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Gabès : la colère citoyenne face à un demi-siècle de pollution industrielle

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Gabès, ville industrielle du sud-est tunisien, est devenue le symbole d’une lutte séculaire contre la pollution. Mercredi 15 octobre 2025, des milliers d’habitants ont défilé de la place des Martyrs jusqu’au littoral de Chott Essalem pour dénoncer les émissions toxiques du complexe chimique local et exiger la fermeture des unités les plus nocives. « Le peuple veut le démantèlement des unités », scandaient les manifestants, exprimant un ras-le-bol accumulé depuis plus de cinquante ans.

Les incidents récents ont ravivé cette colère. Entre septembre et octobre 2025, des cas d’asphyxie collective ont touché élèves et habitants, affectant plus de 130 personnes le 14 octobre. Ces épisodes, récurrents et graves, mettent en lumière l’inertie des autorités et l’urgence sanitaire qui menace la population. Selon Khair Eddine Dbia, porte-parole du collectif Arrêtez la Pollution, la mobilisation ne vise pas seulement à dénoncer la pollution, mais à revendiquer un droit fondamental : celui de respirer un air sain.

La mobilisation est inédite par sa diversité sociale. Habitants, agriculteurs, pêcheurs et même certains employés du complexe chimique se sont unis, illustrant une solidarité rare face à un problème qui affecte tous les secteurs. À Tunis, une marche de soutien s’est tenue devant le théâtre municipal, mettant en évidence l’importance nationale de cette contestation et l’échec des politiques environnementales locales à protéger la santé publique.

Les autorités tentent de calmer la situation via une commission mixte réunissant ministères, parlementaires et représentants locaux. Pourtant, Arrêtez la Pollution a choisi de boycotter ces réunions, dénonçant leur inefficacité, puisque les unités polluantes continuent de fonctionner malgré les décisions prévues depuis 2017. Cette inaction renforce le sentiment d’impunité et la défiance envers l’État.

Gabès devient ainsi le théâtre d’un combat qui dépasse la dimension environnementale. Il s’agit d’un mouvement social et politique où les citoyens exigent justice, santé et dignité. Le « jour de colère régional » prévu le 16 octobre 2025, organisé par l’Union régionale du travail et la Ligue tunisienne des droits de l’homme, constituera un test pour mesurer la capacité du gouvernement à répondre à une mobilisation populaire sans précédent.

En somme, la lutte de Gabès illustre la convergence entre droits civiques, défense de l’environnement et responsabilité politique. Elle envoie un message clair : la population tunisienne est prête à transformer la colère en action collective pour obtenir des réponses concrètes face aux décennies de négligence industrielle et aux menaces sanitaires persistantes.

Mourad Benyahia 

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