite français et locaux, note la Cour des comptes.
Renforcement des contrôles hors Europe
En dehors de l’Europe, les autorités françaises prévoient de renforcer les contrôles physiques à partir de 2025. Ces opérations seront confiées à des partenaires locaux, qui devront être étroitement supervisés, insiste le rapport.
Par ailleurs, depuis 2022, des contrôles documentaires ont été intensifiés dans plusieurs pays comme la Turquie, l’Algérie, le Maroc et, prochainement, la Tunisie. Ces actions, menées par des agents spécialisés dans la détection de fraudes, ont permis de repérer entre 2 et 5 % de décès non déclarés dans les échantillons analysés.
Le cas des centenaires à l’étranger
La Cour des comptes s’est également penchée sur une polémique récurrente : celle du nombre supposé excessif de centenaires parmi les retraités vivant à l’étranger, souvent avancée pour illustrer l’ampleur des fraudes.
En réalité, le taux de centenaires chez les bénéficiaires de retraites françaises à l’étranger est légèrement supérieur à celui observé en France : 0,23 % (soit 2 445 personnes) contre 0,19 % pour les pensionnés résidant en France. La Cour met ainsi en garde contre les extrapolations abusives sur ce sujet.
Rabah Aït Abache