Tâchons de nous éclairer plus en ces moments de fortes mobilisations. Déterrons quelques vérités précieuses des ruines des années passées sous le joug de l’autoritarisme au mépris inégalé. Le régime depuis qu’il est régime n’est pas venu pour réussir quelconque démocratisation.  

Pis, il a embusqué tous nos chemins de l’avenir et du devenir par les pièges de l’échec. Lui-même ne croyant pas en la liberté, il n’a jamais fait de la démocratie une praxis quotidienne. Vif ou mort, lucide ou inconscient , il a été toujours un convalescent immoral qui nous « dirige » par la force, un cas aigu de psychose au mentisme sans fin.

Préférant la politique de la carotte et du bâton, il a pu figée la société dans une expectative frôlant la folie, dans une pseudo fonction tutélaire. Au fait, il est dans sa logique autoritaire et mensongère où la ruse et la mauvaise foi en étaient des maîtres à bord. C’est vrai qu’il est parvenu à mentir et à berner, mais la vérité tel un tsunami a fini par le rattraper.

Maintenant après plus d’un mois de mobilisation, gageons de ne pas faire de notre dynamique un conte absurde, mais racontons-la un roman de liberté où le héros, le vrai peuple et non pas la plèbe soumise à une cour de larbins courtisans, retrouve la voie royale vers la patrie. Maintenant encore que la rue a restitué la voix à la citoyenneté scandant haut et fort   les poèmes du changement, maintenons le cap sur ce besoin vital, cette envie longtemps étouffée en étant réalistes car nous n’avons jamais dit que nous désirions aller vers l’impossible.

Nous sommes bien dans le boulevard du possible illuminé par les torches de l’envie du vivre ensemble. Oui vivre dans l’harmonie de la liberté est très possible. Oui encore une autre fois,  vivre ensemble sous le ciel d’un pays émancipé par la volonté des siens loin de la gouvernance de la charlatanerie accablante qui a déshonoré notre Histoire récente et millénaire, ne peut demeurer un songe irréalisable.

Rassemblons-nous en un corps de peuple et partons à la construction d’une nation puissante, aguerrie et savante en prenant le temps prodigieux qu’il faut, car auparavant le temps a cruellement  fait défaut. Dans une précipitation rusée et inexpliquée à la fois, le régime usurpateur a empêché l’Algérie algérienne de se bâtir normalement après plusieurs longues nuits coloniales. Prônant l’exclusion, adoptant la pensée unique et imposant une vision inique, le système en place suite à un putsch contre la révolution, a freiné l’élan révolutionnaire ainsi que la velléité de poser les premiers fondements de l’Algérie dans sa totale algérianité. Toute honte bue, le rêve encore en gestation fut avorté dans une salle de cinéma attentant gravement ainsi au septième art. Avec pareils actes, le régime honni a dépouillé tout l’édifice institutionnel et il est temps de déparier ce maudit régime de l’État tout en restituant ce dernier à la nation.

Retenons la leçons et partons tous ensemble pour concrétiser ce rêve inachevé longtemps caressé par nos aînés. À la ferveur de cette révolte inespérée, soyons dignes de l’héritage de nos martyrs pour leur permettre de reposer en paix pour l’éternité. Eux qui s’étaient sacrifiés en irriguant de leur sang précieux cette terre paisible, aimable et attachante pour l’idéale de la liberté, savaient à partir de leur demeure céleste tout le mal qui a été fait contre leur patrie vénérée. Tâchons de ne pas tomber dans les pièges de l’exclusion et de la division tout en valorisant la richesse de diversité et l’avantage de la différence. La démocratie est une ambiance sociale comme disait Harbi. Alors bâtissons-la dans une atmosphère festive comme nous le faisions lors de nos marches déferlantes.

Oui la dynamique est là. Osons donc la transformer en projet de société où tout un chacun trouvera ses repères. Où chacun est reconnait à sa juste valeur. Sous des règles justes et rassembleuses, tout citoyen compte pour contribuer à l’édifice national. Et ce n’est guère la restriction de l’unicité ni encore la velléité d’imposer un cadre préétabli ni une quelconque doxa, qui rassemblent mais bien c’est autour de la liberté que toutes les franges de la société peuvent s’unir. Et nous  sommes condamnés à composer avec nos différences dans une déférence absolue.

Cessons de mélanger entre le temporel et l’intemporel et occupons-nous à redresser notre existence séculière mise en difficultés par qui nous savons, voilant notre horizon des idéologies de trop. Gardons-nous de mêler le douteux au certain, le chimérique avec le vrai. Encore, arrêtons de nous accrocher à des constantes figées, trinité source de zizanie et de bigoterie atroces.

Soyons ouverts sur l’universalité et regardons autour de nous ce beau monde qui évolue à grande vitesse.  Soyons sereins et cessons de gober des couleuvres distillées par le régime honni pour abrutir plus notre intelligence et retournons-lui dans sa face arrogante la fatalité de la providence qu’il nous impose toujours. Disons-le lui avec colère et dans sa figure de la honte que le regime est toujours la mouche dans le lait, l’épine entre la chair et l’angle et le bâton dans les roues. Et non seulement que ce sont nous qui sommes la providence et lui n’est rien devant notre volonté de surpasser son sombre héritage, mais en dehors de lui, tout est possible.

Pour ce faire gageons de réussir là où il a échoué depuis bientôt six décennies. Retroussons alors nos manches et passons au travail, car seul le fruit de nos efforts fera notre future et véritable identité dans notre vraie république.

Zoubir Zerarga est écrivain et poète.